Entier
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Thème
- Dans cette série de sketchs, Didier Bénureau incarne de multiples personnages hauts en couleurs, et la plupart du temps assez répugnants : un président de la République au cynisme sans fond, un sous-officier des CRS en mode « adjudant Kronembourg », l’évêque de Bruxelles (fondateur de l’ATEB, Association des Travestis Evêques de Belgique) et bien d’autres encore...
Points forts
Il y a ici ou là des fulgurances qui déclenchent des rires nourris : ainsi le discours d’un Président qui, en proposant à « cette belle jeunesse de nos sauvages banlieues » des « big jobs for a mini-salaire », ou le monologue rance d’un retraité particulièrement infect, une belle-mère parlant à son gendre ou à sa fille comme si elle était atteinte du syndrome de La Tourette…
- Le final, avec l’hommage au célébrissime Moralès, s’assure un succès auprès d’un public qui rend en applaudissements l’énergie que déploie sans s’économiser Bénureau, et ce tout au long de son « one man chauve. »
Quelques réserves
Didier Bénureau semble du calibre de ces comiques qui, à l’instar d’un Christophe Alévêque, taquinent les limites ; en effet, il n’hésite pas à proférer des horreurs que nombre de ses collègues s’interdiraient, “politiquement correct“ et souci de carrière obligent.
Malheureusement ses thématiques – comme celle des “communautés“ à propos desquelles il nous aborde bille en tête – sont traitées avec peu d’audace, car l’on attend autre chose que des moqueries sur la corporation des « nez qui goûtent » ou des « triple mentons ». Il y a un filon que l’humoriste laisse échapper.
De la même manière, son outrance verbale n’exclut pas des facilités :
un registre scatologique un peu trop systématiquement convoqué ;
des effets un peu appuyés, ainsi sur les accents, qui donnent le sentiment que Bénureau passe souvent un peu trop « en force. »
Encore un mot...
- Indiscutablement, Didier Bénureau est « Entier ». Il est aussi généreux, jusque dans ses postillons, qui donnent un surcroît de crédibilité à son détournement de la chanson de Jacques Brel (l’un des maîtres de cette spécialité) Voir un ami pleurer… sauf que ce ne sont pas des larmes qui atteignent les premiers rangs…
Une phrase
« Il faut être généreux pour être violent. » (aphorisme de l’adjudant-chef Crespo, CRS et philosophe à ses heures).
Le Président [à ses concitoyens] « Nous sommes dans le même bateau : je tiens la barre, vous ramez… »
« Toi, qui l'auras trop bien’aimée
Et parefois même z’abusé
Te voilà donc dedans la bière
Dors, soldat Moralès
Dors, dedans ta caisse !
Car par-delà de ta mort
Et de ces vers qui te picorent,
Dans mon esprit tu brilles t’encore.
Enfant de Marie tout en guenille
De la nation tu fus le pupille
Bébé martyr et vi-olé
Tu devins vite alcoolisé… »
(extrait de la Chanson pour Moralès)
L'auteur
Né en 1956, Didier Bénureau fréquente d’abord “Le Petit théâtre de Bouvard“, pépinière du rire français à partir de la seconde moitié des années 1980 (avec les futurs Inconnus, Muriel Robin, Chevallier et Laspalès, Mimi Mathy, et – hélas - Bigard). En 1986, il écrit avec Muriel Robin MAMAN ou donne-moi ton linge ou je fais une machine ! Il monte ensuite sur scène en 1988 avec son premier spectacle solo, Enfin Bénureau.
Au cinéma, on le voit dans Trop belle pour toi de Bertrand Blier, ainsi que dans divers seconds rôles pour des films de Diane Kurys, Jean-Marie Poiré, Luigi Comencini, Alain Berberian, Valérie Lemercier, Dominique Farrugia.
Il rencontre Dominique Champetier en 1993, qui deviendra son fidèle complice, puis joue
dans les Brèves de Comptoir (mises en scène par Jean-Michel Ribes) et chronique
sur France Inter (Le Fou du Roi de Stéphane Bern).
Bénureau rencontre un succès considérable en 2001 avec son spectacle « Pour Morales », qu’il déclinera même en disque (« Reggae pour Morales »).
À partir du 23 janvier 2023, dans la série Scènes de ménages sur M6, il incarne le personnage de Gilbert, un patron retraité d'une entreprise, les "Transports Gilbert" aux côtés de Fanny Cottençon, qui joue sa femme Christine.
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