Chronique festivalière du 17 juillet
Bonjour à tous,
Si le vent d'autant chasse la chanson des cigales de temps à autre c'est pour mieux laisser résonner les baladins sur les planches. Aujourd'hui encore un sélection pour les plus petits jusqu'aux plus grands.
Bonne promenade.
Jean-Pierre Hané
BOXING SHADOWS – de Timothy Daly
La scierie – 16H40, relâches les 12 et 19 juillet
Mise en scène : Isabelle Starkier
Avec : Clara Starkier, Nicolas Zaaboub-Charrier, Lila Maski
Elle est migrante, jeune et vit d’expédients, de vol et à renoncé à toute intégration. Dans son immeuble, un ancien boxeur devenu bibliothécaire l’a remarquée et s’insurge contre cette jeunesse gâchée. Il va entrer en contact avec elle, l’apprivoiser et faire de cette petite bête traquée par le biais de la boxe, une jeune femme libre et responsable. Un conte initiatique d’aujourd’hui.
POINTS FORTS
Un récit authentique attachant qui sait mêler la vie avec ses rires et ses fêlures
Une jeune comédienne, Clara Starkier, au talent fougueux, à la révolte saine et sincère
Un comédien Nicolas Zaaboub-Charrier, redoutable d’humanité bienveillante, comme il en existe beaucoup de ces anonymes prêts à tout pour donner et transmettre par seul souci de justice.
Une mise en scène originale, poignante au plus juste d’une réalité trop proche de nous sur laquelle nous préférons parfois fermer les yeux.
POINTS FAIBLES
S’il y en avait, je n’aurai pas manqué de vous les signaler
ENCORE UN MOT
Il y a dans cette histoire tristement quotidienne, une volonté de dédramatiser un misérabilisme trop souvent accolé à ces situations. C’est un bel hommage à la solidarité simple qui se développe et une exhortation au regard bienveillant sur autrui. Point n’est besoin d’être bien riche pour donner le peu qu’on a quand il suffit de la richesse du cœur pour transmettre la force de vie. Isabelle Starkier a imaginé une mise en scène brute, nature avec sa propre touche de poésie urbaine en y insérant la présence d’une voix chantée mystérieuse comme une voix subliminale qui couvre le destin de cette jeune fille d’un voile protecteur et mystique. C’est un beau spectacle qui questionne, apaise et ouvre les yeux sur notre propre capacité à donner pour rien, juste pour l’autre parce que la vie vaut la peine d’être vécue. Un spectacle du cœur tout simplement avec sa part d’émotion et de rire, sa part de vie en somme.
POURQUOI LES LIONS SONT-ILS SI TRISTES – de Leïla Anis et Karim Hammiche
Au 11. Avignon – à 12H – relâches les 12,19,26 juillet
Mise en scène : Karim Hammiche
Avec : Leïla Anis, David Seigneur, Eric Charron
Jean est appelé en urgence auprès de son père, mourant, qu’on ne peut plus garder à l’hôpital pour s’occuper de sa fin de vie. Il débarque après quinze ans d’absence et va se retrouver confronté à sa fille qui fait irruption sans prévenir et le voisin-ami de son père pour qui il a développé une affection quasi filiale au grand dam de Jean.
Tous sont issus d’un milieu professionnel ou la violence sociétale et relationnelle sévit. Victimes collatérales du système dont ils sont issus, ils en gardent des blessures non cicatrisées ; quand sur cet évènement se greffent tus les non-dits familiaux, à l’heure des comptes, il faut bien se parler…
POINTS FORTS
Une interprétation bouleversante de vérité des trois interprètes.
David Seigneur est un lion blessé, puissant, fracassant d’humanité et de vérité.
Eric Charron porte ses cicatrices au plateau avec une fragilité désarmante
Leïla Anis est un pareille à une statue de verre qu’on aurait brisé sans jamais qu’elle s’autorise à exploser, étonnante de pudeur et de colère contenue
La mise en scène est discrète redoutablement précise tout en laissant une liberté au plateau pour les comédiens qui nous donne cette impression d’authenticité presque indécente.
POINTS FAIBLES
Questionner le public qui ressort bouleversé, je ne suis pas sûr qu’il en ait ressenti.
