Oublie-moi
Alzheimer pour les nuls ?
De
D'après le roman Other World de Matthew Seager, adapté par Marie-Julie Baup et Thierry Lopez
Durée : 1h15
Mise en scène
Marie-Julie Baup et Thierry Lopez
Avec
Marie-Julie Baup et Thierry Lopez
Notre recommandation
3/5
Infos & réservation
Théâtre de la Porte Saint Martin
18 boulevard Saint-Martin
75010
Paris
01 42 08 00 32
Jusqu'au 27 mai 2023, du mardi au vendredi 19h ou 21h. Samedi 16h et 21h ou 19h (selon calendrier)
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Thème
- En boite de nuit, Arthur, à force de fantaisies, séduit Jeanne. Words (Words don't come easy…), de FR David sera la chanson fétiche de leur amour passionné et de leur vie de couple qui s'installe.
- Décors, vêtements, fleurs, meubles … La vie en rose ! Et puis viennent ces trous de mémoire auxquels Arthur ne prend pas garde, mais que remarque Jeanne. Et puis, pourquoi a-t-il mis 1/2 heure pour acheter du lait et des timbres au pied de la maison ?
- Petit à petit, un éclat apparait dans ce bonheur d'être deux, et celui-ci va s'enfoncer entre eux petit à petit, au fur et à mesure de l'évidence des symptômes de cette maladie au nom tellement improbable : Alzheimer.
Points forts
- Au fond, la vie en rose à laquelle chacun rêve ne l'est pas toujours. Et si le diable se cache dans les détails, ceux qui l'ont vécue le savent, de grandes douleurs se cachent aussi dans l'apparence de la normalité. A ce titre, Oublie-moi est une pièce pédagogique.
- Marie-Julie Baup et Thierry Lopez jouent le jeu difficile de l'amour et de l'oubli, de la colère et du désespoir, avec une sincérité qui ne se dément pas tout au long de la pièce. Celle-ci enchaine avec une certaine pudeur mais selon une mécanique implacable, les 7 stades ou symptômes avérés de la maladie, entre vie quotidienne et rendez vous chez ce médecin qui n'a pas besoin d'être nommé neurologue. Le jeu des comédiens mérite les louanges par leur constante vérité tout au long de la pièce.
- Si Arthur plonge, Jeanne résiste, chavirée entre amour, espoir, épuisement, révolte et résignation. Cette dimension de l'aidant est bienvenue et bien rendue, car elle tient, dans cette pièce, une part égale à celle d'Arthur.
- La mise en scène, par sa sobriété, laisse place à la compréhension de la lente décomposition du lien qui unit Jeanne et Arthur. L'humour et la tendresse des dernières minutes jettent un dernier éclat sur ce naufrage, un pied de nez au destin, une fantaisie qui restaure Arthur dans son identité.
Quelques réserves
- Il y a certainement deux lectures ou deux écoutes de cette pièce. Celle qui est faite par les personnes qui découvrent la maladie par le théâtre, et pour lesquelles cette pièce serait une initiation douce dont l'impact est renforcé par la vision d'un couple jeune que la maladie sépare d'esprit, si ce n'est de corps.
- Et puis il y a celle qui est faite par les personnes qui ont connu cette dissolution de l'esprit, l'enfoncement dans l'inconnu d'un être aimé. Pas sûr que ces derniers passent une bonne soirée, électrocutés par le public qui rit à des situations absurdes et drôles, si elles n'étaient si vraies, ou réveillées au souvenir trop tenace de situations vécues.
- Si le traitement de la dégénérescence vaut par son caractère documentaire, on trouve bien peu de profondeur dans le texte ou dans l'évocation métaphorique de l'être et de la relation qui se dissolvent dans un oubli à sens unique, oubli qui s'enfonce aussi douloureusement dans le cœur de ceux qui restent à la surface du monde.
Encore un mot...
- Il y a maintes façons de raconter la maladie. Le cinéma et le théâtre s'en sont emparés. Il s'agit ici d'un exercice de style puisque Oublie-moi est l'adaptation du roman Other World de Matthew Seager.
- Si l'on s'essaie à comparer cette pièce avec d'autres qui évoquent la vie qui s'enfuie, on peut penser à Oscar et la dame rose, d'Eric-Emmanuel Schmitt, dont la dimension spirituelle serait l’étalon, classant Oublie-moi plutôt dans la case du reportage, toutefois pudique et sensible.
- Si nous n'y souscrivons pas si inconditionnellement, ce dernier mot serait incomplet sans citer l'hommage de la critique exprimé par les 4 Molière reçus par la pièce en avril 2023 :
- Molière du comédien dans un spectacle de théâtre privé : Thierry Lopez
- Molière de la comédienne dans un spectacle de théâtre privé : Marie-Julie Baup
- Molière de la mise en scène d’un spectacle de théâtre privé : Marie-Julie Baup et Thierry Lopez, Molière du spectacle de théâtre privé
Une phrase
Marie-Julie Baup et Thierry Lopez : « Ce qui nous rend humains, c’est la façon dont nous nous enchaînons aux souvenirs. Ils nous définissent souvent et nous façonnent. Quand nous les perdons, cela devient plus cruel, plus terrible que d’autres afflictions. Dans Oublie-moi, nous assistons d’une certaine façon à un lent brisement du cœur et pourtant, cette pièce est une superbe ode à l’amour, à la compassion et à l’intime. »
L'auteur
- Thierry Lopez est acteur et metteur en scène. Déjà nominé en 2016 et 2019 aux Molière, il en remporte deux titres en 2023. Il a adapté et joué dans de nombreuses pièces pour une carrière au théâtre commencée en 1999, également enrichie de deux films, 4 séries télévisées, et deux livres audio !
