Chroniques festivalières

Chronique festivalière du 15 juillet

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Chers spectateurs,
Ce festival est celui de tous les publics et chacun peut y trouver chaussure à son pied.
La chaleur étouffante à l'extérieur offre un contraste saisissant avec la fraîcheur des salles, une raison de plus de courir au théâtre.
Bonne lecture.

Jean-Pïerre Hané

 

LES PASSAGERS – de Frédéric Krivine

Théâtre du Chêne Noir – 19H30 – relâches les 11,18,25 juillet

Avec : Emmanuel Salinger, Axelle Maricq

L’inspecteur David Stern convoque Amina Lamdani pour un interrogatoire en apparence de routine mais qui va vite tourner à la confrontation. Un attentat a été commis. En quoi pourrait-elle être impliquée, personnage discret, au caractère trempé qui n’aspire qu’à la paix.

POINTS FORTS
Une mise en scène et une direction d’acteurs fine, à la précision chirurgicale pour disséquer l’intrigue.
Un duo d’acteurs étonnant
Une dramaturgie parfaitement maîtrisée

POINT FAIBLES
Trop pris par l’intrigue pas eu le temps de m‘en occuper

ENCORE UN MOT
Un thriller haletant se déroule sous nos yeux dans cette pièce unique où les deux personnages vont s’affronter. Il faut mentir, tricher, ruser, manipuler pour obtenir ce qu’on veut. Aucun des deux n’est prêt à lâcher devant l’autre. Il s’agit d’urgence, d’engagement pour maintenir la paix civile. Il est question de conflit de territoire, de légitimité. Dans une interprétation remarquable de retenue et de maîtrise les deux comédiens nous offrent 1H20 d’un suspense poignant où notre empathie et notre antipathie volent de l’un à l’autre pour nous laisser désarmer. Il est avant tout question d’une paix fragile, qu’on souhaiterait durable entre deux peuples en apparence irréconciliables. Un magnifique moment de tension dramatique.

 

CHAMBRE 2 – de Julie Bonnie

Avignon- reine blanche – à 16H10 – relâches les 12 et 19 juillet

Mise en scène : Catherine Vrignaud Cohen

Avec : Anne Le Guernec

Elle travaille dans une maternité, auxiliaire de puériculture et tous les matins elle commence sa tournée par la chambre 2, c’est sa respiration dans ce quotidien si dur du monde de l’hôpital. Ouvrir une porte différente c’est aller à la rencontre d’une histoire qui ne peut la laisser indifférente. Cela secoue son corps d’ancienne danseuse qui ne peut s’empêcher de réagir à toutes ces histoires singulières

POINTS FORTS
Une adaptation remarquable du roman
Un engagement et une générosité de jeu poignante.

POINT FAIBLES
Une création lumière un peu simpliste dont on aurait pu agrémenter certaines images pour dessiner certains passages dansés

ENCORE UN MOT

Il y a dans ce travail un bel hommage poignant aux corps des femmes, aux violences qui lui sont imposées.  Sans vindicte aucune, on braque la lumière des projecteurs sur une maltraitance sourde, qui vulnérabilise, meurtrit, un corps médical dans le peu de suivi qu’on lui accorde et qui doit souvent trouver seul le chemin d’une résilience. Anne le Guernec s’acquitte de cette tâche avec maestria, engagement et générosité.

 

SANS TAMBOUR – de Samuel Achache

Cloître des Carmes – Festival In , 6 représentations– 7,8,9 11,12,13 à 22H

Mise en scène : Samuel Achache / direction Musicale Florent Hubert

Avec : Gulrim Choï, Lionel dray, Antonin-Tri Hoang, Florent Hubert, Sébastion Innocenti, Sarah le Picard, Léo-Antnin Lutinier, Agathe Peyrat, Eve Risser

Au début tout s’effondre, maison, musique, tout est déconstruit et abattu. Un champ de ruines sur lequel il va falloir réinventer, l’amour, le romantisme à travers la musique de Schuman et la légende de Tristan et Yseult. Des ruines de l’amour peut reconstruire sur le champ de bataille des sentiments… avec quels supports. Musique et poésie seront les truchements de cette fantaisie débridée et romanesque

POINTS FORTS
Une scénographie originale pourvue d’un orchestre virtuose
Une interprétation hors pair maniant l’absurde et le burlesque tout aussi bien que l’émotion.

POINTS FAIBLES

Quelques effets répétitifs mais sans conséquences

ENCORE UN MOT
Comment tout reconstruire à partir du chaos. Dans une dramaturgie très fragmentée, on assiste aux efforts désespérés des personnages pour accéder à une quête du bonheur qui semble vouée à l’échec mais qui trouvera ça et là ses moments de grâces furtives.
L’originalité de mêler l’écriture de Schuman pour l’intégrer à celle de #samuelachache est étonnante ; on assiste parfois à un oratorio pour voix et instruments sur un monologue dont chaque mot fait se son et mouvement, un dialogue pour lequel voix parlée et voix chantée sont données en même temps et qui crée une parole schizophrénique décalée mais intense.
C’est un curieux objet que ce spectacle qui commence comme une farce et qui s’achève en apothéose poétique et romanesque. Un petit coup dans le IN d’Avignon offre des singularités réjouissantes pour le moins.

