Lucia

Bernard Minier change de braquet : nous passons les Pyrénées. Un polar passionnant dans le monde artistique et mythologique

Bernard Minier

XO Editions
Parution le 31 mars 2022
480 pages
22,90 euros
Pocket Thriller

Notre recommandation

4/5

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Thème

Lucia est une enquêtrice de la Guardia Civil de Madrid. C’est un petit bout de femme dont les compétences professionnelles sont inversement proportionnelles à sa taille. Lorsqu’on l’appelle sur une scène de crime, elle découvre son coéquipier sur un calvaire, collé à une croix. Avec l’aide d’un groupe d’étudiants en criminologie de Salamanque, elle va faire la chasse à ce tueur en série qui n’en n’est pas à son coup d’essai !

Points forts

Lucia réalise que le tueur utilise comme support des tableaux de la Renaissance et se réfère à Ovide dans ses Métamorphoses. Ce roman est passionnant sur le plan artistique et nous en apprend beaucoup sur cette époque.
On nous présente un personnage à personnalités multiples dont l’interrogatoire est à la fois très intéressant et terrifiant. L’auteur est remarquablement documenté sur le trouble dissociatif de l’identité.
Le projet DIMAS des étudiants est un programme révolutionnaire, sollicité par la police et la Guardia civil. C’est un outil essentiel dans la recherche des tueurs en série. Il permet de mettre à jour trois histoires similaires jamais reliées, l’une il y a trente ans, la seconde en 2015 et la troisième actuellement. Tout ce petit monde s’adonne allègrement au profilage. On réveille des « cold cases ».
L’ouvrage est foisonnant de nouveautés. Grâce à l’auteur, nous apprenons une multitude de faits de mythologie mais nous nous documentons également sur l’architecture, l’art, la philologie. Nous en découvrons beaucoup sur Ovide !
L’enquête est remarquablement bien menée. Lorsque nous croyons toucher au but et avoir découvert qui est l’assassin, on nous en présente un autre, on en perd son latin.

Quelques réserves

Aucune réserve car ce livre est vraiment épatant. On ne le lâche pas.

Encore un mot...

Ce roman ne ressemble en rien aux précédents ouvrages de Bernard Minier. Il renoue avec ses origines espagnoles et renouvelle complètement le genre cette fois-ci. Le bouquet final, une conférence de presse, se passe dans un théâtre et c’est un spectacle dont le clou sera la découverte du nom de l’assassin. L’auteur passe la frontière, nous offre une nouvelle héroïne accrocheuse, entêtée et hyper compétente. L’enquête est approfondie et la recherche psychologique est pointue. Les scènes de crimes représentées sur des tableaux rappellent une série télévisée sur la 2, L’art du crime, où il y a cette association des tableaux et des crimes. Ce nouvel opus est une réussite.

Une phrase

(Une marque de bon sens et l’éloge de la méritocratie :)

« Car si, demain, elle devait choisir entre deux chirurgiens pour l’opérer, elle ne choisirait pas celui qui a l’air d’un chirurgien avec ses lunettes et sa montre de prix, ses longues mains élégantes et son allure respectable, mais l’autre : celui qui ne se souciait pas de sa dégaine, qui parlait avec un fort accent, qui était un peu négligé et qui ne ressemblait en rien à un chirurgien. Parce que, se dirait-elle, ce dernier n’avait pu compter que sur ses compétences professionnelles pour arriver là où il était. » (p. 160)

L'auteur

Bernard Minier (26.08.1960 à Béziers) a fait ses études à Tarbes et à Toulouse. Il travaille au service des douanes avant de se lancer avec succès dans l’écriture. Aux XO éditions, il publie Glacé (2011), qui reçoit le prix du meilleur roman francophone au festival Polar de Cognac, puis Le Cercle (2012), N’éteins pas la lumière (2014), Une putain d’histoire (2015) qui reçoit également le prix du meilleur roman francophone du Festival polar de Cognac, Nuit (2017), Soeurs (2018), M, le bord de l’abîme (2019), La Vallée (2020) et La Chasse en 2021. Ces romans sont traduits dans une vingtaine de langues.