- Marie Julie Baup est actrice et metteur en scène pour Oublie-moi. Primée en 2013 et 2017, déjà nominée en 2005 et 2014 aux Molière, elle y remporte deux titres en 2023. Si elle a déjà joué avec Thierry Lopez dans le Songe d'une nuit d'été et Divana, elle a une carrière très marquée par le cinéma et la télévision, pour lesquelles elle joue dans de nombreux films, et séries. Sa carrière au théâtre s’exerce en parallèle, dans de nombreuses pièces.
Elle est l'épouse du comédien Laurent Deutsch, et mère de leurs deux enfants.
Commentaires
Plagiat de l'excellent film "se souvenir des belles choses" de ZABOU BREITMAN,
Ici un texte sans relief, on s ennuie malgré la très bonne prestation des acteurs
Je suis daccord avec Anonyme : les acteurs jouent très bien, c'est chargé d'émotions... mais on s'ennuie ferme. Je m'attendais aussi à rire, à la place je m'endormais. Bref, pour une sortie théâtrale qui me mettait en joie, j'ai regretté d'y être allée.
Un très beau jeu d’acteurs et une mise en scène qui donne à réfléchir une fois la pièce terminée.. je m’attendais à plus d’émotion (on m’avait conseillé d’y aller avec des mouchoirs) et en fait pendants toute la pièce il n’y a que peu de place à l’émotion , plutôt le côté clinique et le combat contre la maladie qui prédominent .. et l’émotion vous tombe dessus tout à la fin finalement quand vous pensez que tout est fini …pourquoi dire que c’est un plagiat une même histoire peut se raconter de mille façons..
Pour moi l'émotion était au rendez-vous et les rires aussi. La mise en scène est parfaite, les acteurs jouent de façon très juste. Beaucoup pleuraient à la fin et pourtant on garde un très bon souvenir. À voir
Pièce bien jouée malgré une mise en scène très minimaliste. La musique est beaucoup trop forte. Cette pièce jouée à Cabourg, ville où la moyenne d'âge est élevée, n'était pas forcément le meilleur choix. Nous nous sommes ennuyés
Pièce ennuyeuse, je m'endormais. Exposition très basique de la maladie lorsqu'on a lu un peu sur les symptômes et l'importance de la musique pour faire resurgir des souvenirs...et pourquoi c'est la femme qui endure la souffrance?
Les comédiens jouent bien. Par contre la pièce est ennuyeuse, la mise en scène pas incroyable, les dialogues pauvres….. on est très loin de se souvenir des jolies choses , loin de tout …. Une réalité basique décrite sans rien d extraordinaire, j aurais aimer une pièce débutant sur une histoire d amour folle à la Alabama Monroe puis par la suite une aidante amoureuse à la Amélie Poulain un peu de suite dans les idées de poésie et d imaginaire permettant de nous faire supporter l insupportable qui touche la plupart d entre nous….. Pesant aussi les stades un , deux, trois qui ne servent à rien… les scènes de violences et d essoufflement du couple sont longues et pesante bref même si le comédien joue magnifiquement bien on a qu une envie comme elle le suggère…. Qu il coule dans la baignoire le plus rapidement possible !!!! Dommage…..
Pour celles et ceux qui pensent que cette pièce est adaptée ou un plagiat du film de Breitman, pas du tout . C'est une adaptation du livre de SEAGER. Donc pourquoi comparer ? Appréciez une œuvre pour ce qu'elle est et le travail qu'il y a derrière: mise en scène, répétitions, scénographie, lumière, son etc, au lieu de juger ! Je défends le travail des comédiens par forcément celui de cette pièce.
Que le public soit jeune ou âgé, qu'il y découvre la maladie importe peu : ce n'est pas le travail des metteurs en scène, comédiens de faire en sorte de ménager les susceptibilités . Bien au contraire, l'artiste dérange, fait se poser des questions, fait se révolter, etc.
Ils-elles créent et interprètent avec leurs visions du monde, des situations réelles ou irrationnelles; Que cela résonne en nous ou pas, c'est uniquement du ressort de celui qui regarde la pièce, le film ou qui lit le livre, pas celle de l'artiste qui crée, joue, écrit etc. Donc dire que c'est peut-être un sujet mal choisit parce que certains vont y revivre des souffrances, c'est une évidence biblique mais c'est leur choix d'aller voir la pièce ou non en connaissance de cause : ils sont au courant de ce qu'ils vont y trouver ! d'où une critique facile sur des critères biaisés "qui n'a pas beaucoup plus de profondeur" que la pièce qu'elle prétend évaluer, pour reprendre votre tournure de phrase !
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