Parle, envole-toi ! ou comment le théâtre m’a sauvé la vie
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Thème
Petit garçon juif à la jeunesse un peu triste, Bruno Abraham-Kremer va devenir, à force de hasards et de rencontres, un comédien épanoui. Seul en scène, il retrace son itinéraire personnel qui l’a mené au théâtre et fait revivre tous ceux qui l’ont façonné.
Points forts
- Certains comédiens écrivent leurs Mémoires et les font paraître en librairie. Ici, Bruno Abraham-Kremer raconte son passé et le ressuscite sur scène, avec son corps, devant nous. Son personnage principal, c’est lui-même.Il est son propre héros, et pourtant nous sommes bien au théâtre, tant il réinvente son parcours, le recrée, l’interprète, en un mot, le joue.
- Son spectacle ne se focalise que sur des étapes importantes ou charnières, ou originales, ou incongrues de sa vie. Pas de longueur, pas de gras dans l’écriture : l’auteur ne s’attarde jamais, il fait avancer son récit à bonne vitesse, comme un train dans la nuit.
- Seul en scène, l’acteur est tout simplement épatant : tour à tour enfant, adolescent, jeune homme puis adulte, il incarne aussi ses parents que sa grand-mère, sa professeure de français, Peter Brook, des copains, son agente… tant d’autres… Par la magie du jeu, il nous fait apparaître des lieux, un vieil appartement, un bistro mal famé, la promenade des Anglais, les coulisses d’un théâtre à Avignon… Le plateau est nu mais les spectateurs voient tout, comme hypnotisés. Du très grand art, maîtrisé parfaitement.
- Merveilleux moment lorsqu’il décrit l’effet que lui a fait sa première représentation théâtrale en tant que comédien : la révélation d’un homme qui comprend brusquement ce pour quoi il est sur cette Terre. Son corps, nous dit-il, a semblé se remplir d’air, et il a eu la sensation très nette de passer de la deuxième à la troisième dimension, du plan au volume. Savoureux.
Quelques réserves
Certes, il s’agit d’un homme qui, de virages en aiguillages, va finalement trouver sa voie et devenir le conducteur de sa propre vie. Mais ce parcours initiatique est avant tout celui d’un comédien. En conséquence, le spectacle devrait plaire plutôt à ceux qui aiment le théâtre, et plus précisément à ceux qui en connaissent les arcanes.
Encore un mot...
L‘exercice n’est pas inédit : Philippe Caubère, pour n’en citer que lui, nous a beaucoup habitués à ce genre de récit théâtral autobiographique. Mais Bruno Abraham-Kremer y apporte une touche personnelle assez rare : une humanité et une bienveillance empreintes de bonhomie.
Une phrase
Le père de Bruno Abraham-Kremer, un avocat classique et sérieux, à son fils à propos de son métier de vilain petit canard : « Comment ça t’est venu, cette idée de faire du théâtre ? Personne dans la famille n’a jamais fait une chose pareille ! »
L'auteur
- Comédien, metteur en scène et auteur, Bruno Abraham-Kremer a créé Le Théâtre de l'Invisible, dont il assure la direction artistique.
- Homme de troupe, il a joué dans Le Roi Lear, La Nuit des rois et Richard III de Shakespeare, il a campé Freud dans Parole et guérison de Christopher Hampton, et on l’a vu dans Rutabaga swing de Gilles Laurent.
- Il se produit souvent seul en scène, comme dans La Promesse de l’aube de Romain Gary, J’ai terriblement envie de vivre d’Anton Tchekhov, La Fureur de peindre de Nicolas de Staël, La Vie est une géniale improvisation de Vladimir Jankélévitch, ou encore L’Angoisse du roi Salomon d’Emile Ajar.
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