NEW YORK A PARIS !
Inutile d'aller jusqu' à New York pour admirer les chefs d'oeuvre collectionnés par Henry Frick puisque sa fameuse Frick Collection, généralement installée dans l'immeuble de la 5ème avenue, est fermée pour travaux, et qu'elle est présentée à Paris en ce moment, au musée d'Orsay jusqu'au 8 mai. On y admire 22 oeuvres du peintre James Abbot McNeill Whistler (1834-1903). C'est la première fois que ces oeuvres quittent New York depuis plus d'un siècle. Le Musée d'Orsay possède dans ses collections 3 peintures de cet artiste qui a vécu à Paris entre 1855 et 1859 et compte parmi les "phares" de la génération symboliste. Le dossier de presse de l'exposition nous apprend qu'en 1891," l’État français a acheté son chef-d’œuvre : Arrangement en gris et noir : portrait de la mère de l’artiste. À la même date, Henry Clay Frick bâtit sa collection, et au début des années 1910, l’ouvre à l’art de la fin du XIXe siècle. Il achète dix-huit œuvres de Whistler – peintures et arts graphiques – faisant ainsi de cet artiste l‘un des mieux représentés de sa collection".
Néanmoins, l'abondante production de Whistler (qui meurt à 69 ans) fait qu'un grand nombre de musées américains et dans le monde possèdent des oeuvres de lui. On découvre même avec surprise que l'artiste a peint Gustave Courbet admirant la mer à ... Trouville sur mer (Calvados), lequel Courbet a peint la même vue, la même année, de même qu'Eugène Boudin ! Découverte par le peintre Charles Mozin, en 1825, ce n'est pas pour rien que tant d'artistes l'ont appelée "la Reine des plages"... Même si l'écrivain Patrick Grainville a préféré, lui, évoquer ces "fous de création" qui fréquentèrent la Normandie à la fin du XIXè siècle et au début du suivant ( Manet, Boudin, Degas, Renoir, Pissarro, Matisse, Picasso ou Hugo, Zola, Rimbaud, Maupassant, Flaubert, Baudelaire, Proust..) dans son roman Falaise des fous, que notre chroniqueuse Marie de Benoist a résumé d'un mot : "Eblouissant" !
Au Musée d’Orsay sont présentés l’étonnant paysage L’Océan, peint par Whistler lors d’un voyage au Chili, trois pastels et douze estampes à sujets vénitiens, et trois grands portraits représentatifs de ses célèbres « symphonies en blanc » et « arrangements en noir » : le portrait de Mrs Frederick Leyland (chef-d’œuvre de l’Aesthetic Movement) , le portrait de Rosa Corder, et enfin celui de l’extravagant esthète Robert de Montesquiou-Fezensac (peint en pied en 1891). Ce dernier, l’un des ultimes tableaux peints par Whistler, est probablement l’œuvre la plus moderne de la collection de Frick. Alors que l’année 2022 sera placée sous le signe de Marcel Proust, dont on célèbre le centenaire de la mort, cette effigie rappelle aussi l’influence de Montesquiou et de Whistlerdans l’élaboration de La Recherche du temps perdu et la création des personnages du baron de Charlus et du peintre Elstir."