Lettre ouverte à François Truffaut

Nostalgie quand tu nous tiens…
De
Eric Neuhoff
Albin Michel
Parution en octobre 2024
136 pages
15 €
Notre recommandation
3/5

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Thème

Eric Neuhoff aime François Truffaut. 

Il a adoré ses films - pas tous - mais surtout, comme la plupart de ceux qui ont aimé les films, il a aimé François Truffaut parce qu'il était irremplaçable, qu'il ne ressemblait, comme ses films, à rien ni personne d'autre, et qu'ils avaient, ensemble, un charme fou.

L'auteur a éprouvé le besoin d'écrire et de publier cette lettre dès 1987, c'est-à-dire trois ans après la mort de son héros. 

Aujourd'hui, pour le quarantième anniversaire de cette disparition (ça parait incroyablement proche) il éprouve le besoin de l'actualiser pour dire à François Truffaut tout ce qui a disparu après lui, aussi tout ce qui a changé et tout ce qu'il n'a pas connu. 

Stupeur et chagrin du destinataire à n'en pas douter.

Et si Eric Neuhoff est encore là dans vingt ou trente ans, il aura encore de quoi dire !

Points forts

  • L'auteur crie son manque de Truffaut et fait saigner la nostalgie qu'il a de cette époque. Comme à un être cher, cette lettre ouverte aurait peut-être dû rester fermée. 
    " Les lettres ouvertes le sont souvent par erreur ", nous dit l'auteur, sauf que nous avons grand plaisir à partager celle-ci car elle nous fait retrouver François Truffaut et cette époque bénie pour le cinéma.

  • Le style ” mitraillette ", même s'il est un peu fatigant à la longue, donne de l'émotion à ce texte.

  • L'intérêt admiratif et sentimental de l'auteur pour François Truffaut n'est pas commandé et il sonne juste.

  • Cette lettre ouverte nous permet de communier avec l'auteur dans ce souvenir du cinéaste et de son époque qui, pour ceux qui l'ont vécue, a laissé des traces indélébiles.
    Elle nous rappelle aussi tout le charme de François Truffaut, sa voix un peu traînante, sa diction appliquée, son sérieux et la certitude de ses goûts et de ses passions ; ce qui en faisait un être d'exception, unique, qui n'a jamais été remplacé.
    Personne n'a su depuis rendre plus parfait hommage aux femmes sublimées par lui et révélées, elles aussi, dans leur plus grande originalité.
    Et puis la littérature fécondée par le cinéma de Truffaut qui restera, avec Rohmer, celui qui a donné aux livres un rôle majeur à l'écran.
    Cette hagiographie n'est pas dénuée d'humour littéraire : " Aucune enseigne de bistrot n'a jeté son dévolu sur un titre de Stendhal. Le Rouge et le Noir, ça conviendrait parfaitement à un débit de boissons. " ( ! )
    Enfin cette belle phrase de Claude Berri qui résume toute cette lettre : 
    " Quand on parle de François, on s'aperçoit que rapidement on parle de soi ".

Quelques réserves

Un peu de lassitude due au style " mitraillette ".

Encore un mot...

Francois Truffaut est devenu le nouvel Antoine Doinel d'Eric Neuhoff : à travers lui et son amitié épistolaire, il projette sur l'écran noir avec talent sa vie et ses fantasmes.

Une phrase

« Truffaut, oui, nous manque, sa voix, ses cravates en tricot. Des tonnes de livres lui ont été consacrés. Ils n'ont pas réussi à nous en dégoûter. Celui que vous tenez entre les mains était épuisé. Il reparaît sous une nouvelle couverture et avec une nouvelle introduction. Au cinéma, on appelle ça une reprise. Truffaut aux oubliettes ? Ça n'est pas demain la veille. 40 ans après sa mort, il est plus jeune que tous ses successeurs. Il restera éternellement l'homme d'à côté. » (dernière de couverture)

L'auteur

Journaliste et critique de cinéma, Eric Neuhoff, né en 1956,se révèle comme écrivain dans les années 1980 grâce à plusieurs ouvrages où le cinéma tient une place première, mais aussi en 2017 avec Costa Brava il apparaît comme le chantre au style vif de la nostalgie des années 60 et 70, à l'instar de Thomas Morales.

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