Les Vieux Fourneaux - T5 Bons pour l’Asile
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Thème
Voici donc la nouvelle fournée des Vieux Fourneaux. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore cette série, elle raconte l’histoire de trois papys atypiques ; Pierrot, l’anarchiste militant ; Antoine, le veuf acariâtre à la vie de famille agitée ; et Emile, l’ancien rugbyman à la santé fragile.
Le titre de l’album donne le ton, et même le double ton, en jouant sur le sens du mot « asile ». L’asile, nos trois papys n’en sont jamais très loin, mais ils sont aussi bons pour le droit d’asile, car il est beaucoup question dans cette histoire de l’accueil des migrants.
Dans ce tome, la nouveauté est le choix des auteurs d’entrelacer cinq histoires séparées : celle d’Antoine et de son fils, qui se retrouvent après de longues années ; celle de Sophie, la petite-fille d’Antoine, qui va rencontrer les grand-parents de sa fille ; celle de Pierrot et d’une de ses anciennes élèves devenue policière (la honte pour l’anar !) ; celle d’Emile face à ses paradis perdus ; et celle, excellente, d’un fond d’investissement caritatif porté par la savoureuse Fanfan, mamie qui déménage. Ce procédé narratif aurait pu nuire à la clarté de l’album, mais la maîtrise du scénario de Lupano, non seulement évite cet écueil, mais en plus en fait une source de dynamisme.
Points forts
Dès le premier album, nos Vieux Fourneaux ont rencontré un véritable succès populaire, qui ne s’est pas démenti tout au long des 4 premiers tomes. Il s’est même amplifié avec à la sortie du film adapté de la BD, avec Pierre Richard, Eddy Mitchell et Roland Giraud. Ce succès, à rebours des tendances actuelles plutôt portées sur les héros bodybuildés à la Marvel, a pris tout le monde au dépourvu. Certes, Lupano n’en était pas à son coup d’essai, et sa présence au scénario était une garantie de qualité, mais de là à déclencher un tel phénomène …
Avec ce cinquième tome, les auteurs évitent pour l’instant le piège de ces succès improbables, à savoir diluer pour durer. Au contraire, maîtrisant de mieux en mieux les caractères de leurs personnages, ils les poussent dans des situations de plus en plus abouties qui balancent toujours entre comique et émotion.
Le comique est présent, certes, dans cette nouvelle histoire, mais il cède peut-être plus de terrain que dans les albums précédents à l’émotion. Emotion nostalgique de Pierrot, confronté à son passé ; émotion de Sophie (la petite-fille d’Antoine, qui est vraiment le quatrième mousquetaire du trio) face aux grand-parents de sa fille Juliette ; et, enfin, la très belle émotion d’Emile, face à ses paradis perdus.
Quelques réserves
On peut regretter que ces successions d’histoires nous privent de l’effet « bande de vieux » des premiers tomes. Chacun de nos quatre protagonistes (si on ajoute Sophie) vit son aventure, et les délires communs sont quasiment inexistants, ce qui manque un peu. Peut-être les auteurs s’en sont-ils rendus compte, car ils nous offrent une belle et émouvante fin, en forme de communion collective, qui vient atténuer ce sentiment.
Il faut aussi accepter la posture des bons sentiments. Ces trois papys sont des héros des temps modernes, combattant l’injustice, avec la fleur au fusil. Tout y passe, les combat pour l’accueil des migrants, contre les paradis fiscaux, contre l’Etat répressif… ça fait parfois un peu trop, mais les auteurs contrebalancent cet effet en confrontant aussi nos héros à leurs propres lâchetés.
Encore un mot...
Il n’y a que des bonnes raisons de vous précipiter chez votre libraire pour acheter cet album, et tous les précédents, si vous ne connaissez pas encore cette série. L’histoire est vivante et dynamique, les dessins de Cauuet sont parfaits, les héros sont originaux et attachants, et, cerise sur le gâteau, il y a Fanfan !
Fanfan, c’est la mamie de l’histoire, déjà présente dans les albums précédents, mais qui tient ici une place centrale et qui donne un supplément d’âme à cet opus. Fanfan, c’est la crème des gentilles, son explication de la création du fond d’investissements Dave Hiock et Demi Grants (vous y êtes ?) est, à mon avis, la meilleure partie de l’album, avec la fin, que je vous laisse découvrir.
Et s’il n’y avait qu’une raison d’acheter cet album, alors cette raison s’appellerait Fanfan.
Une illustration
L'auteur
- Wilfrid Lupano est né le 26 septembre 1971 à Nantes mais a passé une grande partie de sa vie à Pau, et réside maintenant à Toulouse. La BD a toujours fait partie de sa vie, et ce depuis son enfance où ses parents en consommaient beaucoup. Dans un des bars où il travaillait pour payer ses études, il a rencontré ses deux associés actuels : Roland Pignault et Fred Campoy. C'est ce dernier, devenu son ami, qui lui a proposé de se lancer dans l'écriture de nouvelles et de scénarios, en développant avec lui un personnage dans l'Amérique de XIX° siècle : ainsi est né Little Big Joe. Il est devenu un auteur très prolifique, enchainant les succès. Je garde en tête son magnifique Azimut avec Andreae au dessin, chez Vent d’Ouest, son Océan d’Amour, avec Panaccione chez Delcourt, ou encore sa parodie de Valérian, avec Mathieu Lauffray, chez Dargaud.
- Paul Cauuet est né à Toulouse le 11 juin 1980. Chez les Cauuet, le dessin est une histoire de famille, papa est dessinateur de pub et sa collection de BD alimente l'imaginaire de Paul. À l'adolescence, il officie sur les tables du Lycée puis devient illustrateur pour le journal du bahut. Avec son ami et scénariste Guillaume Clavery, ils concrétisent ce qui n'était à l'origine qu'un rêve de grands espaces, d'Orient et de terres de légendes, Aster. Côté influences, Paul Cauuet s'inspire de l'épopée Star Wars, le prince d'Égypte, Alladin et Stargate, des ambiances à l'image d'Aster : futuristes, oniriques et orientales.
d'après BD Gest
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