PSY CAUSE(S) LUI
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Thème
• Un psy élégant et fringant s’adresse à nous, depuis son fauteuil, face au public : brillant, il assume et assure que tout va bien... de prime abord. De l’autre côté de la scène et séparé simplement par une zone d’ombre, trône une méridienne, comme dans tout cabinet d’analyse. Au centre, mais en hauteur est accroché au mur un petit écran lumineux. On reconnait l’écran d’un téléphone portable. Très utiles pour comprendre les nombreuses interventions téléphoniques : un père déprimé, une patiente hystérique, une épouse reconquise…
• « Lui », c’est le psy, très sérieux, qui reçoit son premier client. Ce n’est pas simple : le patient a déjà vu trois thérapeutes. Tous morts ! Le dernier ? Pendu à son lustre. « Lui » tout à coup, se sent mal. À ce moment précis, son père appelle : « Maman vient de perdre 3 dents ?!!!, Tout fout le camp » Fin de la séance. Peut-être faudrait-il que « Lui » pense à se soigner aussi • Prochain patient (deuxième rôle de Victor, métamorphosé) : il fume comme un sapeur, agresse et hurle. Suit une galerie de personnages névrosés et délirants.
• L’auteur croque ainsi une série de portraits mettant en lumière toute la fragilité et la complexité de la psyché masculine. La gent féminine en contre point n’est pas épargnée, y compris la nymphomane de service. Obsessions, image du père castrateur, sexualité débordante, complexe, dévirilisation sont mis en lumière sous l’angle de la tendresse et de l’humour. Raffinement subtil : le psy - « Lui » - rentrant dans la peau de ses drôles de patients s’auto-analyse sans le savoir, sans le vouloir… comme dans la vrai vie. Les références, détournements caricaturaux, sans doute involontaires, à l’excellente et récente série En Thérapie sont bienvenues et Woody Allen rode, dans l’ombre.
Points forts
• Le jeu extraordinaire d’Alexis Victor, qui nous entraîne dans un voyage imaginaire fait d’émotions et de drôleries jusque dans les évocations les plus scabreuses. La scène de la « réduction », imaginaire ou pas - on ne sait, du pénis d’un pauvre patient délaissé est à mourir…. de rire. « Elle me l’a cassée » gémit-il, au fond soulagé et faisant contre mauvaise fortune bon cœur : « Il y a surement quelque part une femme qui peut m’aimer sans mes six centimètres ! ».
• L’humour, voire le comique de situation s’insinue : bouffées répétées de cortisone par ici, aspersions de bombe antibactérienne par-là, des SMS sur grand écran, le jeu récurrent avec un coussin.., autant de petites trouvailles qui agrémentent et ponctuent les drôleries du texte.
Quelques réserves
Il n’y en a pas, tant cette auto-analyse est jubilatoire, hormis quelques clichés, quelques « séances habituelles » pour les névrosé-e-s que nous sommes tous plus ou moins ...
Encore un mot...
Ou plutôt deux :
• La scène et le fait théâtral se prêtent extraordinairement bien au jeu des « médecins de l’âme » et favorisent le goût pour « traiter de la complexité de nos émotions » comme l’écrit si bien l’auteur.
• La perfection et le réalisme du jeu tiennent certainement à l’osmose parfaire qui existe entre « Lui » et son interprète. C’est d’ailleurs à l’initiative d’Alexis Victor lui-même que ce personnage masculin a été mis en scène et en valeur par l’auteur Josiane Pinson, elle qui avait initié la série de ses Psy (causes) avec des « cas » féminins.
Une phrase
« Au début j’étais heureux, j’étais fier qu’elle divorce pour moi. Elle disait qu’on avait drôlement de la chance. Que c’était la première fois qu’elle vivait ça. Que d’habitude il lui fallait plusieurs hommes. Un mari. Et des amants pour le piment. Mais qu’avec moi elle avait trouvé les « deux en un » ! Alors j’étais flatté. On faisait l’amour comme des fous. N’importe où, n’importe quand. Sans tabous. Maintenant je suis terrorisé dès qu’elle met la clé dans la serrure. A peine rentrée elle me saute dessus. Elle me chevauche pendant des heures. J’ai le droit de me mettre devant un match ou de mater un film. Mais je ne vois jamais la fin. Ça la reprend ! Elle ne tient pas plus de deux heures… »
(monologue d’un patient, page 21)
L'auteur
• Josiane Pinson, férue de psychanalyse et adepte des arts martiaux, cumule les emplois au théâtre, au cinéma, à la télévision : autrice, metteuse en scène, interprète. Émule de Benoîte Groult, elle a joué notamment dans ses «Vaisseaux du cœur » Elle a créé elle-même la Quarantaine rugissante (joué 250 fois) et le triptyque des Psy(Causes) et, avant, plusieurs pièces particulièrement décoiffantes : Strasbourg Purée, sa première, Joue moi un air de Tapioca, Nitro-Goldwin-Pinson, Single again, Que reste-t-il de l’abat-jour ?, Vie, agonie, et passion de Marilyn Prisu.
• Au cinéma, en 2019, elle interprète le rôle de Christine Lagarde dans Adults in the room de Costa Gavras ; auparavant elle a joué souvent des rôles de juge ou d’avocat avec Georges Lautner (Room services). À la télévision, on la voit dans d’innombrables séries (Tribunal dans le rôle de Maître Guyot). Signe particulier : une voix incontournable pour les doublures (peut être la voie la plus entendue à la télévision avec plus de cent séries en trente ans (dont American beauty, House of cards…). Totalement autodidacte. Un humour inoxydable, une créativité intense, une énergie débordante. A 65 ans, le charme immense de cette jeune Chevalière (!) des Arts et des Lettres (distinguée par Françoise Nyssen) lui promet encore de poursuivre une longue et brillante carrière.
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