Gargantua
Durée : 1h10
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Thème
Vêtu d’un long manteau à la mode orientale et coiffé d’une calotte, Pierre-Olivier Mornas présente une dizaine de moments-phares du livre de Rabelais, qui permettent de suivre le voyage initiatique de Gargantua, depuis sa naissance (« à boire ! » est son cri) jusqu’à son accomplissement en tant que chef de guerre et roi éclairé, sauveur juste et magnanime, qui offre le pardon à son ennemi Picrochole et à son peuple.
On le suit d’emblée dans les aventures folles de ce géant hors du commun, toujours prêt pour un festin.
Le spectacle s’achève par l’accomplissement de ce géant de l’âme et de l’esprit, doué d’intelligence, de tolérance, d’amour et d courage.
Points forts
La langue du XVIème siècle a été intelligemment adaptée pour devenir accessible, mais la verve de Rabelais, jouissive et généreuse, n’est pas trahie : on est emporté par la débauche de mots qui fleurissent dans le texte de Rabelais : énumérations, jeux de mots riches et libres, propos truculents voire obscènes, précisions presque anatomiques au service d’une énormité jusque dans les plus petits détails. Verve, humour, excès : tout y est !
Le comédien joue magnifiquement tous les rôles. Arrivant sur scène avec un sourire espiègle, il incarne à la fois Rabelais, Grandgousier, Gargantua, le barbon théologien Thubal Holoferne, le sage Ponocratès, Picrochole…
Les thèmes présentés sont d’une extraordinaire actualité : en opposition à l’obscurantisme du Moyen-Age, le spectacle fait vivre l’humanisme de la Renaissance. Contrairement à Thubal Holoferne qui fait mémoriser à Gargantua les textes anciens et lui demande de les réciter à l’endroit et à l’envers, Ponocratès le sage lui fait exercer son corps autant que son esprit et lui ouvre les portes du savoir. Outre le thème de l’éducation, celui de la guerre est également présenté d’une manière moderne, ouvrant sur l’apprentissage du pardon et sur la tolérance. La relation père-fils est également bien présentée. Le sexe et la boisson sont présents, éveillent le rire, mais là n’est pas le sujet principal du cheminement évoqué.
La joie est omniprésente, elle est le but que chacun doit atteindre, à travers le rire, la parole et l’échange.
La mise en scène est très bien adaptée. L’accompagnement musical, discret, n’en demeure pas moins évocateur. Les livres et objets placés au début dans la petite échoppe tombent, bougent et jouent habilement avec le récit. Un tableau noir qui sert à l’écriture de certains mots est un bon support de compréhension pour le public et la lumière permet les sautes dans le temps et dans l’espace.
Quelques réserves
- Pas de réserve dans ce spectacle courageux, qui montre parfaitement combien un texte vieux de cinq siècles a de choses à nous dire.
Encore un mot...
- Ce spectacle innovant fait vivre les valeurs essentielles de l’humanisme, et donc de notre temps.
Une phrase
« Il vaut mieux écrire du rire que des larmes,
Parce que rire est le propre de l’Homme.
Vivez joyeux .»
L'auteur
François Rabelais, l’un des humanistes les plus connus de la Renaissance, est né près de Chinon entre 1483 et 1494. Ecclésiastique, médecin, écrivain, il a passé sa vie à découvrir et à apprendre, observant la société, dénonçant pédants et hypocrites, manifestant constamment sa bonne humeur.
En 1532, il publie Pantagruel sous le pseudonyme d’ Alcofribas Nasier (anagramme de François Rabelais) puis Gargantua en 1534 sous le même pseudonyme, précaution utile puisque tous ses livres sont censurés par la Sorbonne.
François Rabelais meurt en 1553.
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