Sans raison

Dans Sans Raison, Mehdy Brunet, avec un talent redoutable, nous entraîne dans le récit de meurtres  particulièrement révoltants. Ce soir-là, Josey, alors qu’il emmène son fils William assister pour la première fois à un match de football qui oppose Bordeaux au PSG, il téléphone à Christine, sa femme, restée à la maison avec Cathy leur fille. Il ne peut se  douter que c’est la dernière fois qu’il entend la voix de son épouse. Le match terminé, ils reprennent  leur voiture afin de rejoindre leur domicile situé dans la banlieue de Bordeaux. Soudain à  quelques centaines de mètres de la maison, jaillissant de l’obscurité, tous phares allumés, une fourgonnette oblige la voiture à monter sur le trottoir afin d’éviter un accident. Arrivés chez eux, ils notent tout de suite que quelque chose s’est passé. La porte est ouverte, toutes les pièces sont éclairées. Lorsqu’ils s’approchent c’est pour constater que tout est saccagé. L’écran du téléviseur a été défoncé. Leurs appels restent sans réponse, du sang s’écoule sous la porte du garage, c’est celui du chien qui a été massacré. 

Il n’y a pas de  trace de Christine et de Cathy. Josey est persuadé qu’elles ont été enlevées et qu’elles se trouvaient avec leurs agresseurs dans le Van qu’ils avaient croisé. Durant la nuit, les policiers interrogent la famille Kowalsky, car le père et le  grand-père sont venus les soutenir. 

Les recherches de la police scientifique n’apportent aucun indice. A part le croisement  avec  le Van, il n’y a aucun début de piste. Par ailleurs, la famille ne voyait pas qui, parmi leurs connaissances, aurait pu monter ce type d’agression à leur encontre… 

Le lendemain, l’horreur allait tous les saisir. Une vidéo  circulait sur les réseaux sociaux et on y voyait cinq individus cagoulés frappant Christine dévêtue avec une  violence bestiale. Puis  ils se livraient aux pires exactions sexuelles en présence de la petite fille. Quelques heures plus tard, la police put établir que la vidéo avait été envoyée d’un cyber café de Boulogne-Billancourt, non loin de l'île Seguin. Désormais, c’était au lieutenant Ackermann  de diriger les opérations. On retrouva deux corps, ceux d’une femme adulte et d’une fillette, dans la Seine en aval de Boulogne-Billancourt. Josey effondré ne pouvait en supporter davantage.  Il décida que c’était à lui qu’il revenait de  retrouver les assassins afin de leur faire subir un châtiment à la hauteur de leur ignominie barbare. Cette mission ne l’effrayait pas, il savait que plus jamais il ne serait le même. 

Polonais d’origine, les Kowalsky ayant lutté contre les Allemands puis les Russes avaient  de la ressource. Alexander son père exigea de l’accompagner, quant au grand- père, il fournit le matériel nécessaire. Les deux hommes partirent pour Paris à bord d’un véhicule de location. Ils commencèrent à planquer dans le cyber café. Ils avaient étudié pendant des heures la vidéo scrutant la physionomie, les postures de chacun des protagonistes qu’ils recherchaient. Le temps s’écoulait, le doute montait. Puis un soir, ils découvrirent  que le responsable des installations du café avait un pantalon et des chaussures semblables à  ce que portait un des hommes figurant sur la vidéo.

Le gabarit correspondait également. Ils attendirent la fermeture de l’établissement et l’emmenèrent dans un endroit discret. L’interrogatoire fut assez rapide.  L’homme s’appelait Karl. Il nia formellement avoir participé à une histoire à laquelle il ne comprenait rien. La situation risquait de s’éterniser. Josey fit appel à son arme secrète : une marmite d’huile bouillante. L’application de son contenu sur les parties intimes de Karl le rendit plus bavard…Les participants ne se connaissaient pas. Ils avaient été recrutés pour cette opération. Il finit par  indiquer le nom du propriétaire du Van, un certain Franck qui fréquentait le « Cerbar » situé dans les parages. Lorsque Josey jugea que l’homme leur avait communiqué tout ce qu’il pouvait savoir, il sortit son revolver et l’abattit d’une balle en plein front. La quête afin de mettre la main sur Franck fut plus délicate.

Josey et Alexander durent redoubler de  prudence. La mort de Karl avait amené Ackermann et son équipe à lancer une recherche les concernant. Franck alerté se montrait méfiant. Ce fut en définitive le Van qui leur permit de loger leur cible. La marmite d’huile bouillante s’avéra  à nouveau douloureusement efficace. Mais une fois encore la moisson, soit avoir le nom et l’adresse du prétendu chef de la bande, fut très limitée. Ce qui leur restait à accomplir devenait réellement problématique. Les trois rescapés les attendaient de pied ferme. Ackermann se rapprochait chaque jour un peu plus d’eux.

Enfin, depuis plusieurs jours, un personnage étrange, un homme d’un âge certain, portant en permanence un grand feutre noir suivait les protagonistes de cette chasse à l’homme. Qui était-il, que cherchait-t-il ? Comme au premier jour du drame, une question revenait toujours.  La même : n’y avait-il pas quelqu’un qui tirait dans l’ombre les ficelles de cette histoire  tragique, et pourquoi ?

Peut-être  existait-il une raison dans cette sanglante affaire ?