
Ne le dis pas à ton frère
Traduit de l’hébreu par Sylvie Cohen
Publié le 10 octobre 2024
268 pages
23 €
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Thème
Deux frères : Itamar, né en 1945 à Jérusalem, réside aux Etats-Unis depuis 35 ans où il dirige un club de gymnastique ; il a toujours été d’une beauté saisissante, adulé par sa mère qui le comparaît à Apollon. Et un détail qui comptera par la suite : il est myope comme une taupe. Boaz le cadet de 2 ans, ingénieur, vit non loin de Tel Aviv avec sa femme Maya et ses deux enfants. Nous sommes en 2010 : les deux frères se retrouvent pour une « nuit rituelle » de retrouvailles autour de la boukha, alcool de figues, et de mezzé. Lors de cette nuit « particulière », Itamar, appelé Ita, décide de raconter une mésaventure qui lui est arrivée 20 ans auparavant. Alors qu’il était revenu pour l’anniversaire du décès de leur mère, il était attablé dans un bar et s’est vu proposer par la gérante de ce bar de rejoindre l’une de ses amies. A la fois passif et curieux, Itamar va suivre cette jeune fille fort belle !
Ce récit est aussi l’occasion d’un retour sur l’enfance, la jeunesse et les vies adultes des deux frères.
Points forts
- L’originalité de l’intrigue : une nuit « rituelle » au cours de laquelle deux frères se retrouvent autour d’histoires familiales tant et tant de fois entendues.
- La narration originale : quasiment tout en dialogues, ou quelques monologues d’Ita, le narrateur principal, avec toutefois les interruptions et commentaires de Boaz, leurs souvenirs communs.
- Ces dialogues entremêlés : changements de lieux, d’époques, de personnages, les blagues des frères.
- Le suspense : quelles sont les motivations de la belle inconnue ?
- Une histoire vécue : un thriller semi-érotique ?
- L’inversion des rôles : conquête féminine inversée avec l’homme devenu homme
Quelques réserves
Si l’histoire peut attirer, elle peut aussi apparaître légère. Si la narration originale avec ses dialogues peut être un point fort, elle entraîne, pour moi, une lecture plus « compliquée » : il faut suivre tous ces dialogues d’Itamar et Boaz passant d’une époque à l’autre de leurs vies, d’un événement à l’autre, de l’aventure particulière d’une nuit au récit, de leur jeunesse à leurs vies actuelles….
Encore un mot...
A travers cette aventure d’une nuit, ces retrouvailles d’une nuit fraternelle, Shalev me semble avoir construit un roman plutôt joyeux et plein de péripéties sur différents thèmes : la vie, l’amour pour les femmes, le sexe, la virilité et les liens fraternels. Mais aussi sur la société israélienne : comment, à travers l’éducation de ces deux frères, est-elle construite ?
Une phrase
« Nous nous racontons des histoires du coucher du soleil au lever du jour, nous mangeons et buvons – nous « picolons », comme dit Maya ma belle-sœur – nous nous saoulons sereinement, lentement, méthodiquement, et nous discutons : de mes compagnes, de la sienne, des enfants que je n’ai pas eu, de sa fille, de son fils, de ma mère et de son père, comme je m’obstine à les appeler en mon for intérieur, parce qu’il aimait mieux Boaz et que c’était moi qu’elle préférait. » P. 13
L'auteur
Meir Shalev, né en Galilée en 1948 et décédé en avril 2023, est un important écrivain contemporain israélien : romans, essais et livres pour enfants , traduits en 26 langues.
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