BON ANNIVERSAIRE, VENUS !
La célèbre Vénus de Milo est arrivée à Paris, au Musée du Louvre, voici... 200 ans, en 1821. Elle avait été trouvée en avril 1820 par un paysan de l'ile de Milos, dans son jardin, mais en deux morceaux... Or, une escadre de navires français au Levant stationnait justement dans la rade de Milos. Les conflits commencent pour savoir qui va acheter et conserver la belle ! Tout cela nous est conté par un jeune botaniste, par ailleurs enseigne de vaisseau sur La Chevrette, Jules Dumont D'Urville qui va, par curiosité, rendre visite à Vénus-Aphrodite et consigne ses observations sur son cahier de notes.
Précieuse source d'informations : "La statue dont je mesurai les deux parties séparées, avait à peu de chose près, six pieds de haut ; elle représentait une femme nue, dont la main gauche relevée tenait une pomme, et la droite soutenait une ceinture habilement drapée et tombant négligemment des reins jusqu'aux pieds : du reste, elles ont été l'une et l'autre mutilées, et sont actuellement détachées du corps. Les cheveux sont retroussés par derrière, et retenus par un bandeau. La figure est très belle, et serait bien conservée si le bout du nez n'était pas entamé. Le seul pied qui reste est nu ; les oreilles ont été percées et ont dû recevoir des pendants."
Après mille et une péripéties, notamment à cause des Ottomans qui la réclamaient, la voilà embarquée, toujours sans bras, et qui arrive à Toulon le 23 décembre 1820... Pour remonter jusqu'à Paris, elle emprunte la voie fluviale, longue et lente. Mais comme elle était née vers 150-130 avant J.-C. , elle n'était plus à quelques mois près !
La belle déesse en marbre de Paros n'arrivera dans la capitale qu'en février 1821. Elle sera offerte, début mars, à Louis XVIII par Charles-François Riffardeau, marquis de Rivière, qui fut ambassadeur à Constantinople. Il semble que le roi l'ait acceptée... sans jamais aller lui rendre visite, mais il fut bien inspiré de l'accueillir parmi les collections du musée royal, elle que des milliers de visiteurs du monde entier viennent admirer chaque année au rez-de chaussée de l'aile Sully du Louvre (environ 10 millions de visiteurs annuels).
On peut ajouter que cette année 1821 est riche en événements. En février, est fondée l'Ecole des Chartes qui forme les savants archivistes paléographes. En mars, paraissent les premiers poèmes d'un jeune militaire, Alfred de Vigny. En mai, on le sait, le 5, l'empereur Napoléon s'éteint à Sainte-Hélène. En septembre, le peintre Géricault expose à Londres son fameux tableau Le radeau de la Méduse, précédemment exposé en France au Salon de 1819.