On est le mauvais garçon qu’on peut. Notes de prison

La trace subjective et attachante d’un atelier d’écriture animé par l’auteur
De
Nicolas Fargues
P.O.L.
Parution en octobre 2024
144 pages
16,00 €
Notre recommandation
3/5

Infos & réservation

Thème

Le romancier Nicolas Fargues a animé un atelier d’écriture pendant sept mois à la prison de la Santé, à Paris, à l’initiative de l'Association Lire pour en Sortir qui mène depuis dix ans en milieu carcéral des actions de réinsertion par la lecture. A partir de ses notes prises au fil de l’eau, l’écrivain condense dans ce court recueil, ses impressions, ses pensées, ses interrogations. 

Points forts

Le livre juxtapose ressenti subjectif de l’auteur et certains traits saillants du huis clos de la détention qui ont marqué son esprit ou  touché sa sensibilité.

Impressions, anecdotes, observations, convictions, surgissent éparses au fil de l’avancée de N. Fargues dans son projet, celle-ci étant à la fois concrète au travers des rendez-vous hebdomadaires et intérieure au fur et à mesure des liens tissés avec les détenus, de sa perception de leur univers et des textes qu’ils échangent. 

Quelques extraits de ces textes font apparaître les failles et les émotions que les détenus s’évertuent le plus souvent à dissimuler.

S’immisce alors entre les lignes, derrière les non-dits, l’humanité qui persiste, presque en secret, dans un monde de grande dureté. 

C’est la force de ce livre, que de retracer sans angélisme, avec une certaine distance, parfois avec ironie, mais aussi avec une certaine tendresse, voire une jubilation dans la transgression complice, le quotidien des détenus, leur lot de colères, frustrations, attentes, …et rêves quand ils en ont encore. 

L’écriture est singulière : rapide, hachée, elle est constituée de phrases courtes et le plus souvent ramassées, à l’image des notes jetées pêle-mêle sur le papier au fur et à mesure. Cette construction donne au livre un phrasé particulier qui fait écho au rythme à la fois syncopé et monocorde de la vie carcérale.

Quelques réserves

L’écrivain assène, de loin en loin, quelques considérations sociétales sujettes à débat sans argumenter son propos. Mais c’est fugace et très secondaire par rapport au sujet central du livre qui tient dans ces mots de N. Fargues : « écrire est une forme de remise de peine. » (p. 105)

Encore un mot...

Si l’on est intéressé par le milieu carcéral, on lira également avec intérêt le livre témoignage du Dr Véronique Vasseur, Médecin-chef à la prison de la Santé (Le Cherche Midi, 2001), toujours d’actualité.

Une phrase

« Pour démontrer à mes élèves qu’on peut s’exprimer avec une certaine poésie sans nécessairement avoir fait d’études, je lis à mes élèves du jour une phrase extraite d’un texte de W., du QH 5 : « J’aime les longs trajets côté passager. » Commentaire amusé de N. : « C’est en effet une jolie façon de décrire les joies du go-fast. » p. 104

L'auteur

Nicolas Fargues, né en région parisienne en 1972, suit ses parents dans leur vie d’expatriés. 

Après des études de lettres à la Sorbonne, il exerce divers métiers de l’édition et de l'audiovisuel, pigiste, lecteur, puis concepteur-rédacteur de bandes annonces avant de vivre de sa plume.

Il publie son premier roman en 2000 et connaît son premier succès public en 2002 avec la parution de One Man Show (P.O.L).

Entre 2002 et 2006, il dirige l’Alliance Française à Madagascar puis revient s’établir avec sa famille à Paris. 

Son roman Tu verras (P.O.L, 2011) a reçu le Prix France Culture -Télérama.

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