Le nom de la rose, Tome 1. Roman d'Umberto Eco mis en scène et dessiné par Milo Manara

Quel diable ce Manara !
De
Dessin et mise en scène : Milo Manara Mise en couleur : Simona Manara
Éd. Glénat
Septembre 2023
64 p. grand format, couleur
17,5 €
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

"Vers la fin de l'année du seigneur 1327", le jeune novice bénédictin Adso accompagne son maitre, Guillaume de Baskerville, ancien inquisiteur franciscain, dans un monastère perdu sur un éperon rocheux au cœur des Alpes maritimes pour dénouer les fils du meurtre d'un moine enlumineur. Ce meurtre ne peut se concevoir dans cette communauté qui abrite une gigantesque collection d'œuvres religieuses philosophiques et antiques, dont les moines copiste font des reproductions.

Dans cet univers où le verbe côtoie le signe, l'enluminure peut cacher bien des imaginaires, bien des secrets que l'église ne souhaiterait pas voir révélés. Dans ce livre premier - qui sera suivi par un autre tome - nous accompagnons Guillaume et Adso, acteur et conteur de l'histoire, dans leur enquête au sein d'un monastère et d'une bibliothèque labyrinthiques, à la recherche de secrets qui pourraient mettre en péril la chrétienté.

Points forts

La plume de Milo Manara est incontestablement le premier point fort de cette grande bande dessinée. Son dessin est précis, réaliste. Sa mise en page classique et inventive à la fois. Sa malice est présente dans sa conception des enluminures qui empruntent aux modèles de l'époque mais aussi à son imaginaire fantasque. 

L'histoire reprend de nombreux passages et dialogues littéraux du roman d'Umberto Eco, donnant au texte une place importante que le grand format ne rend ni écrasante ni ennuyeuse tant les dessins de sont de grande qualité. 

Le respect des détails historiques, associé au format et à la magnifique mise en couleur, contribue à créer une ambiance et un suspens très réussis. A titre d'exemple, l'incroyable abbaye Saint-Michel-de-la-Cluse inspire le décor de l'aventure imaginée par Umberto Eco.

Petit complément « familial », Simona Manara, fille de Milo, est l’auteur de cette mise en couleur très réussie.

Quelques réserves

Ce livre premier est une réussite que l'on peut simplement qualifier de bande dessinée pour public jeune adulte et adulte, plutôt que pour enfants et jeunes adolescents.

Encore un mot...

Un grand maître du roman médiéval associé à un grand maître du neuvième art : comment ne pas être séduit ? L'appropriation de l'œuvre d'Umberto Eco pourrait ne pas aller de soi. Mais c’est sans compter sur le talent de dessinateur et de scénariste de Milo Manara. Le réalisme du trait ; le choix des images, des visages (un des talents de Manara) ; la "transcription" des séquences oniriques ou prophétiques ; celle des dialogues retenus ou transformés par la force du dessin en cases… tout contribue à faire de ce Nom de la Rose un petit chef d'œuvre pour les amateurs du genre.

Une illustration

L'auteur

Umberto Eco a publié en 1980 le roman Le nom de la Rose. Immense succès, il reçoit notamment le Médicis étranger en 1982 et fait l'objet de nombreuses adaptations, dont le film de Jean Jacques Annaud en 1986 avec Sean Connery dans le rôle de l'enquêteur Guillaume de Baskerville. Universitaire érudit, Umberto Eco est professeur d'Université spécialiste de la construction du sens dans les civilisations. A la tête de la chaire européenne du collège de France, il n'en est pas moins l'un des auteurs contemporains de romans italien le plus connu au monde.

Milo Manara est un auteur et dessinateur de bandes dessinées italien. Son œuvre est qualifiée d'érotique, compte tenu de l'impact de la série ouverte par Le Déclic en 1983 et des autres histoires qui suivront. Dessinateur d'une grande précision qui idéalise sans pudeur le corps féminin, il n'en est pas moins l'auteur de bandes dessinées plus "grand public" comme des épisodes de l'Histoire de France en Bande Dessinées, ou Un été indien et El Gaucho, dont les scénarii ont été écrits par son ami Hugo Pratt. 
Plus réservée à un public adulte, la série Borgia publiée entre 2004 et 2010 avec Alejandro Jodorowsky au scénario, a marqué la critique. Qualifié de maître italien du neuvième art, il a reçu de très nombreuses distinctions internationales, et est aussi l'auteur d'une statue monumentale de Brigitte Bardot, exposées à Saint-Tropez, qualifiée avec malice, de "Vénus de Milo".

Commentaires

Patrice Mussard
ven 30/08/2024 - 20:45

Milo Manara est un maitre du portrait ... on le voit à la ressemblance de ses dessins de Umberto Eco. Ce qui m'a sauté aux yeux immédiatement, c'est qu'au lieu de s'inspirer de Sean Connery pour représenter Baskerville, il a pris un acteur plus ancien dont on retrouve les même traits dans sa jeunesse: Marlon Brando. Il suffit de regarder quelques photos extraites du Jules Cesar de Mankiewicz pour s'en convaincre ... même grand front, même coupe de cheveux, même nez légèrement busqué, même bouche ...

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