Asile !
48 p.
14,5 €
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Thème
En 1482, défait par son frère, le futur Bajazet II, dans la lutte qui les oppose pour la succession de leur père, le sultan ottoman Mehmed II, Djem se réfugie à Rhodes où il demande asile et protection aux Hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem. Voyant en lui un précieux otage et un puissant levier de négociation avec l’empire ottoman, ils l’envoient en France. Il y commence une captivité itinérante dont les frais seront couverts par la rançon que son frère paiera pour empêcher son retour.
En 1483, Djem arrive au château de Rochechinard pour être placé sous la surveillance du maître des lieux, Barachin. La vie est austère dans cette « Citadelle du vertige » plantée sur les hauteurs de la Drôme, au cœur de ce Dauphiné dont la légende rapportée par les troubadours lors des veillées au coin de l’âtre raconte que les abymes et à-pics auraient été forgés pendant plus d’un siècle par des géants chargés par les hommes d’en interdire l’accès aux envahisseurs.
Dans un château voisin niché au creux de la vallée vit le baron Jacques de Sassenage. La plupart des jeunes nobles de la région cherchent à s’attirer les bonnes grâces de sa fille, Philippine.
Points forts
Il y a comme un paradoxe à vouloir faire ressortir les points forts de cet album. Pas parce qu’il serait dépourvu de qualité, bien au contraire, mais parce que l’équilibre entre ses différentes composantes (dessin, scenario, rythme, dialogue, couleurs…) est tel qu’il est ardu de mettre l’accent sur l’un plutôt que l’autre.
Le traitement du « casting » est révélateur de cette sensation d’harmonieux équilibre. Souvent, une BD est construite autour de 2-3 personnages centraux à la personnalité « dominante » accompagnés d’une galerie de « seconds rôles » plus ou moins bien campés.
Alors qu’Asile ! raconte une année de la vie de Djem, il est bien difficile de percevoir celui-ci comme la figure dominante du récit tant il semble balloté par des évènements sur lesquels il n’a aucune prise. On pourrait même le considérer comme un antihéros tant ce prince oriental en exil semble porter avec résignation le poids de sa grandeur perdue.
A cet égard, on peut considérer que Barachin et Philippine, figures théoriquement secondaires, ont beaucoup plus de poids sur le déroulement du récit, l’un par sa finesse psychologique et la correspondance qu’il entretient avec un mystérieux interlocuteur, l’autre par la pétillance de sa personnalité et la puissance de son désir.
Quelques réserves
Si vous recherchez un album rempli de charges de chevalerie, de bûchers honteux, de croisades fanatiques ou d’archers justiciers, passez votre chemin. En effet, Asile ! est dépourvu de toute dimension épique.
En revanche, vous ne vous ennuierez pas un instant à sa lecture. Et vous vous ferez insidieusement happer par le rythme lent et serein avec lequel il déroule la trame d’une intrigue amoureuse qu’il est bien difficile de lâcher quand bien même elle pourrait paraître assez mince.
Encore un mot...
Asile ! séduit également par son choix de mettre en scène un Moyen-âge démythifié, à hauteur d’hommes, rythmé par le fil des jours et des saisons. Saluons également la tentative faite par les auteurs de voir ce récit à travers les yeux et la grille de lecture des hommes de ce temps. Adroitement couplée à la mise en scène d’un univers aux confins de l’histoire et du fantastique, elle crée ainsi une atmosphère bien singulière.
Une illustration
L'auteur
Né en 1947, André Houot commence son parcours professionnel en enseignant l’art graphique. Il est également reconnu comme un spécialiste français de l'illustration de scènes de préhistoire. Il s’oriente tardivement vers la BD qu’il rejoint en 1987 en signant le premier album de sa série Chroniques de la nuit des temps, 1987-1994, éd. Fleurus, puis Le Lombard et Glénat. Très attaché à la solidité scientifique de ses albums, il collabore avec des chercheurs ou des archéologues et les fait préfacer par Aimé Bocquet, Haroun Tazieff, Alain Gallay ou Yves Coppens.
En 1995, en partenariat avec le scénariste Simon Rocca, il démarre la série Le Khan, éd. Soleil Entre autres productions, il signera ensuite seul les séries Septentryon, 2001-2004, éd. Génat et Le Mal, 2006-2009, éd. Glénat. La plupart de ses albums sont mis en couleur par sa compagne, la coloriste Jocelyne Charrance.
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