Cinq branches de coton noir
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Thème
"Cinq branches de coton noir" est le récit fictif de la recherche du premier drapeau des Etats Unis d’Amérique sur lequel, en 1776, une femme noire, Angela Brown, aurait cousu une étoile noire, hommage secret à la communauté afro-américaine, dissimulé sous une des étoiles blanches.
Des années plus tard, en pleine seconde guerre mondiale, une étudiante noire de Caroline du Nord, Johanna, découvre l’existence de ce drapeau et charge son frère Lincoln, soldat en Europe, de le retrouver (par un concours de circonstances, le drapeau de la jeune nation s’est retrouvé sur le vieux continent). L’enjeu politique est énorme pour des intellectuels afro-américains, qui voient dans la révélation de l’existence de cette étoile noire, une reconnaissance symbolique de leur communauté.
La course poursuite s’engage donc en France, entre Lincoln, accompagné de deux compagnons et le méchant nazi de service, caricaturé à souhait, le Major Schlupf.
Points forts
L’idée de départ est peut-être le point fort le plus remarquable de cette histoire. Cette domestique qui voit tous ses proches disparaître sous les coups du racisme, et qui se rebelle par ce geste secret, touchera le lecteur. Le graphisme conventionnel de Cuzor, rend cette saga crédible et vivante. Une des idées originales du dessinateur est de s’être servi de modèles réels pour plusieurs de ses personnages. Denzel Washington, Sammy Davis Junior ou encore Robert Ryan sont parmi ceux que je crois avoir reconnus.
Quelques réserves
Fallait-il 170 pages pour raconter cette histoire ? La lecture devient assez vite ennuyeuse, comme si cette quête improbable, nourrie par un scénario où les grosses ficelles (voire les invraisemblances) ne sont pas absentes, ne parvenait pas à nous entraîner. Dommage, car il y avait matière à une aventure épique, alors qu’à l’arrivée, on a juste l’impression d’avoir lu une bonne BD, mais sans plus.
Le traitement de la couleur mérite aussi une remarque : les auteurs ont pris le parti d’une tonalité assez proche d’une gamme uniforme, entre le gris et le brun foncé. Si on voit bien que l’effet est voulu, il pèse sur le lecteur, renforçant ce sentiment d’ennui, surtout sur la durée très longue des 170 pages. Peut-être l’histoire aurait-elle gagné à avoir des ruptures chromatiques, distillées pour redonner un peu de souffle au récit.
Encore un mot...
L’attente autour de cette BD était-elle trop importante ? Au Festival de la Bande Dessinée d’Angoulême, cette année, elle a créé le buzz et fait l’objet d’une exposition dédiée autour des planches originales de Cuzor. On était conquis par la qualité des planches exposées et par cette histoire d’étoile noire, et on attendait avec impatience de se plonger dedans. D’autant plus qu’Yves Sente est un scénariste expérimenté et qui a réussi de très belles choses par le passé, comme redonner du souffle à la série Thorgal.
Dans ces conditions, il est tentant d’expliquer ce sentiment de déception, par le contexte évoqué ci-dessus. En la repassant du statut de « BD évènementielle » à « BD classique », on peut en recommander la lecture à ceux qui auraient du temps disponible (beaucoup) pour se plonger dedans.
Et si, par contre, votre temps de lecture est compté, alors ne mettez pas cette BD sur le haut de la pile qui grandit inexorablement au pied de votre lit...
Une phrase
« Pour moi, Justin et Tommy étaient devenus cette étoile noire et je voulais qu’elle vive ! Pas n’importe où… Pas au fond d’une tombe que personne, à part moi, n’irait jamais visiter… Non, je voulais qu’elle vive dans la chair même du plus grand des symboles de la future Amérique. » (Angela Brown)
L'auteur
Je reprends les infos fournies par BD Gest:
- Yves Sente est un scénariste de BD, dont la marque de fabrique est la reprise de séries à succès, particulièrement celles initiées par Jean Van Hamme, comme XIII ou Thorgal. Ce parallèle ne doit peut-être rien au hasard, quand on sait que les deux hommes sont presque voisins en Belgique. Leur point commun le plus remarquable est d’être chacun scénariste de Blake et Mortimer, Van Hamme avec Ted Benoît et Sente avec Julliard, dans la reprise de la mythique série d’Edgar P. Jacobs.
Il a aussi créé deux séries originales, la vengeance du Comte Skarbek, en collaboration avec Rosinski et la série « le Janitor », avec Boucq au dessin.
- Steve Cuzor est né à Rennes en 1971. Deux passions l’animent : le dessin et le cheval. C’est cette dernière qui le fera galoper pendant plus de 20 ans
Du côté de la Bande Dessinée, son ouvrage le plus connu est la série des « O’Boys », un projet en duo avec Philippe Thirault. Il s’agit d’une longue errance de deux personnages, inspirée de la littérature américaine, à travers l’Amérique rurale des années 30.
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