VIVIAN MAIER, NEW YORK – CHICAGO E(S)T SON DOUBLE
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Thème
Le parcours artistique de Vivian Maier née à NY en 1926 et décédée à Chicago en 2009 dans l’anonymat total est atypique et original.
Le musée du Luxembourg à Paris lui a consacré une première rétrospective fin 2021. Aujourd’hui le musée des Beaux-Arts de Quimper et celui de Pont-Aven lui consacrent deux expositions simultanées.
C’est au cœur de la société américaine, à New York puis à Chicago à partir de 1956, que Vivian Maier témoigne des grandes mutations sociales et politiques de l’histoire des USA. C’est le temps du rêve américain de l’après-guerre, de la modernité surexposée dont l’envers du décor constitue l’essence même de son travail. L’exposition permet au public de découvrir des archives photographiques et cinématographiques inédites découvertes par hasard en 2007 et de contribuer à sortir Vivian Maier de son anonymat. Cette exposition permet ainsi de saisir toute l’ampleur de la démarche de cette artiste d’origine française et austro-hongroise au regard de l’histoire mondiale de la photographie.
L’exposition du musée des Beaux-Arts de Quimper offre la liberté de cheminer à travers un parcours séquencé des salles dédiées aux principales thématiques de l’œuvre photographique Vivian Maier. La scénographie se veut efficace et pédagogique et s’adresse à un large public.
- Les scènes de rue :
En marge du rêve américain et des gratte-ciels qui caractérisent New York et Chicago, c’est un monde dur et parfois tendre qui se révèle dans les clichés de Vivian Maier où elle s’applique à photographier la multitude anonyme et la diversité des habitants à travers des petits riens et des gestes spontanés. L’ensemble des images réalisées en noir et blanc, comme une marque de fabrique, ont été prises à l’aide de sa appareil fétiche, un Rolleiflex 6 x 6.
- L’enfance :
Nourrice puis gouvernante durant sa vie entière, Vivian Maier a su conserver un regard bienveillant sur le monde de l’enfance dans sa confrontation avec celui des adultes. Modèles ou complices, apparaissant quelquefois isolés et absorbés dans leur propre univers, les enfants qu’elle nous montre sont ceux de la rue, livrés à eux même et qui, durant ses pérégrinations urbaines sont devenus ses compagnons.
- Le formalisme :
Photographe profondément humaniste, Vivian Maier révèle dans cette partie de l’exposition une autre dimension de son œuvre photographique. Elle y exprime un attrait pour des images en quête d’abstraction et de recherche formelle : composition, cadrage, géométrie des formes, jeu d’ombre et de lumière. Cet aspect de ses recherches ouvre incontestablement un nouveau chapitre de la photographie contemporaine américaine.
- La couleur :
Succombant à l’attrait de la couleur provoqué par l’essor de l’industrie photographique du kodachrome et l’utilisation d’un nouveau matériel plus léger, le Leica, Vivian Maier s’affranchit à partir de 1970 du noir et blanc. Avec l’utilisation de la couleur, elle explore le langage chromatique et s’amuse du réel… Comme le ferait un peintre, la couleur devient un sujet et une source d’inspiration à part entière.
- Les portraits :
En œuvrant comme portraitiste de rue, Vivian Maier affirme son goût pour les gens ordinaires, les femmes de milieux populaires, les personnes âgées et les déshérités, auxquels elle s’est toujours identifiée. En se rapprochant au plus près de ses modèles par le portrait, plan rapproché, visage de face sans concessions, elle permet à ses modèles de recourir à une nouvelle dignité et de conquérir une identité.
Points forts
. L’exposition propose une vision de la société américaine des années 60. Inventaire des gestes et des comportements humains capturés dans un environnement souvent urbain, l’œuvre de Vivian Maier interroge sur la réalité américaine de l’après-guerre et du rêve américain glorifiée par l’industrie du cinéma et la publicité. Cette exposition contribue à nous faire découvrir un autre visage de l’Amérique …
. A noter, la présence appuyée de la photographe dans le champ d.es images, en train de photographier et/ou de se faire photographier. Autoportraits, selfies … autant d’attention pour se mettre en scène et apparaître dans un coin du cadre comme un témoin privilégié. Tantôt comme un double, tantôt comme une ombre, Vivian Maier joue de ces mises en scène dans l’impérieuse nécessité de rappeler qu’elle existe.
. Le travail de Vivian Maier s’inscrit dans l’émergence de la photographie contemporaine américaine. D’autres figures féminines, devenues des artistes de leur vivant, comme Berenice Abbott, Dorothea Lange et Diane Arbus contribueront à la naissance d’une nouvelle génération de femmes photographes représentée aujourd’hui par Nan Godwin ou Cindy Sherman
Quelques réserves
Aucune réserve.
Encore un mot...
Après le succès de l’exposition de Vivian Maier à Paris, celle du musée des Beaux-Arts de Quimper nous ravit pour sa qualité. Bien documentée et assortie d’une scénographie soignée, elle est complétée par l’exposition du musée de Pont Aven consacrée au thème de l’autoportrait.
Cette initiative inédite engagée par ces deux musées en simultané offre au public breton l’opportunité de découvrir l’œuvre inédite de Vivian Maier avec plus de 250 clichés.
L'auteur
Comme on l’a dit plus haut, Vivian Maier est née à New York en 1926 et décédée à Chicago en 2009. Son père est américain, issu d’une famille d’émigrants autrichiens et sa mère est française.
Pour aller plus loin :
.Vivian Maier - Catalogue d'exposition, 256 pages / 250 illustrations / 2021
Coédition Réunion des Musées Nationaux - Grand Palais / diChroma photography
. Une histoire mondiale des femmes photographes, Luce Lebart et Marie Robert, éditions Textuel, 2020
©Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY
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