Touchée Par Les Fées. Ultima verba

Ariane Ascaride trimballe ses souvenirs dans de grosses valises qui, posées au centre de la scène, disent à la fois l’exil des siens, l’envie de fuir, la volonté de ne pas enfermer ses rêves. 

Chaque valise contient une photo : il y a Michel, le père, d’origine napolitaine, un homme beau et volage, et puis Henriette, la mère, triste et résignée. C’est une famille marseillaise pauvre, « un peu crasseuse » ajoute Ariane Ascaride, plongée dans une  ambiance électrique, où le père et la mère ne s’adressent jamais la parole, ou alors juste pour s’engueuler, car le père collectionne d’innombrables maîtresses - la boulangère, la fermière, la lavandière - comme autant de figurines « dans la crèche du petit Jésus. »

Enfant « tombé de la lune », Ariane va remplir les blancs, les silences entre ses parents grâce aux mots des autres, ceux des grands auteurs et leurs  textes, qui transforment le théâtre en un lieu sacré. Elle vit une enfance où elle poursuit les elfes et les fées, joue avec Peter Pan, rêve de s'envoler. 

« Impose ta chance, serre ton bonheur, va vers ton risque » écrivait René Char pour Ariane ce sera donc le Conservatoire, la rencontre de l’homme aimé, le réalisateur Robert Guédiguian, puis l’ enchaînement des tournages. « Je suis passée, dit-elle, du théâtre d’un napolitain au cinéma d’ un arménien. » 

Côté risque, les tréteaux toujours, avec cette devise : « La vie sans le théâtre, ce n’est pas la vie, c’est l’ombre de la vie. »