Soif

Que pense Jésus de l’existence de Dieu ?

Catherine d’AT, adapté du roman d’Amélie Nothomb

Durée : 1h15

Mise en scène

Catherine d’At

Avec

Julien Bleitrach

Notre recommandation

5/5

Infos & réservation

Théâtre du Rond-Point

2bis avenue Franklin Roosevelt

75008

Paris

01 44 95 98 21

http://www.theatredurondpoint.fr

Du 7 au 26 mars, du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 15h30

En tournée : Le Cresco, Saint-Mandé

Thème

Amélie Nothomb donne corps et voix à Jésus Christ, quelques heures avant sa crucifixion. Elle nous fait rencontrer un Christ ô combien humain et incarné, qui monte avec résignation vers sa fin prochaine.
Jésus est condamné à mort. On l’accompagne lors de sa dernière nuit, dans la cellule de sa prison, lors de la montée du Golgotha, sur la croix.
Contrairement aux quatre Evangiles, rédigés par des apôtres, et qui mettent en scène la vie de Jésus, la pièce raconte la Passion du Christ par lui-même. Loin de l’histoire “officielle“, Amélie Nothomb livre un récit authentique, parfois osé, mais toujours criant de vérité et d’une profonde humanité.

Points forts

Jésus est ici terriblement humain et tellement proche. Sa parole est libre, dégagée des pesantes contraintes d’avoir à racheter les pêchés du monde, passés, présents et à venir.
Jésus devient alors le narrateur de sa propre histoire ; il est magistralement incarné par un comédien que je ne connaissais pas, mais qui s’est emparé du rôle avec la grâce d’un jeune premier et la liberté que lui confère son talent. Il campe un Jésus de proximité, qui aime, s’amuse, parle, se reprend, se souvient …
Jésus oublie parfois – et nous avec – qu’il est le fils de Dieu. Ce n’est plus alors qui vit sa dernière nuit et repense à ceux qu’il a aimés, à sa vie qui est sur le point de s’achever. Et la pièce nous le rend avec beaucoup d’humanité.
Catherine d’At a monté cette pièce en adaptant le roman, pour lequel elle a eu un véritable coup de cœur. Elle a mis beaucoup d’elle-même dans sa mise en scène, et montre une grande inventivité, avec des décors faits de projection de vidéos et d’images sur les murs. Certes le procédé n’est pas nouveau, mais il habille ici justement la pièce. D’At crée également un mouvement perpétuel dans lequel elle entraîne Julien Bleitrach, qui prend possession de la scène, et en occupe parfaitement l’intégralité.

Quelques réserves

Pas de réserve, si ce n’est que les 18 représentations dans la petite salle Jean Tardieu risquent de ne pas contenter tous ceux qui auront l’excellente idée de venir voir ce seul-en-scène très réussi.

Encore un mot...

Le texte parvient à ne fâcher ni les chrétiens ni les athées, me semble-t-il. Il est en permanence sur le fil du rasoir, en équilibre entre questionnement légitime, questions intéressantes, et propositions plus osées. S’il s’éloigne des dogmes traditionnels et reste critique vis-à-vis de la religion, il ne cherche ni à l’attaquer frontalement ni à choquer gratuitement. Dans une période où l'on s'accuse vite d'anathème, cela mérite d'être souligné ...
Soif témoigne de la liberté et de la créativité de son autrice, mais aussi de sa metteuse en scène et de son interprète. Le spectacle aborde la religion avec humanisme, ce qui confère à son discours recul et respect.

Une phrase

« On n’apprend des vérités qu’en ayant soif, qu’en éprouvant l’amour et en mourant : trois activités qui nécessitent un corps. "

L'auteur

La naissance d’Amélie Nothomb, en juillet 1966 ou en août 1967 au Japon (selon les versions), donne un ton éminemment romanesque à cette autrice à l’imagination débordante, qui s’est révélée capable de saisir n’importe quel sujet pour en faire un texte surprenant, original et instructif.
Elle a grandi dans une famille de la noblesse belge, catholique. Jusqu’à 17 ans, elle suit son père, diplomate, en poste au Japon et dans de nombreux pays asiatiques.
A. Nothomb publie un roman chaque année depuis Hygiène de de l’assassin, en 1992 (à vos calculettes…). Traduite en 40 langues, elle a reçu de nombreux prix et distinctions.

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Commentaires

Je ici reviens tardivement …
Je n ai pas vu la pièce mais je viens de lire par accident la fiction ( trouvée dans la boite á livre gratuite d'une gare de province ) .
Il y a la dedans tout le mix genial et déjanté d'Amelie Nothomb … qui met mal á l'aise parfois, parce quil désacralise un objet fort de nos fondements … Plus qu'un roman … une descente de croix dans la condition humaine .
Gudule Dupont