Metropolis
Seuil, novembre 2020 -
400 pages -
22 €
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Thème
Pour son ultime tour de piste, nous retrouvons Bernhard Gunther à l’aube de sa carrière de flic. Nous sommes à Berlin en 1928. Les nazis ne sont pas encore au pouvoir mais la République de Weimar, à bout de souffle, vit ses derniers instants. Dans Berlin la dépravée, des vétérans de guerre handicapés et des prostituées disparaissent sans que personne ne semble s’en émouvoir.
Nouvellement nommé à la Kripo, la police berlinoise, le jeune flic encore bourré d’idéaux se retrouve plongé dans un monde sordide. Menant deux enquêtes de front, il est également confronté à un chef de la pègre qui veut se faire justice.
Points forts
Philip Kerr a – avait hélas puisqu’il est disparu en 2018 d’une longue maladie – une incroyable capacité à faire revivre l’époque, comme s’il l’avait vécue. Ces années qui ont suivi la défaite de 1918 et fait le lit du nazisme sont charnières pour l'Allemagne. L’auteur brosse le portrait de cette époque avec justesse et sans tomber dans la caricature. Derrière le roman et l’histoire, se cache un passionnant livre d’histoire.
Quel plaisir de retrouver Bernie, le flic incorruptible apparu dans La trilogie berlinoise en 1998, pour sa quatorzième aventure. Catapultée sous le nazisme, mais aussi sur le front, dans de grandes capitales européennes, en Amérique du Sud ou à Cuba ou même dans le sud de la France, il commence ici une carrière qui le conduira jusque dans les années 50 en Grèce. 14 volumes sans linéarité chronologique mais avec ce fil conducteur d’un homme implacable dans sa lutte contre le crime et le nazisme comme s’ils étaient indissociables, les deux faces de la bête immonde.
Peu importe ici le sujet et l’enquête policière car, disons le franchement, ce n’est pas le meilleur de la série, mais qu’importe … Bernie tire sa révérence avec cette élégance dont même l’époque sordide n’a eu raison. Il garde dans les rapports avec ses semblables cette distinction unique qui s’exprime aussi bien avec les femmes qu’avec les rares hommes biens qu’il aura croisés. Et face à tous les voyous qu’il a côtoyés, jamais de compromis.
Quelques réserves
L’intrigue est un peu faible et peine longtemps à démarrer. Mais l’auteur prend son temps comme s’il ne voulait pas quitter son héros alors que son temps lui était compté.
Encore un mot...
So long Bernie !
Une phrase
« Tu devrais écrire un bouquin sur le métier d’inspecteur, mon ange, dis-je à voix haute en m’adressant au fantôme d’Eurydice. Tu arrives presque à le rendre intéressant. D’un point de vue métaphysique.
Je brûlai sa lettre. Ce n’était pas la première que je recevais, et je devinais qu’avant de tirer ma révérence j’en recevrais d’autres. Ne jamais oublier, toujours remplacer. C’est la règle numéro un des relations humaines. Aller de l’avant, c’est le plus important. Voilà pourquoi, un peu plus tard, je téléphonai à l’épouse de Fritz Lang.
Théa ? Bernie Gunther à l’appareil. Que diriez-vous de dîner avec moi ? J’ai quelques excellentes idées pour votre scénario ».
L'auteur
Philip Kerr est un auteur britannique, né en 1956 et mort en 2018. Sa passion pour l’Allemagne provient de ses études de philosophie en Allemagne. Il crée le personnage de Bernhard Gunther qu’il met en scène dans les trois premiers épisodes de la trilogie berlinoise. Il décide de l’abandonner mais se ravise face au succès planétaire de son héros.
On peut retrouver d’autres de ses aventures dans Bleu de Prusse (2018 ) et L’offrande grecque (2019), tous deux parus au Seuil.
Il a également écrit une trilogie sur le football, en tant que fan du club londonien d’Arsenal, ainsi qu’une série pour la jeunesse et de nombreux autres romans. Il s’éteint à la suite d’un cancer le 21 mars 2018, il y a tout juste 3 ans.
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