Katanga, 1. Diamants
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Thème
Bakwanga, province du Sud-Kasaï, 20 août 1960. Van Harp, cadre sans envergure de la Forminière, puise dans le coffre de la société l’équivalent de 30 millions de dollars en diamants. Accompagné de sa femme et de sa fille, il cherche à rejoindre l’aéroport, dernière planche de salut vers l’Europe. Ils ne l’atteindront jamais et disparaîtront sans laisser de trace. Ainsi que les diamants. Et Charlie, leur chauffeur.
Dans le même temps, Armand Orsini, « conseiller spécial » du Ministre de l’Intérieur du Katanga indépendant, commence le recrutement de soldats de fortune dont la mission sera de défendre l’Etat nouvellement créé, ainsi que les intérêts miniers qui le soutiennent …
Points forts
Katanga est d’abord et avant tout un magnifique récit d’aventure. Le ton en est donné dès la mordante introduction : construite comme un ‘plan séquence’, elle est soutenue par la structure des premières pages. Découpées en une succession de vignettes horizontales qui en prennent toute la largeur, les planches inaugurales plongent d’emblée le lecteur dans un univers de cinémascope.
Si l’intrigue est adossée à un arrière-plan historique, celui-ci n’est qu’une toile de fond, un prétexte que les auteurs se sont habilement donné pour mettre en scène en toute liberté une gigantesque chasse au trésor. Ils y convoquent avec un plaisir jubilatoire une fantastique galerie de personnages ! Parmi eux …
Armand Orsini, peu scrupuleux aventurier que son visage étroit, son sourire pincé et son regard glaçant classent au rang des hommes sans foi de la Gestapo Française d’Il était une fois en France.
Felix Cantor, incarnation des soldats perdus de la décolonisation dépeints par Paul Bonnecarrère et Pierre Schoendoerffer. Il troque la sérénité d’un amour pacifié pour le pouvoir factice et l’ivresse médiocre d’un combat sans cause.
Alicia, jeune femme à la beauté envoûtante, qui joue à plein de son charme et de son intelligence pour essayer de survivre à la folie ambiante et de se construire un début d’avenir.
La famille Vah Harp. Archétypes des « petits blancs », colons pétris d’un sentiment de supériorité morale qui ne les empêchera en rien d’abandonner sans remords leurs voisins à une mort certaine. Leur bonne conscience décomplexée renvoie au grinçant Coup de Torchon réalisé par Bertrand Tavernier en 1981.
Quelques réserves
Katanga ne possède qu’un seul point faible : passer après Il était une fois en France. Défi difficile à relever tant cette série avait tutoyé l’excellence. Katanga ne déçoit pas. Loin de là. On y retrouve tous les ingrédients graphiques et scénaristiques qui ont fait le succès de son prédécesseur. Mais, emporté par notre enthousiasme pour celui-ci, on attendait du nouveau venu qu’il repousse plus encore les frontières de l’excellence… Attente justifiée ? Déraisonnable ? A chaque lecteur de se faire sa propre opinion...
Encore un mot...
Katanga, c’est le bonheur de retrouver l’univers du binôme Nury-Vallée. On y prend le même plaisir qu’à revoir de vieux amis depuis trop longtemps perdus de vue: celui d’éprouver la sensation que l’on s’est quitté la veille, d’être entouré de repères familiers et à la fois surpris par la richesse des nouvelles à partager.
C’est aussi se laisser aller au plaisir de l’enfant élevé au mythe de l’Ile au Trésor de Robert Louis Stevenson, à celui de l’amateur de films d’action des années 1960 (Un taxi pour Tobrouk, 100 000 dollars au soleil), ou à celui du passionné de romans noirs, notamment ceux de James Ellroy mettant en scène l’envers américain, du Dahlia Noir (The Black Dahlia) à American Tabloid. Un plaisir auquel il faut se livrer sans retenue.
Une phrase
« Une idée, qui te trotte dans la tête : eux au moins se battaient pour une cause. Et toi ? Tu te bats pour oublier ce que tu ressens. […] La peur, la vraie, c’est Nora qui te regarde. Et qui dit « Je t’aime ». Et toi, incapable de répondre « Moi aussi » … Parce que sans ton uniforme, tu n’es personne. »
L'auteur
C’est le retour du duo d’Il était une fois en France : au dessin, Sylvain Vallée, au scenario, Fabien Nury !
Diplômé en « Arts graphiques et bande dessinée », Sylvain Vallée démarre jeune un projet professionnel très clair. D’abord illustrateur indépendant en publicité et dessinateur de presse, il publie en 1997 son premier album, L’Écrin, éd. Le Cycliste. 1997 sera aussi l’année du début de la collaboration avec Jean-Charles Kraehn sur la série Gil Saint-André, éd. Glénat, 1996-2013. 2006 marquera le début de son travail avec Fabien Nury, autour d’Il Etait une fois France, éd. Glénat, 2007-2012, qui deviendra un des plus gros succès public et critique de la dernière décennie.
Que dire de Fabien Nury si ce n’est qu’il réussit tout ce qu’il écrit ? La première série dont il co-signe le scénario, W.E.S.T, éd. Dargaud, 2003-2011, rencontre un succès immédiat. Il en va de même pour Je suis légion, éd. Les Humanoïdes Associés, 2004-2007. Quant à Il était une fois en France, on ne peut que rappeler l’ampleur de son succès. Et que dire du crépusculaire et révolutionnaire thriller Tyler Cross, créé en 2013 avec Brunö aux éditions Dargaud ? On lui doit également des réussites telles que L’Or et le Sang, éd. 12Bis puis Glénat, 2009-2014 et Mort au Tsar, éd. Dargaud, 2014-2015.
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