Le Petit Prince
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Thème
En panne dans le désert du Sahara, l’aviateur qui a renoncé à jamais à dessiner doit réparer son moteur avant d’avoir épuisé ses réserves d’eau.
C’est alors que survient un enfant, un « petit bonhomme » aux cheveux dorés, à la fois décidé et lunaire qui, sans autre préambule, lui demande avec insistance de lui dessiner un mouton, ne répond jamais aux questions qu’on lui pose et a un rire de grelots.
Points forts
La grâce juvénile de Hoel Le Corre donne une voix et un corps parfaitement adaptés au personnage du Petit Prince.
Le décor offre un bien joli écrin à la magie du texte : le sol recouvert de granulés de liège ; l’écran en tulle sur lequel apparaissent les planètes ; les étoiles, les roses, le renard et le serpent jaune, la musique. Tout ceci dessine un univers graphique animé et onirique.
Le texte est fort judicieusement adapté à la mise en scène au prix de coupes indiscutables.
Ce spectacle est une ode à l’imagination et une invitation à rester en contact avec l’enfant qui est en chacun de soi, avec son inextinguible curiosité, ses chagrins premiers, la fraicheur d’un regard absolument dénué de préjugé sur le monde et ses absurdités.
Le Petit Prince, livre « écrit pour les enfants à l’intention des grandes personnes » n’en finit pas, lecture après lecture, de révéler la profondeur de son propos. Souvent pastiché, parfois moqué (ainsi par Renaud, dans le couplet final de son désopilant Gérard Lambert), il reste une merveille à lire et relire, voir et revoir.
Quelques réserves
On peut trouver quelques mouvements et tons de voix un peu outrés, quand on a imaginé le Petit prince comme un enfant calme, aux gestes fluides et aériens. Mais c’est sans doute pour tenir compte d’un public enfantin pour qui les mots dits ne suffisent pas toujours à garantir la concentration.
Le dessin animé de la rose tranche avec l’esthétique plus raffinée et sobre des autres représentations graphiques, et c’est dommage. L’on se demande du reste pourquoi la rose a un accent et des formules britanniques…
Encore un mot...
La panne vécue par le narrateur a été celle de Saint-Exupéry lui-même en 1935, dans le désert de Lybie. Au cours de cet épisode dont il se souvient dans Le Petit Prince, son mécanicien André Prévot et lui, sévèrement déshydratés, sont frappés d’hallucinations visuelles et auditives.
Il y a une note “écolo“ dans cette fable qui moque les obligations des grandes personnes : du roi au businessman en passant par le géographe, tous ces gens qui, assoiffés de pouvoir et d’autorité et pénétrés d’un sombre esprit de sérieux, demeurent aveugles à leur propre ridicule et aux contraintes qu’ils s’infligent ou qu’ils laissent les ligoter. L’arbitraire des consignes bureaucratiques et des taxinomies ridicules fabriquées par un certain savoir, la fascination pour les chiffres, le désir de posséder, tout ce qui, intégré au quotidien des vies communes et in-interrogé, prive l’individu de tout ce qui est important : sa liberté, le monde et les autres et donc de lui-même.
C’est pourquoi il faut emmener d’urgence les enfants et les adultes voir ce spectacle, qui reste à ce jour une des adaptations les plus réussies de ce texte.
Une phrase
« Il y a des millions d’années que les fleurs fabriquent des épines. Il y a des millions d’années que les moutons mangent quand même les fleurs. Et ce n’est pas sérieux de chercher à comprendre pourquoi elles se donnent tant de mal pour se fabriquer des épines qui ne servent jamais à rien ? Ce n’est pas important la guerre des moutons et des fleurs ? (…) Et si je connais, moi, une fleur unique au monde, qui n’existe nulle part, sauf dans ma planète, et qu’un petit mouton peut anéantir d’un seul coup, comme ça, un matin, sans se rendre compte de ce qu’il fait, ce n’est pas important ça ! »
« Ma vie est monotone. Je chasse les poules, les hommes me chassent. Toutes les poules se ressemblent, et tous les hommes se ressemblent. Je m’ennuie donc un peu. Mais, si tu m’apprivoises, ma vie sera comme ensoleillée. Je connaîtrai un bruit de pas qui sera différent de tous les autres. Les autres pas me font rentrer sous terre. Le tien m’appellera hors du terrier, comme une musique. Et puis regarde ! Tu vois, là-bas, les champs de blé ? Je ne mange pas de pain. Le blé pour moi est inutile. Les champs de blé ne me rappellent rien. Et ça, c’est triste ! Mais tu as des cheveux couleur d’or. Alors ce sera mer- veilleux quand tu m’auras apprivoisé ! Le blé, qui est doré, me fera souvenir de toi. Et j’aimerai le bruit du vent dans le blé... »
L'auteur
Ecrivain, reporter et aviateur, Saint-Exupéry a écrit Le Petit Prince à New-York pendant la guerre. Publié d’abord aux Etats-Unis en 1943, puis en France après sa disparition, ce conte traduit en 361 langues, devient presqu’immédiatement un succès mondial. Il est le deuxième livre le plus traduit au monde après la Bible !
Une statue en cuivre d'Antoine de Saint-Exupéry et du Petit Prince, œuvre de Christiane Guillaubey, est exposée sur la place Bellecour à Lyon, ville de naissance de l’écrivain.
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