Les 16 Carmélites de Compiègne canonisées
Si le 21 janvier (1793) évoque l'exécution de Louis XVI sur l'échafaud, il ne fut pas, loin de là, la seule victime de la Révolution. Seize Carmélites de Compiègne, conduites par leur Mère supérieure, le 17 juillet 1794, comptent parmi les martyres. Elles viennent d'être canonisées par le Pape François le 18 décembre 2024. Ce fut l’une des dernières basses besognes du sinistre Fouquier-Tinville, l’accusateur public aux 2000 décapités, dit « la Hache de la Terreur ». Un simulacre de procès : une seule sentence, la mort ou rien, pour deux griefs : fanatisme et sédition, et seize têtes tranchées en public, place du Trône renversé ! (Place de la Nation).
A 9 jours près, les Carmélites auraient sauvé leur tête. En effet, un siècle auparavant, une jeune novice avait fait un rêve étrange : une procession de ses sœurs Carmélites se dirigeant vers ce qui ressemblait un échafaud, revêtues de leur belle robe blanche de religieuse, et brandissant un rameau d’olivier, toute la symbolique sacrificielle exprimant le désir de faire don, déjà à l’époque, de leur vie. C’est exactement ce qui s’est passé un siècle plus tard : la Supérieure Marie-Thérèse de Saint Augustin, répondant aux vœux des sœurs, les conduisit sur le chemin de la lumière de Dieu, bravant tous les interdits en 1792, continuant, après leur expulsion du couvent par les révolutionnaires, leur office chez les familles qui les hébergeaient, au son, nuit et jour, des Salve Regina et du très beau Laudatum Domine.
Dénoncées à la municipalité de Compiègne, elles furent envoyées à la Conciergerie dans l’Ile de la Cité à Paris pour y être sommairement jugées et condamnées, mais thermidor approchant (9 thermidor = 27 juillet 1794), la condamnation à mort de Robespierre aussi, ce fut la fin de la grande Terreur et la dernière « neuvaine » des exécutions. Quelques jours après les Carmélites, le 23 juillet 1794, montait sur l’échafaud le premier mari de Joséphine de Beauharnais, Alexandre.
Le sacrifice des Carmélites fut à l’origine d’une formidable création littéraire et artistique avec « Les Dialogues desCarmélites », écrit par Georges Bernanos, fournissant le thème du fameux opéra de Francis Poulenc qui fit le tour du monde et remonté justement au Théâtre des Champs Elysées ce dernier18 décembre 2024.
Concours de circonstances ou miracle ? Lorsqu’on fit remarquer à sa sainteté François qu’aucun miracle ne fut accompli par les Carmélites de Compiègne pour justifier la canonisation, il expliqua qu’il n’y avait pas besoin en ce cas de miracle, elles furent simplement les dernières martyres de la foi ! (canonisation équipollente par décret du 18 décembre 2024).
A noter la parution aux éditions Perrin de l'Exécution du roi, de Jean-Clément Martin (janvier 2025,format poche, coll. Tempus, 9€)