Retour à Kensington

Un pseudo-roman qui n’a ni queue ni tête…donc sans boussole !
De
Vincent Roy
Le Cherche Midi
Parution en décembre 2023
118 pages
15 €
Notre recommandation
2/5

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Thème

 Difficile de définir quelque chose d’inexistant ! Sauf à considérer que le roman ne vaut que par ce qu’il ne dit pas et que le lecteur doit l’imaginer plutôt que le lire, tout au plus est-il question ici d’un amour « tout beau-tout neuf », issu d’une rencontre récente entre l’auteur, une espèce de phallocrate rompu aux conquêtes éphémères, et Alice, une jeune italienne brillante, belle et cultivée, courtier en art de son état et résidant à Kensington ; tout pour plaire à l’amoureux transi qui cette fois et pour elle, va rompre sans délai avec son épouse statutaire et les jumeaux de 20 ans issus de leur couple usé et désabusé. Cet amour éprouvé pour Alice, subit comme un orage, se nourrit de regards et de sourires béats, de rares conversations échangées en français ou en italien sans qu’on en connaisse la teneur, de petites escapades et de baisers fougueux entre Lisbonne, le Léman et Paris, de désir et d’extases amoureuses assouvies aux heures convenues pour l’exercice, le matin et le soir, jusqu’à épuisement. 

 S’agrègent à l’aventure banale de cet homme d’âge mûr qui rompt ses liens pour se perdre dans une relation pleine des promesses de l’aube, d’autres histoires sans rapport apparent avec ce récit, sans explication ni justification, pas même celle de nourrir les conversations des deux amoureux, de révéler leurs goûts et leurs ambitions ou d’expliciter leur félicité toute neuve. Ainsi l’auteur évoque-t-il tout à trac la quête libidineuse du chevalier de Seingalt, alias Casanova, pour une demi-mondaine, la disgrâce physique de Mirabeau, aussi manifeste que son intelligence et sa virilité, le départ de Balzac pour l’Ukraine à la recherche de Madame Hanska, le premier passage de Haydn à Londres en 1791… Et encore ici et là, administre-t-il quelques volées de bois vert aux transgenres et aux wokistes, sans doute bienvenues en soi mais servies là comme un cheveu sur la soupe.   

Points forts

 Aussi difficiles à circonscrire que le thème. Quelques envolées plus inattendues qu’amusantes, un style qui peut plaire ici ou là, disons plutôt surprendre, une liberté de ton qui a sans doute vocation à illustrer la liberté tout court, des absences ou des manques pour solliciter l’imagination du lecteur. 

Quelques réserves

 Beaucoup de réserves en effet puisque ce roman, si c’en est un, n’a ni queue ni tête, le lien amoureux entre l’auteur et Alice étant traité de manière superficielle, qualifié « d’amour vrai », ce qui reste à démontrer tant il passe pour banal, tout le reste n’étant que prétexte à digressions sans fil conducteur sinon celui pour l’auteur de dire tout ce qui lui passe par la tête.

Encore un mot...

En lisant ce livre, le lecteur est condamné à se prendre pour un imbécile qui n’a rien compris à toutes ces incongruités, à toutes ces suites de mots et d’idées taguées sur cent pages, pour une brute qui n’entend rien à la poésie, ou encore et ce sera mon parti, à regret et amer, à dénoncer l’imposture. 

A propos d’un ouvrage voisin intitulé Un printemps neuf, l’auteur déclarait « qu’il était important de parler de la gratuité heureuse qu’implique l’amour vrai », un état auquel il semble décidément postuler. Et d’ajouter « que le roman devait s’affranchir de la description, de celle des paysages, des villes, des monceaux de nature qui prennent le pas sur la narration ». Au profit de quoi ? Mais « de la présence du style » bien sûr, « ce qui demeure dense quand l’écriture cesse d’être écrivante ». Décidément, le lecteur n’est guère plus avancé par l’explication de texte que par le texte lui-même et par ce qu’en dit l’auteur. Adieu Balzac, Maupassant, Giono, Zweig, Dostoïevski, Marai ! 

Une phrase

 “ Voila du blanc, du sucre, du sel, du mauve, de l’iode, des tulipes jaunes, des ports, pas besoin de bouger pour y être, c’est dans le cœur que le paysage descend, la lumière dans les vertèbres, des stocks de temps dans les veines. Ah ! ça bat, ça horloge, ça gonfle, tout au souffle, bouche-à-bouche, ça éclate sur les langues.” P 81

L'auteur

 Vincent Roy est journaliste, critique littéraire, auteur. Il a publié plusieurs ouvrages, Matzneff, l’exilé absolu (Michalon, 2003), L’instant désiré (Le Cherche Midi, 2004), Les corps virtuels (La table Ronde, 2005), Un printemps neuf (Le Cherche Midi, 2022).

Commentaires

DUPONT
sam 31/08/2024 - 15:46

Ce BAVEUX EST NUL.

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