Pour mourir, le Monde

Embarquement pour les contrées lointaines, où les plus cruels ne sont pas nécessairement ceux que l’on nomme Sauvages.
De
Yan LESPOUX
Agullo
Parution, le 24 août 2023
409 pages
23,50€
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Thème

Janvier 1627, un naufrage sur les côtes du Médoc. Fernando Texeira, se cache pour échapper aux « costejaires » qui pillent tout ce qu’ils peuvent sans regard pour les éventuels survivants. Il sera secouru par Marie. On retourne en arrière, pour conter 3 destins qui se retrouveront à la fin. D’abord, Fernando quitte Lisbonne pour devenir soldat sur un bateau portugais en route pour les Indes. Marie vit avec ses parents dans le marais du Médoc. Elle devra se cacher après avoir assommé un garçon de bonne famille qui tentait de la violer. Elle se réfugiera chez son parrain qui dirige les résiniers et les « costejaires » avec beaucoup de brutalité. Diogo, lui, vivait à Salvador de Bahia. Il a 15 ans quand ses parents sont tués par une attaque hollandaise. Il sera recueilli par les Jésuites qui tentent d’évangéliser les Indiens. Tout cela sur fond de guerre coloniale entre les Portugais, les Hollandais et les Anglais.

Points forts

  • Le contexte historique est bien décrit, l’auteur s’étant inspiré de récits de la tempête de 1627.
  • Les conditions de vie des marins sont très difficiles, pas d’hygiène, typhus et scorbut sont le lot commun. Comme dans le titre, on meurt beaucoup sur ces bateaux.
  • Les batailles navales sont décrites avec beaucoup de réalisme. 
  • La guerre pour s’adjuger ces terres lointaines est une guerre sans merci, les commandants mettant un point d’honneur à ne pas reculer.
  • Il faut aussi se rappeler que la Sainte Inquisition régnait jusque dans les colonies.
  • Les 3 jeunes sont sympathiques même quand ils se livrent à quelques exactions.

Tout cela est très romanesque et on suit leurs tribulations avec intérêt

Quelques réserves

Je n’en vois pas si le lecteur est prêt à se laisser emporter par toutes ces péripéties.

Encore un mot...

Après les Naufragés du Wager qui était une non-fiction, on a là une version très romancée qui sera peut-être plus accessible à de nombreux lecteurs.

Une phrase

  • « Pour Fernando, cela a un sens. Il a cru brièvement avoir un contrôle sur sa vie. Il n’en est rien. Il continue de se retrouver au mauvais endroit. Il a beau se dire qu’il a tenu tête à Gonçalo Pères quand il était encore presque un enfant, qu’il s’est attiré la haine de Dom Manuel de Meneses parce qu’il avait vu derrière sa carapace, qu’il a survécu aux pirates malabars, aux tigres, aux troupes du Grand Moghol, aux meilleurs hommes de l’Adil Shahi, au Saint Office même, à deux trajets de la Carreira da India, et à la pire tempête que l’on ait vue de mémoire d’homme… pour autant il n’est pas sûr d’échapper aux sauvages qu’il y a ici. » Page 381
  • « Voilà plus de dix ans que mon métier consiste à me battre. Pas pour moi. Pour des gens plus puissants qui m’achètent pour pas très cher. Je suis un des milliers de bras armés qui maintiennent en vie des empires qui ne le méritent pas. » Page 405

L'auteur

 Yan Lespoux est né en 1977. Il a grandi dans le Médoc. Il enseigne l'occitan à l'université Paul Valéry Montpellier 3. Il anime régulièrement des débats d'auteurs dans des festivals, et organise des rencontres avec Olivier Pène et Hervé Le Corre à la Librairie La machine à lire à Bordeaux.  Pour mourir, le monde est son premier roman.

Commentaires

Dominique WALLON
jeu 10/10/2024 - 12:22

Une histoire foisonnante, tumultueuse, psychologique, bien documentée et très bien écrite, sur laquelle plane une catastrophe historique : le naufrage en 1627, dans le golfe de Gascogne, d'une armada portugaise chargée de richesses du Nouveau Monde, cherchant à rejoindre Lisbonne. Au milieu de beaucoup d'autres personnages, les péripéties vécues en ce début du XVIIe s. par les trois personnages principaux, entrainent le lecteur dans des mondes et des milieux de tous ordres, en pleines mutations... Celui, sans doute le moins connu, des "costejaires" ou pilleurs d'épaves, n'est pas le moindre.
Une sorte de roman de cape et d'épée principalement maritime et aquatique, que n'aurait sans doute pas désavoué Umberto Eco. Merci à l'auteur : on en redemande !

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