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Thème
Après « Pukhtu Primo » en 2015, DOA est donc de retour avec ce « Pukhtu Secundo ». Pas vraiment une suite si l’on en croit l’auteur, « ce ne sont pas deux romans, mais un seul roman coupé en deux ».
Dans ce second volume, on est encore et toujours en 2008. l’Afghanistan est empêtré dans l’instabilité, la corruption ; il y a aussi la guerre, le trafic de drogue… et puis, un nouveau front d’insurrection à l’est.
Un paramilitaire bosse dans les zones tribales pakistanaises, y croise Sher Ali Khan Zadran, chef de clan et père inquiet pour l’avenir de ses enfants dans une région menacée par le chaos.
Cette rencontre va pousser chacun d’eux à interroger sa notion de l’honneur. Dans cette drôle de guerre, un drone de combat Predator a bombardé une cible; bilan : une douzaine de morts (on n’arrive pas à distinguer les combattants et les civils). Réplique des talibans. Un convoi d’une ONG est attaqué, un attentat suicide est perpétré dans Kaboul. Les images vont tourner en boucle dans les médias occidentaux; toujours la même réflexion : les bons c’est nous, les méchants c’est eux. Les racines du mal, on ne veut pas y penser…
Il y a aussi un père qui a rejoint les Talibans pour venger ces enfants tués, une jeune femme habitée par le remords, un fils éloigné de sa famille par le hasard du destin, un homme ancien agent qui sort de sa planque pour tenter de retrouver un sens à sa vie, un groupe paramilitaire qui, sous couvert de missions de renseignements, trafique de la drogue… ou encore des journalistes qui s’intéressent aux agissements d’organisations clandestines; ou encore un chef de l’espionnage français qui fricote avec des individus peu recommandables…
Points forts
- Premier point fort : « Pukhtu Secundo » est aussi beau, fou, étourdissant que « Pukhtu Primo ».
- Une plongée vertigineuse jusqu’aux racines du mal, dans laquelle DOA met à jour des guerres intestines, celles qui couvent, fermentent sous ce conflit médiatisé.
- Un grand texte épique, une réflexion sur la guerre sale et une valeur qu’on appelle « honneur »…
- L’importante profondeur de la soixantaine de personnages répartis sur quatre continents.
- L’ultra-réalisme, encore et toujours marque de fabrique de DOA, pour décrire un monde proche du chaos.
Quelques réserves
Difficile de pointer un point faible à « Pukhtu Secundo ». Mesquin, on dira alors que l’épaisseur du livre (près de 700 pages) peut décourager, ou encore que l’écriture furieusement vive et débridée peut rebuter et se révéler systématique…
Encore un mot...
« Pukhtu Secundo », c’est le roman de la guerre sale et du renseignement sans état d’âme. Les coups tordus, les barbouzes, la violence, DOA les raconte d’une écriture nerveuse mais jamais agitée, pour pointer, pour dénoncer l’égoïsme et la veulerie du plus grand nombre, et la malhonnêteté sans limites d’une minorité carnassière, uniquement désireuse de s’accaparer les restes du festin. Le polar dans toute sa splendeur.
Une phrase
- « Le soleil approche de son zénith et la chaleur est écrasante. Un vent rendu étouffant par la brûlure du jour et les relents des déjections du bétail tourbillonne, chargé d’une fine poussière, jusque sous l’abri, sorte de préau adossé au corps principal d’une ferme fortifiée, où des hommes palabrent, installés sur des tapis ».
- « Au milieu de tout ce bordel, y en a quand même des vrais, des purs, des durs, qui veulent nous péter la gueule dès qu’on pointe notre nez et qu’ont tué nos potes, et mon frère Manzour, abattu comme un chien, et son cousin Anwar, qu’a crevé tout cassé dans mes bras. Alors s’il faut marcher sur des pieds, tordre des bras, fracasser deux, trois crânes voire buter des inoffensifs pour leur mettre la main dessus, aux nuisibles, tant pis, ils avaient qu’à pas être là, hein ? Eux ou nous, mon frère, eux ou nous ».
L'auteur
Né le 23 septembre 1968 à Lyon, écrivain français de romans policiers, il garde secret son état-civil et signe ses livres DOA- en référence à « Dead On Arrival », un film noir américain réalisé par Rudolph Maté en 1950. Il a été parachutiste dans un régiment d’infanterie marine puis producteur de jeux vidéo en France et à Londres. Quand il entre en littérature, il se fait remarquer pour des textes mêlant roman policier et science-fiction. Après un premier roman publié en 2004 (« Les Fous d’avril », Fleuve Noir), il rejoint la « Série Noire » et obtient, en 2007, le Grand Prix de littérature policière pour « Citoyens clandestins ». Il recevra un autre prix en 2009 pour « Le Serpent aux mille coupures ». En 2015, il publie « Pukhtu Primo », suivi désormais par « Pukhtu Secundo », un roman en deux parties qui l’installe définitivement comme une des nouvelles et incontorunables plumes du polar français.
Egalement scénariste pour la télévision, parmi ses influences, il cite James Ellroy, Ed McBain, J.G. Ballard, Nick Tosches, Hunter S. Thompson, Philip K. Dick ou encore J.R.R. Tolkien.
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