
Les fausses confidences
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Thème
Dorante, avocat sans le sou, est amoureux fou d’Araminte, un riche parti destiné par sa mère au comte Dorimont.
S’engage un jeu de manigances mené par les domestiques de chacun pour faire aboutir un mariage entre ces jeunes personnes, avec pour principe de base : prêcher le faux pour savoir le vrai et mener à bien le projet. Que d’intrigues et de retournements !
Points forts
L’écriture prodigieuse de Marivaux : quel plaisir de se replonger dans le langage fort courtois et plein d’humour de l’auteur qui se joue des circonstances et les décrit avec grâce !
La distribution est épatante. Chaque comédien est à sa place dans son rôle comme dans son texte. La tenue en costume d’époque contribue à nous reporter dans ce siècle où les choses se disaient avec élégance et les mensonges s’affirmaient avec un bel aplomb.
La mise en scène de Françon est sobre, convenant parfaitement aux différentes situations et elle permet la mise en valeur des comédiens, ces mêmes comédiens qui, dans la pénombre de la scène, se chargent des changements de décors très discrètement.
Le tableau final est une réussite : les uns après les autres, les comédiens viennent sur scène ajouter un commentaire à la situation. Ainsi, ils se retrouvent tous sur le plateau pour nous saluer. C’est fort bien amené.
Quelques réserves
- Rien à redire devant un conte si jubilatoire !
Encore un mot...
On comprend ici le succès qu’eut à son époque le marivaudage, cette délicatesse immense permettant d’exprimer tous les sentiments avec joliesse, avec tous les stratagèmes permis pour obtenir gain de cause. Mais ici les termes sont choisis avec soin, les phrases sont élégamment troussées et le récit est remarquablement servi par des comédiens chevronnés.
L’ensemble est enchanteur. Cette pièce sera suivie début juin par une autre œuvre de l’auteur : La seconde surprise de l’amour.
Une phrase
« Dans tout ce qu’il s’est passé chez vous, il n’y a rien de vrai que ma passion qui est infinie et que le portrait que j’ai fait ; tous ces incidents qui sont arrivés partent de l’industrie d’un domestique (…) qui m’a, pour ainsi dire, forcé de consentir à son stratagème. »
« Après tout, puisque vous m’aimez véritablement, ce que vous avez fait pour gagner mon cœur n’est point blâmable : il est permis à un amant de chercher les moyens de plaire, et on doit lui pardonner lorsqu’il a réussi. »
L'auteur
Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux, dit Marivaux (1710-1763), né dans une famille de petite noblesse, délaisse rapidement ses études pour fréquenter les salons célèbres de l’époque (Mesdames de Lambert et de Tencin).
Il y découvre la préciosité, élément essentiel de son langage littéraire et se livre à différents genres d’écriture, mais ce sont ses pièces de théâtres qui vont le lancer, notamment le trio de tête : La surprise de l’amour, La double inconstance, Le jeu de l’amour et du hasard. Ce sont des comédies d’intrigues, de mœurs, comédies sociales et philosophiques d’une grande finesse de propos.
Marivaux, témoin et rapporteur de l’art de vivre de la société du XVIIIème siècle, donnera lieu au néologisme « marivaudage », qui exprime les sentiments avec galanterie ainsi que les procédés de séduction courtoise. Il est élu à l’Académie Française en 1742 et mourra d’une pleurésie en 1763.
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