Les Papillons noirs

Minisérie à la “M le Mody”… Une tragédie, imparable, serrée et cohérente. Certaines scènes à éviter pour les enfants.
De
Olivier Abbou et Bruno Merle
Arte / Netflix
Six épisodes de 45 à 64 mn chacun
Avec
Niels Arestrup, Alice Belaïdi, Alyzée Costes, Lola Creton, Nicolas Duvauchelle, Axel Granberger.
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

  • Adrien Winckler, ancien détenu devenu romancier de polars sous le pseudonyme de Mody (Nicolas Duvauchelle), tire un peu le diable par la queue. Autant sa compagne Nora (Alice Belaïdi), chercheuse en laboratoire, incarne un certain équilibre, autant lui peine à se trouver, en dépit du succès d’estime de son premier roman noir. Ni sa mère, qui s’occupe de femmes battues, ni Nora ne parviennent tout à fait à le rassurer et à le stabiliser.
  • La suite ne va pas arranger les choses, car voilà que, sur la foi de son récent livre qu’il dit admirer, un certain Albert Desiderio, septuagénaire (Niels Arestrup) condamné par la médecine, propose à Mody un marché singulier, mais lucratif : en l’échange de monnaie sonnante et trébuchante, Adrien viendra au domicile d’Albert, quelque part dans la campagne normande, pour enregistrer ses mémoires et en faire un roman.
  • Or ce qui lui est donné à entendre dépasse - et de loin - ce qui se fait de plus noir en matière de récit. Au fil de la narration,  Mody va vite s’apercevoir, le plus souvent à ses dépens, que primo les apparences sont trompeuses, et que secundo il porte bien son nom de plume…

Points forts

  • La minisérie repose sur un scénario assez retors, entrecroisant par des flash back bien agencés, un passé plus (fin des années 1950) ou moins (milieu-fin des années 1970) lointain avec notre présent.
  • L’intrigue est celle d’une vraie tragédie, imparable, serrée et cohérente. C’est également un thriller  qui réserve son lot de situations inattendues, d’apparences trompeuses, de rebondissements saisissants, le tout parcouru d’une tension permanente, sans aucun relâchement du suspense.
  • On est impressionné par la reconstitution de la France en villégiature des années 1970 : tout est juste dans le décor, l’atmosphère post-soixante huitarde, la fin en apothéose des Trente glorieuses…
  • Tous les acteurs donnent leur meilleur, chacun dans son registre : Niels Arestrup souvent déroutant, Nicolas Duvauchelle, pris dans un champ de forces contraires et mortifères, et surtout Alyzée Costes, qui incarne à la perfection une Solange (mark I) à la fois solaire et d’une insondable noirceur.

Quelques réserves

  • Certaines scènes ne sont pas à mettre sous les yeux de n’importe quel public, même si elles ne sont jamais gratuites.
  • La réserve la plus tangible réside dans le choix compréhensible mais discutable de remplacer Alyzée Costes par Lola Creton pour incarner Solange mark II à la fin des Papillons noirs. Certes, il est de mode (cf. The Crown) de changer les comédiens incarnant le même personnage d’une saison sur l’autre, sans que la nécessité soit si évidente : c’est ainsi que la princesse Margaret, élancée, vivante et sensuelle de la première saison prit ensuite les traits d’une actrice un peu boulotte, rappelant instantanément son personnage de sorcière déjantée dans Harry Potter
  • Les concepteurs de la minisérie ont été un peu pris au piège d’une intrigue comportant une dissimulation d’identité. Cela les conduisit à abandonner une Solange mark I incandescente à souhait pour la remplacer par une “souris grise“ - parfois affublée d’une ridicule perruque - n’ayant du reste rien à voir non plus avec la physionomie de Solange mark III ! N’eussent été ces métamorphoses peu crédibles, « les crimes étaient presque parfaits »…

Encore un mot...

  • Ces Papillons noirs n’ont vraiment pas volé leur couleur, et ils nous livrent une réflexion profonde et paradoxale sur l’amour fou, la transmission des névroses, la résurgence des blessures intimes les plus enfouies, le tout dans un ballet de destinées tragiques.

Une phrase

Albert Desiderio : « Les enfants, c’est sacré… »

L'auteur

  • Bruno Merle est réalisateur de courts et de longs métrages (Héros, 2007 ; Félicita, 2020), mais aussi scénariste pour des séries télévisées. Sa première collaboration avec Olivier Abbou remonte à 2002, quand les deux compères réalisent le clip du morceau Indigo Blues du compositeur Llorca. 
  • De son côté, Olivier Abbou étudie d’abord à l'École supérieure d’études cinématographiques (ESEC), puis réalise divers courts métrages (Un jour de plus, Clin d'œil, Le Tombeur) ainsi qu'un moyen métrage (Manon), primés dans de nombreux festivals. Il réalise en 2007 la mini-série Madame Hollywood, coécrite avec Delphine Bertholon (Canal Plus), apparaît dans le film Héros de Bruno Merle. En 2011, il réalise Territoires, un thriller, puis une comédie d’aventures, Yes We Can. Il s’essaye enfin à la minisérie, avec Maroni, un 4 x 45 mn qui a pour cadre la Guyane (Arte, 2016), avant de réaliser Les Papillons noirs avec B. Merle.

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