Tout n’est pas perdu
Infos & réservation
Thème
En marge d’une fête arrosée entre adolescents, une jeune fille est violée et torturée par un homme cagoulé qui disparaît sans laisser de traces. Rongés par l’angoisse et par la culpabilité, les parents de la victime décident de lui faire administrer un traitement que leur propose un médecin pour lui ôter la mémoire, afin de minimiser chez elle les conséquences traumatiques de l’événement. Cette décision fait ressurgir leur culpabilité et leurs propres secrets. La machine socio-judiciaire laissant les agresseurs impunis et les victimes détruites les plonge dans le désarroi. Par-dessus tout, l’amnésie qu’ils cherchent à imposer à leur fille se refuse à eux, leur désir de vengeance finissant par les ronger jusqu’à la folie.
Points forts
- Une intrigue admirablement pensée, un suspense dosé avec habileté, faisant de ce livre un thriller obsédant. L’histoire, parfois narrée à la première personne, permet au lecteur de faire mille suppositions, des plus optimistes au plus sordides, sur l’identité du « je » qui développe ce récit en ellipses. Si cette technique narrative n’est pas inédite en elle-même, elle parvient tout de même, à travers une prose précise et mordante, à tenir en haleine de la première à la dernière page.
- Le livre a cet avantage incontestable des romans policiers, celui de l’enjeu criminel qui touche aux sentiments les plus noirs et les plus profonds. En outre, l’auteur parvient ici à pousser l’angoisse à son paroxysme en s’attaquant aux perversions de l’amour parental, à la culpabilité entretenue des femmes et aux absurdités des procédures judiciaires.
- L’histoire est très documentée. Elle décrit avec une exactitude certaine le milieu policier, les techniques médicales de traitement du stress post-traumatique et leurs excès, à tel point que le roman, en apparence réaliste, prend presque des allures de science-fiction. On sent de la part de l’auteur un travail méticuleux, une connaissance fine des questions d’éthique médicale et des rouages de la Justice, ce qui rend l’histoire crédible tout en soulevant en elle des questions inédites et cruciales.
Quelques réserves
On pourra regretter, çà et là, les travers d’une écriture « à la mode » prisée par les lecteurs pressés, cette sobriété « branchée » forcément pauvre en adjectifs qui semble craindre d’« encombrer l’imagination », ces phrases courtes cherchant à être « efficaces », tout ce qui vise, en somme, à être lu d’un trait pour éviter toute « prise de tête » intempestive ou peu commerciale. Cependant, l’auteur parvient, notamment à travers certains passages décrivant le personnage torturé de la mère, à s’affranchir de ce formatage de consommation et à retrouver un souffle littéraire original.
Encore un mot...
Un thriller précis, captivant et angoissant qui, tout en appliquant les codes du roman policier, parvient à s’émanciper des attentes communes et fait plus que tenir ses promesses.
Une phrase
« Il m’a dit que tout irait bien. Et le fait est qu’il m’a réconfortée. J’ai baissé la garde ». (p 52)
L'auteur
Wendy Walker est une avocate américaine, diplômée de l’Université de Georgetown et de la London School of Economics. Elle a auparavant exercé la profession d’analyste financière chez Goldman Sachs. Elle a commencé d’écrire alors qu’elle s’était arrêtée de travailler pour élever ses trois enfants. « Tout n’es pas perdu » est son cinquième roman, sans doute le plus abouti, nourri de son expérience d’écrivain mais aussi d’avocate, ainsi que de ses connaissances en criminologie. Il est en cours d’adaptation au cinéma.
Ajouter un commentaire