Pandémies Des origines à la Covid-19
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Ces 510 pages remontent le moral ! Elles narrent que l’épidémie, la pandémie, constantes dans l’histoire de l’humanité toute entière depuis la nuit des temps, sont des avatars de notre fragile condition.
Autrement dit, depuis que les dinosaures ont lâché le terrain et que nous les avons remplacés, nous n’avons jamais cessé d’être malades à crever, mais que nous nous en sommes toujours sortis.
Le récit commence par les Antiquités, les Egyptiens, les Grecs, les Romains : que de maladies ! Et les beaux principes d’Hippocrate :...dans les maladies il y a deux choses : soulager, ou du moins, ne pas nuire...Et déjà cette méfiance des étrangers, de ce qui arrive à Rome par mer ou par terre...Ensuite, les 2 fléaux du long Moyen Age ; la lèpre et les pestes, récurrentes, terrifiantes (p.73 à 134). De quoi frémir...Ensuite, ce sont les Grandes Découvertes : la première mondialisation est celle des maladies : on s’échange variole et syphilis, grippes indiennes et rougeole, coqueluche et fièvre jaune. Le paludisme est partout jusqu’à la découverte tardive du quinquina.
Les Lumières, les premières inoculations dues à l’Anglais Jenner, les prémisses de la révolution pasteurienne, les maladies de l’ère industrielle, la tuberculose, Yersin et la peste de Hong Kong, Pasteur qui soigne d’abord les animaux...le balbutiement du repérage des maladies mentales, et toujours la variole, éradiquée seulement en 1977, l’apport des 2 guerres mondiales (et oui !), les pandémies modernes, à l’assaut du monde contemporain : le contexte sanitaire bouleversé après 1945 : les effets nucléaires étudiés au Japon par les Américains, l’ebola, le sida, le sras, l’actuel fléau Cov 19, ses prédécesseurs, et aussi les deux ravageuses pandémies de notre époque : le diabète type 2 et l’obésité.
Points forts
Récit passionnant, éclairant, paisible : il faut bien mourir...puisque c’est la règle.
Les auteurs manient leur plume de façon légère et très compétente.
Le plus éblouissant : Si les outils de soins et guérison éventuelle ont considérablement progressé, les mentalités et les attitudes collectives sont toujours les mêmes : l’isolement, l’enfermement, l’atteinte aux libertés individuelles, à l’unité familiale, à l’amitié, à la circulation des personnes et des biens, la peur, la défiance, la superstition, la délation, la méfiance vis-à-vis des décideurs médicaux ou politiques, l’effondrement des activités culturelles, de l’agriculture, de l’économie...Mais l’économie s’en remet toujours !
Le récit chronologique et transversal est excellent, laisse pantois devant l’immensité de la question. L’écriture est simple, la lecture facile, avec souvent des descriptions croquignolettes qui font sourire...A cette lecture revigorante, on se sent soudain en excellente santé…
Quelques réserves
Un léger “bémol” cependant. Il manque des index : celui des héros de la recherche et des soins, celui des maux et de leurs appellations variées.
Encore un mot...
Ce livre est un bien essentiel, qu’on se le dise !
Une phrase
« Ainsi la maladie n’existe pas jusqu’à ce que l’on décide de son existence en la décrivant, en la nommant et en la traitant »…p 14
« Outre la grippe, la population amérindienne du Nouveau Monde va être harcelée tout au long du XVIème siècle par un véritable pandémonium d’épidémies : la grippe, la rougeole...mais incontestablement, le pire fléau fut la variole, probablement amenée par un navire portugais...qui atteignit Hispaniola en 1518, puis Porto Rico »…p.146
« En 1521 un médecin vénitien signale des cas de cécité, de lésions purulentes dévorant des os tuméfiés...nombre de pustules sur les parties honteuses, atteignant souvent le visage et l’ensemble du corps...En Allemagne Ulrich von Hutten décrit des douleurs osseuses intolérables, la vérole dont il souffre, dans un ouvrage à grand succès »… p.148
« En 1833 le docteur Villermé s’interroge sur les effets d’une vaccination collective opérant une sorte de sélection propice à l’activité économique »…p. 351
L'auteur
Stanis Perez, universitaire, spécialiste de l’histoire de la médecine et des médecins, apporte de précieuses réflexions sociologiques, religieuses, politiques à cette étude, l’enrichit de données parfois délirantes, de poèmes, d’anecdotes assez décoiffantes et d’une distance analytique qui permet une synthèse avec les propos très médicaux du médecin.
Patrick Berche professeur émérite, membre de la cellule Cov-19 de l’Académie nationale de médecine. Ses descriptions très précises des maladies, de leurs symptômes et des soins prodigués, parfois tellement bizarres, sont un régal et nous plongent dans la réalité des peuples, de leurs frayeurs, de leurs douleurs et parfois de leurs guérisons.
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