Give peace a chance
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Thème
Nous les avions quittés à la fin d'"Une si jolie petite guerre" en partance vers l'Europe. Nous retrouvons Marcelino et sa famille, en 1963, à Londres où son père a été nommé diplomate à l'ambassade de la République du Vietnam.
Avec "Give peace a chance", Marcelino nous offre donc un autre petit bijou: son deuxième opus autobiographique dans lequel, à travers le prisme de son enfance puis de son adolescence partagée entre Londres et Saint Malo, il nous livre "sa" guerre du Vietnam.
Cette guerre, on ne la connait généralement qu'à travers deux points de vue: celui des Américains, pour qui le "Nam" c'était d'abord un bourbier et les "boys" qui meurent à la télé tous les soirs; et celui des vainqueurs Nord-Vietnamiens qui en ont fait le mythe - qui perdure jusqu'à aujourd'hui - d'une geste patriotique s'achevant par la victoire du bien contre le mal.
Par le truchement de son dessin élégant et de sa ligne claire où les fans ne manqueront pas de noter l'influence d'Hergé, Marcelino donne à voir et à lire son point de vue très personnel et intime, celui de sa famille, d'une famille qui n'existe pas pour l'histoire officielle, car elle a eu le tort d'être du côté de ceux qui ont perdu la guerre.
Points forts
- Mêlant histoire dessinée, souvenirs autobiographiques et documents d'époque passés à la postérité, ce roman graphique nous replonge dans des années tragiques autant que rock and roll: un livre qu'on ne se contentera donc pas de lire, mais qu'il faudra aussi écouter, au fil des chapitres rythmés par les tubes des années 60, des années "flower power".
- Emploi judicieux des clairs-obscurs: contraste entre le Londres bon-enfant des Swinging Sixties et la fureur du conflit vietnamien, entre l'insouciance d'une jeunesse européenne et la conscience du tragique des événements , entre les couleurs vives du récit familial et les couleurs sépia du récit de guerre.
- A l'image de son ouvrage précédent, l'auteur entrouvre avec beaucoup de pudeur et de sensibilité des secrets de famille qu'on laissera au lecteur le soin de découvrir. Mais comme il le fait pour la guerre, l'auteur parvient à traiter ces sujets graves avec beaucoup de légèreté. Des moments très drôles, comme les déboires de la famille Truong avec ses voisins "so british", ponctuent ainsi ce récit souvent poignant.
- Par son caractère asymétrique, l'effroi qu'elle a pu engendrer, son fort contenu idéologique, le schisme qu'elle a provoqué au sein des populations là-bas comme ici, cette guerre qui s'est achevée il y a quarante ans entre étrangement en résonance avec l'actualité.
- Enfin, en ne cachant rien des horreurs et des espérances de chaque camp, Marcelino nous présente une vision très équilibrée de cette histoire controversée et réussit la gageure de ne jamais la maltraiter .
Quelques réserves
Je n'en vois (toujours) pas.
Encore un mot...
La touchante chronique familiale que nous raconte "Give peace a chance" est une petite histoire dans la grande histoire, c'est celle d'un camp qui sera toujours du mauvais côté, alors qu'il essayait, sans doute maladroitement, d'échapper à l'emprise de Moscou et de Pékin. En ce sens, c'est un ouvrage unique qu'il faut s'empresser de lire.
L'auteur
Peintre, auteur et illustrateur, Marcelino Truong est né en 1957 d'un père vietnamien et d'une mère malouine. Enfant, il suit ses parents au gré de leurs affectations à Washington, Saigon, Londres et s'installe enfin à Paris où il vit aujourd'hui.
Diplôme de Sciences Po et agrégation d'anglais en poche, il choisit de suivre sa vocation d'artiste, en 1983. Il signe textes et illustrations de plusieurs albums tant pour adultes que pour la jeunesse, où le Vietnam et l'Asie sont souvent à l'honneur.
On lui doit la conception graphique du film d’animation, Petit Wang (26 minutes, réalisateur Henri Heidsieck ), Prix du film TV au Festival d’Annecy en 2006.
Marcelino Truong est aussi l’auteur de nombreuses couvertures de livres ainsi que de jaquettes de romans, dont ceux d'Eric Emmanuel Schmidt.
Il illustre régulièrement les pages de Libération, Marianne, Elle, Senso ou du Figaro Littéraire.
Renouant avec la BD, il a adapté le polar de James Lee Burke, Prisonniers du ciel, paru en 2010 dans la collection Casterman/Rivages/Noir.
En 2012, il publie Une si jolie petite guerre - Saigon 1961-63, aux éditions Denoël Graphic, un roman graphique sur son enfance à Saigon.
Commentaires
:-)
Merci pour ce commentaire très bienveillant !!
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