 

LE BONHEUR DES UNS – écrit et mis en scène par Côme de Bellescize

Le nouveau Grenier – à 20H15, relâches les 13 et 20 juillet

Avec : David Houri, Eléonore Joncquez, Vincent Joncquez, Coralie Russier

Comment faire pour se sentir heureux ? Ce couple ne le sait pas, ne le sait plus et envie le monde entier d’un bonheur apparemment accessible avec rien. Pour le trouver, le comprendre ils vont envahir l’espace de leurs voisins qui baigne dans le bonheur le plus parfait, la sérénité, la bienveillance. Ils veulent comprendre, eux aussi réclament la clé magique… Tout va leur être délivré, offert mais cela suffira-t-il à tout régler ? Au-delà de la résilience, y a-t-il réellement guérison ou n’est ce que pansement à l’âme.

POINTS FORTS
Quatre comédiens exceptionnels qui s’amusent autant qu’ils nous amusent
Une direction d’acteurs au scalpel qui fait mouche

POINTS FAIBLES
C’est surtout le point de côté qu’on remarque quand on rit de bon coeur

ENCORE UN MOT
Cette farce cruelle est interprétée dans une jubilation totale par un quatuor de comédiens merveilleux.  L’auteur nous mène et malmène avec beaucoup d’habileté, un rire qui soulage autant qu’il grince. L’homme est vraiment un étrange animal qui a propension malheureuse à faire son propre malheur en ne s’épargnant aucune embûche.
Le bonheur est si simple pourtant, c’est bien pour ça qu’il nous complique la vie pour notre plus grand plaisir sur la scène du théâtre.

 

COURGETTE

– de Gilles Paris, Pamela Ravassard et Garlan Le Martelot

Théâtre des Bêliers – 10H – relâches les 12,19,26 juillet

Mise en scène : Pamela Ravassard

Avec : Vanessa Cailhol, Florian Choquart, Garlan le Martelot, Vincent Viotti, Lola Roskis Gingembre

Trouver un chemin de vie, tracer sa route vers le bonheur quand tout s’est ligué contre vous dès votre prime enfance ; c’est ce que va vivre « Courgette », surnom donné au petit Icare. Il entre dans un foyer de réadaptation pour jeunes mineurs et va croiser la route de camarades aussi cabossés que lui. Il va nouer des amitiés et se fabriquer une nouvelle famille.

POINTS FORTS
Une distribution éblouissante de talent
Un texte émouvant et drôle
Un très beau regard sur l’enfance en difficulté

POINT FAIBLES
L’émotion est bien trop forte pour en trouver aucun

ENCORE UN MOT

Une pièce optimiste, enthousiaste, fraternelle qui traite d’un sujet sensible avec toute la délicatesse que lui insuffle Pamela Ravassard sa metteure en scène. Un regard humain, sur ceux qui ont la lourde tâche de redonner goût à la vie et ce enfants perdus et faire naître l’espoir chez des enfants et des ados en mal de rêve. 10 ans, c’est l’âge des premiers émois et les émerveillements de Courgette sur toutes ses découvertes nous caressent le cœur.

Un spectacle tout public qui enchante le public dès 6 ans. Un spectacle nécessaire, un spectacle comme une caresse. Un spectacle où chaque interprète joue aussi bien d’un instrument de musique que de son propre instrument. Toutes les cordes sensibles vont vibrer sur ce joli oratorio mélodieusement harmonieux. Alles vous enchanter aux aventures de Courgette.

 

LE VOYAGE DE MOLIERE – de Pierre-Olivier Scotto et Jean-Philippe Daguerre

Chien qui fume – 12H35 – relâches les 12,19,26 juillet

Mise en scène : Jean-philippe Daguerre

Avec : Gregoire Gourbier, Stephane Dauch, Violette Erhart, Mathilde Hennekine, Charlotte Matzneff, Teddy Melis, Geoffrey Palisse,Charlotte Ruby

Léo est passionné de théâtre et à l’occasion d’une audition qu’il passe pour une troupe de théâtre, emporté par ses émotions il fait une syncope. Pendant son absence au XXIème siècle que dure cet état de choc, le voilà transporté dans la troupe de l’Illustre théâtre aux côtés de son idole Jean-Baptiste Poquelin et va partager une aventure merveilleuse au sein de la troupe

POINTS FORTS
Une scénographie astucieuse et ludique.
Une énergie débordante au plateau avec une distribution soignée

POINTS FAIBLES
Pas trouvés

ENCORE UN MOT
Cet hommage au grand patron écrit à deux mains et deux cœurs va nous entrainer dans une virevoltante pièce ou musique et texte font bon ménage. Dans une mise en scène rythmée et dynamique nous retrouvons les principaux protagonistes de la troupe initiale de Molière avant son arrivée définitive à Paris. L’occasion d’en apprendre un peu plus sur la vie de troupe et les principes de jeu du maître, sur ses petits péchés comme sur son immense talent novateur pour l’époque. Il y a de l’enfance et de la jubilation qui fleurent bon la bonne santé gasconne. Une belle porte d’entrée pour un public jeune qui veut s’initier au théâtre par des voies moins didactiques. On y apprend des choses, on s’y distrait beaucoup. Un beau moment à partager en famille et qui vous fera aimer encore plus le théâtre.