ENCORE UN MOT
Peindre le quotidien dans ce qu’il a de plus tourmenté : son rapport à la mort ; analyser et tâcher de comprendre les zones d’ombre qui traversent les familles et bouleversent des vies quand les non-dits s’accumulent sous le poids d’une incapacité à se parler. Tout cela compose la matière puissante qui s’écoule sous nos yeux dans ce spectacle bouleversant d’authenticité avec décence, pudeur et tendresse. Sur ce texte écrit d’après des entretiens avec des habitants de village, les auteurs ont construit un canevas qui donne à cette tragédie familiale la beauté des tragédies antiques revisitées à l’aune de notre société maltraitante. Parler, se parler, échanger, pardonner, comprendre, lutter mais s’aimer, s’aimer avant tout est le bouleversant chant de ce spectacle à ne pas manquer.
JEU - théâtre d’objets et marionnettes par la Cie A Kan La dériv
au Théâtre des Béliers – 10H – relâches 12,19,26 juillet
Mise en scène : Antony Diaz
Avec : Zoé Poutrel, Vincent Varène
C’est le premier jour d’école de Basile que son papa va accompagner. Mais notre petit garçon est « dys » et se sent bien plus à l’aise dans le jeu que dans l’apprentissage. On va suivre cette journée faite de révoltes et de surprises, de mondes fantastiques rêvés par un petit garçon à l’imagination débordante juste un peu différent.
POINTS FORTS
Tout est beau dans cette évocation d’un amour de gosse pour son papa
La marionnette aux doigts dans toute sa splendeur
Du théâtre d’objets inventif et poétique
POINTS FAIBLES
Comme souvent… pas vu
ENCORE UN MOT
Un très gros COUP DE CŒUR et un très joli moment de douceur et de tendresse.
C’est le spectacle jeune public qu’il vous faut ne pas manquer. On est transporté du début jusqu’à la fin dans une poésie du quotidien qui touche petits et grands.
Une bulle de bonheur pour bien démarrer la journée !
CONTRE-TEMPS – d’après la vie de François Courdot – de Eric Chantelauze
Mis en scène par Samuel Sené
au Théâtre Buffon – 14H45 – relâches les 12,19,26 juillet
Avec : Marion Preïté, Marion Ribaka, Raphaël Bancou
Le sensationnel parcours de François Courdot, chef d’orchestre français d’opérette parti de France jusqu’à son arrivée à New-York dans le domaine de la comédie musicale. La découverte d’une œuvre singulière, originale d’un grand compositeur méconnu qui fut à l’origine d’un des plus gros succès du musical à Broadway. Une vie riche en rebondissements et contre-temps.
POINTS FORTS
Les deux interprètes féminines Marion Preïté et Marion Ribaka sont tout siplement deux rossignols aux talents vocaux multiples.
Raphaël Bancou est un pianiste-conférencier cocasse et virtuose
POINTS FAIBLES
Pas de fausses notes à la clé.
ENCORE UN MOT
Quelle belle surprise que ce spectacle musical ! Quelle destinée musicale que celle de François Courdot qui composa, créa et croisa les plus grands et dont on se souvient à peine du nom.
De l’opérette à la comédie musicale actuelle, de la musique contemporaine au jazz, les deux magnifiques interprètes et leur talentueux pianiste nous font remonter le cours de cette vie riche et passionnante de cet artiste méconnu mais dont la destinée vous surprendra … tout comme le spectacle dont la clé est surprenante. Car dans cette boîte à musique se cache un secret étonnant tout comme nous comme nous sortons de la salle.
On fredonne avec ces deux rossignols les plus grands airs de ces répertoires qui chatouillent notre mémoire, on prend au passage une petite leçon de musique avec facétie et on balance délicatement (dans une scénographie originale) dans une fin de soirée à recommander.
MARIAGE CONTRE LA MONTRE – de Side
Bo Théâtre – 10H
Mise en scène : Christophe Botti
Avec : Blandine Métayer, Jules Fabre, Gwendal Marimoutou, Raphaël Hidrot, Mélodie fontaine, Denis Lefrançois, Jonathan Goyvaertz
Un star excentrique fête l’anniversaire de son fils chéri pour lequel elle a des ambitions qu’il ne faut pas tarder à réaliser.
ENCORE UN MOT
Pour ceux qui aiment la comédie débridée, sans complexe, cette comédie est faite pour vous. Un petit air de comédie musicale pastichant des airs célèbres accompagne cette pièce loufoque, menée tambour battant par un Blandine Métayer branchée sur 400 Volts.
Une distribution joyeuse et dynamique. Amateur du genre ne vous privez pas.