Le dernier Atlas, tome 1
Attachant, maîtrisé, palpitant, le souffle d'un grand récit: cet "Atlas" est vraiment au Top de la BD actuelle.
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Thème
Ismaël Tayeb, le personnage masculin principal de cette histoire, est un malfrat, un assassin, un de ces héros qui, à priori, n’a rien pour inspirer la sympathie. Ismaël vit à Nantes, ville où il gère un trafic de machines à sous pour le compte de son boss, « le Gros ». Sans ambition, violent quand il faut l’être, il mène une vie malhonnête certes, mais sans histoire. Tout va changer lorsqu’il croise un Caïd du milieu, « Dieu le père », qui va l’obliger à sortir de sa routine. Il va ainsi devoir retourner dans son pays d’origine, l’Algérie, et y être confronté à d’étranges phénomènes.
Ces phénomènes, ce sont ceux qu’observe également Françoise Halfort, l’autre personnage clé de cette histoire. Elle est journaliste, curieuse, et n’a peur de rien. Mais elle va quand même être déroutée par ce qu’elle découvre dans ce désert algérien, et qui ressemble fort à des manifestations extra-terrestres. Et c’est au moment du récit où Françoise et Ismaël se trouvent à quelques mètres l’un de l’autre, observant ces phénomènes, que leurs destins vont définitivement basculer.
Il y a un troisième héros à ce récit, ni homme, ni femme, et c’est celui qui donne son nom à cette série : l’Atlas. L’Atlas est un gigantesque robot, créé par des ingénieurs algériens vers la fin de la seconde guerre mondiale, pour effectuer les forages pétroliers dans le désert. Pour des raisons que vous découvrirez en lisant cette BD, leur utilisation a été arrêtée il y a quelques années et tous les Atlas ont été démantelés, tous … sauf un.
Un dernier petit détail, mais qui a son importance : ce récit est une uchronie (une uchronie est un récit fictif, basé sur une modification d’un point de l’histoire réelle : par exemple, et si Kennedy n’avait pas été assassiné…).
Points forts
D’abord, l’histoire elle-même est un point fort indiscutable. Elle nous tient en haleine dès les premières cases, dans ce désert où les oiseaux ont un comportement étrange, et elle ne nous lâchera plus. Le récit, pourtant très long (225 pages), est découpé entre 10 chapitres, ce qui lui donne un rythme soutenu et jamais ennuyeux.
Cette façon d’intégrer des évènements fantastiques dans une histoire ordinaire m’a rappelé la série Kenya (de Léo et Rodolphe, 5 albums parus aux Editions Dargaud). La touche d’originalité supplémentaire, ici, est la gestion de l’uchronie : les auteurs arrivent à la rendre très crédible et à nous faire oublier son existence, alors que, souvent, ces déviations temporelles sont prétextes à des aventures très spectaculaires.
Autre point fort de ce récit, les personnages eux-mêmes ont une belle dimension humaine qui crée un véritable attachement du lecteur à chacun d’eux : Ismaël, dont on devine les failles (à travers son étrange relation à sa femme) ; l’intrépide Françoise, dont on adore la décontraction en toutes circonstances (vous découvrirez à quel point !) ; « Dieu le Père », sorte de Gabin moderne et maléfique ; et même le robot Atlas crée une émotion à le découvrir (un indice laissé par les auteurs dans une des cases du récit suggère sa filiation à un autre robot célèbre d’un vieux et magnifique film d’animation français...).
Quelques réserves
A ce stade, le seul point faible que je trouve à ce récit est de nous amener très haut dans l’attente de la suite, et donc, on ne peut s’empêcher de craindre une déception à la découvrir. C’est un point faible très relatif, vous en conviendrez, mais je n’en ai pas trouvé d’autres.
Encore un mot...
UNE BD palpitante et maîtrisée: "Le dernier Atlas" mérite d’être une des BD de l’année. Un scénario palpitant, des personnages attachants, un dessin très maîtrisé et donnant beaucoup de nervosité au récit, sont autant de bonnes raisons de vous précipiter chez votre libraire favori pour l’acheter et la dévorer. Personnellement, si j’étais producteur de cinéma, j’en achèterais les droits très rapidement, car il y a dans cette histoire une dimension « Spielbergienne », qui donne vraiment envie de la voir s’animer.
Une illustration
L'auteur
(d’après BDGest)
Fabien Vehlmann est né le 30 janvier 1972 à Mont de Marsan, dans les Landes. Il est l’auteur chez Dupuis de la très célèbre série "Seuls" avec Bruno Gazzotti, dont le premier album est primé à Angoulême. En 2006, il réalise le premier one-shot de Spirou et Fantasio, Les Géants pétrifiés, avec Yoann toujours aux éditions Dupuis. En 2009, ils sont choisis comme équipe officielle de la série culte Spirou et Fantasio, en remplacement de Morvan et Munuera. Un an plus tard sort le tome 51, Alerte aux Zorkons.
Gwenaël de Bonneval est né le 9 janvier 1973 à Nantes. À 18 ans, muni d’un Bac littéraire, il vient à Paris et commence à caser des dessins dans la presse enfantine. En 1993, pour faire plaisir à son père, il fait "sérieux" en montant une boîte de communication avec deux copains. "Il fallait habituer les entreprises à la BD, mais le prospecteur n’envoyait même pas les lettres de prospection". Démarchant tout seul, il dessine pour Spirou, Disney et les boîtes de communication ex-concurrentes. Il se fait la main, c’est bien, mais il se sent frustré : il a envie de raconter des histoires. Justement, en 1998, il entre à l’atelier de la place des Vosges. Simultanément il rencontre Vehlmann. La collaboration est fructueuse : "Samedi et Dimanche, c’est un truc débordant qu’il faut tenir".
Hervé Tanquerelle est né à Nantes, le 9 août 1972. En 1998, après avoir dessiné pour de nombreuses structures associatives, paraît, à l'Association, "La Ballade du petit pendu", qui sera pour lui la vraie première reconnaissance. En 2000, sa participation au "Comix 2000", édité par l'Association, lui permet de rencontrer Hubert, qui lui propose alors le scénario du "Legs de l'Alchimiste". En 2004, les photocopies des planches du "Legs de l'Alchimiste" éveillent l'intérêt de Joann Sfar lors d'un festival. Celui-ci lui propose alors une collaboration sur sa série "Professeur Bell"(aux éditions Delcourt) dont il assurera le dessin à partir du tome 3, "Le Cargo du roi singe". La même année paraît, aux éditions Glénat, le premier tome du "Legs de l'Alchimiste", série dont il assurera le dessin des trois premiers tomes
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