Jack Palmer en Bretagne
p. 59, lecture gratuite sur le site Dargaud.com
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Thème
Le Testament de Jack Palmer.
Je vous propose, non pas de retrouver, comme vous en avez l’habitude sur Culture-Tops, une nouveauté, mais, pour nous adapter à cette période de confinement, qui nous empêche de nous rendre chez notre libraire favori, de découvrir ou redécouvrir une BD disponible gratuitement en lecture numérique. C’est une initiative de l’Editeur Dargaud, sur son site Dargaud.com.
J’ai choisi la dernière aventure de Jack Palmer, le détective looser imaginé par René Pétillon. « Jack Palmer en Bretagne » est la quinzième et dernière aventure du détective. Elle est parue en 2013, cinq ans avant la disparition de son auteur. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Jack Palmer est l’antithèse du détective tel qu’on peut l’imaginer : insignifiant physiquement, maladroit, et peu efficace dans la conduite de ses enquêtes, qu’il résout toujours un peu par miracle et avec une bonne dose de chance. Pour cette dernière enquête, Jack Palmer devient l’improbable garde du corps du milliardaire Jacques Maroilles qui se rend en Bretagne chez son amie Solange. Il va être question, durant un week-end agité, de vol de tableau, de meurtre et d’escroquerie à l’assurance, sur fond de rivalité entre deux hommes d’affaires, Maroilles et son concurrent Livarot.
Points forts
J’ai trouvé, je l’avoue, assez peu de points positifs à cette bande dessinée. Bien sûr, en la lisant ainsi plusieurs années après sa parution, on lui trouve le charme de la dernière aventure d’un héros qui nous a, par le passé, beaucoup fait rire. On retrouve également ce qui fait la force de Pétillon : une façon de croquer ses personnages en leur donnant des expressions souvent très drôles, un rythme narratif indéniable, servi par un dessin très enlevé.
Quelques réserves
Mais cette BD ne m’a pas beaucoup fait rire. La confrontation entre ce milieu de riches parisiens fortunés et des autochtones bretons un peu frustres fait pschitt. Le plaisir de voir à l’œuvre la maladresse de Jack Palmer a complètement disparu de cet album, comme un signe d’impuissance de Pétillon. Son héros passe l’essentiel de l’intrigue sur un rocher et laisse l’histoire évoluer sans lui, ou presque.
Encore un mot...
ON S’ENNUIE PAS MAL.
Dommage vraiment que ce dernier rendez-vous avec Jack Palmer soit un RV plutôt raté. On a tous en souvenir la géniale « Affaire Corse », qui était une vraie réussite artistique et aussi commerciale (l’histoire avait même été adaptée au cinéma). Ici, on ne retrouve pas les ingrédients de ce succès passé. La subtilité avec laquelle Pétillon avait décrit le climat social de l’île de beauté se transforme, en Bretagne, en de grosses caricatures un peu ridicules. Je retiendrais surtout de cette lecture une vision testamentaire de l’auteur : en affublant son héros du statut de garde du corps et en menant une intrigue où Jack Palmer est réduit à jouer les potiches inutiles sur un rocher en pleine mer, Pétillon nous livre une sorte de mort anticipée et scénaristique de son héros. Cette lecture un peu sombre et nostalgique, bien sûr influencée par la disparition de l’auteur, devient le principal intérêt de cette BD.
Une illustration
L'auteur
(repris du site Dargaud.com)
René Pétillon est né en 1945 à Lesneven, dans le Finistère. Dessinant depuis toujours pour le plaisir, c'est en autodidacte qu'il passe professionnel. Il n'a en effet jamais mis les pieds dans une école d'art. Après avoir envoyé quelques dessins par la poste, il débute en 1968 dans ‘Plexus', ‘L'Enragé' et ‘Planète'. Comme le dessin d'humour ne le fait pas vivre, il se lance dans la bande dessinée et frappe à la porte de ‘Pilote', où il publie aussitôt un récit en six pages intitulé "Voir Naples et mourir".
En 1974, il crée le détective Jack Palmer qui se baladera dans ‘Pilote', ‘L'Écho des savanes', ‘BD', ‘Télérama' et ‘VSD'. En 1976, pour ‘L'Écho des savanes', il scénarise "Le Baron noir" dont Yves Got assure le dessin. L'année suivante, et jusqu'en 1981, la série est accueillie pour un strip quotidien dans les pages du ‘Matin de Paris'.
En 1993, Pétillon entre au ‘Canard enchaîné', où, chaque semaine, il publie des dessins politiques.
Grand Prix d'Angoulême en 1989, il reçoit, en 2001, à Angoulême toujours, le prix du meilleur album pour "L'Enquête corse". En 2002, il est lauréat du grand prix de l'humour vache au Salon international du dessin de presse et d'humour de Saint-Just-le-Martel. René Pétillon est aussi citoyen d'honneur de la ville de Bastia.
En 2017, sort chez Dargaud un recueil de ses dessins d'actualité intitulé "Un certain climat". La même année, il gagne le grand prix du festival de Blois BDBoum !
René Pétillon nous a quittés le 30 septembre 2018.
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