Malgré Tout
150 pages -
22,50 €
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Thème
Ana et Zéno s’aiment depuis le premier instant où leurs regards se sont croisés, il y a bien des années, mais cet amour s’écrit comme un récit d’occasions manquées successives. Tout avait pourtant bien commencé. Un coup de foudre entre deux jeunes personnes, puis une nuit d’amour. Mais, voilà, cette nuit restera la seule nuit d’amour de toute leur vie, ou presque. Chacun va être happé par son destin. Ana comme maire d’une petite ville de province. Zéno comme scientifique un brin farfelu qui passe sa vie entre des bateaux d’expéditions polaires et la librairie que lui ont léguée ses parents.
Cette histoire d’amour s’étale sur 37 ans, que l’auteur va découper en 20 chapitres, comme autant de tranches de vie. Somme toute, une histoire simple, presque banale, si Jordi Lafebre ne l’avait pas traitée de façon incroyablement originale.
Points forts
Cette originalité tient dans la conduite du récit et c’est le plus grand point fort de cette BD.
L’histoire démarre au chapitre 20, le dernier, et se termine au chapitre 1, le premier. Vous me suivez ? Elle est égrainée comme un compte à rebours, ou plutôt, comme un « conte » à rebours. Ainsi, elle démarre au moment où Ana et Zéno sont devenus deux « vieilles » personnes (cet adjectif ne leur va vraiment pas) qui se promènent ensemble et qui vont s’embrasser pour la première fois depuis 37 ans. Chaque chapitre qui suivra va remonter le temps de ces 37 années jusqu’à leur toute première rencontre. La construction du scénario est très habile et virtuose, car malgré ce procédé peu orthodoxe de narration, le lecteur n’est jamais perdu et, au contraire, voit le récit s’éclairer par les révélations successives.
Le graphisme soutient parfaitement cette histoire d’amour, avec beaucoup de légèreté et de poésie dans le trait de Jordi Lafebre. On est sous le charme de ces deux personnages, et des autres protagonistes de ce récit, en particulier Giuseppe, le mari d’Ana.
Quelques réserves
Un point faible, éventuellement, qui pourrait rebuter certains lecteurs, tient dans le processus de narration que j’ai tenté de décrire ci-dessus. En effet, on peut se retrouver un peu perdu dans ce fil narratif inversé et en concevoir une certaine frustration.
L’autre point faible potentiel est que, si on dépouille ce récit de son originalité narrative, on retrouve une histoire un peu banale, déjà entendue mille fois.
Encore un mot...
CHARME ET TEMPORALITE
Vous l’aurez compris, cette BD vaut le détour, d’abord, pour sa narration originale. Et il ne faut pas s’y tromper, cette apparente simplicité de la trame du récit a dû représenter un défi incroyable à élaborer pour son auteur. En la relisant plusieurs fois, vous découvrirez comment certains éléments de l’histoire se nourrissent d’autres éléments, disséminés dans les pages qui suivent. Les péripéties de la construction d’un pont, en particulier, valent le détour.
Le titre de cette BD résonne aussi des bruits de notre époque : l’héroïne, Ana, est une femme forte, qui ne s’en laisse compter par personne, ni dans son travail, ni dans sa vie privée. Malgré ses doutes, malgré ses fragilités, malgré sa fille, bref, MALGRE TOUT, Ana va arriver à mener la vie qu’elle s’était rêvée, et l’apothéose sentimentale qu’elle va enfin connaître est aussi le fruit d’une obstination sans faille. On aime Ana, et on aime ce qu’elle représente. Merci à Jordi Lafebre de l’avoir imaginée.
Une illustration
L'auteur
(d’après le site BDGest)
Né à Barcelone en 1979, Jordi Lafebre étudie la bande dessinée à l'école Joso de Barcelone et les beaux-arts à l'université de Barcelone. En 2001, il fait ses premières armes dans l'illustration et la bande dessinée. Il entame une série de collaborations dans différents magazines espagnols, notamment le magazine jeunesse Mister K, dans lequel il publie El mundo de Judy (Le Monde de Judy) aux côtés du scénariste Toni Font. Lafebre rencontre alors Zidrou, et ils décident de travailler ensemble. Après avoir contribué plusieurs fois au magazine SPIROU, Lafebre participe à l'album collectif La vieille dame qui n'avait jamais joué au tennis et autres nouvelles qui font du bien, scénarisé par Zidrou et paru aux éditions Dupuis. Lafebre et Zidrou commencent ensuite à travailler sur l'album Lydie. Lafebre allie son métier de dessinateur avec celui d'enseignant, qu'il adore, dans l'école où il a étudié.
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