Marcel Proust de l’autre côté du miroir
« Monsieur Proust »
D’après les entretiens de Céleste Albaret avec Georges Belmont
Adaptation : Ivan Morane
Durée: 1h20
Adaptation : Ivan Morane
Durée: 1h20
Mise en scène
Ivan Morane
Avec
Céline Samy
Notre recommandation
5/5
Infos & réservation
Le Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs
75006
Paris
01 45 44 57 34
Du 2 octobre au 27 novembre 2022, du mercredi au samedi à 19h, dimanche à 15h30.
Retrouver également les chroniques Toujours à l'affiche dans cette même rubrique
Thème
- Céleste Albaret fut la gouvernante de Proust pendant ses huit dernières années. Elle a livré tardivement ses souvenirs de cette période. Georges Belmont choisit les passages qui font vivre Proust, mais aussi sa gouvernante dévouée.
- À travers cet amour total qu’elle porte à l’écrivain, on découvre des aspects inconnus de Proust, sa propre personnalité, attachante et lumineuse, mais aussi la relation peu connue entre Marcel et Céleste, ainsi que des moments où Proust apparaît dans ses démêlés avec Gide et Gallimard, entre autres.
Points forts
- Le choix des passages par Ivan Morane éclaire par de nombreuses facettes “l’homme Proust“, dans toute son humanité et sa fragilité. Ce n’est plus seulement un grand écrivain, mais aussi un homme plein de faiblesses et de côtés émouvants.
- Mais la pièce révèle aussi la personnalité de Céleste, et la sort d’un rôle de “femme de l’ombre“ auquel elle fut longtemps réduite.
- L’actrice Céline Samie incarne de manière extraordinaire Céleste : elle reflète sa sensibilité, son amour total, sa perspicacité pour comprendre et faire comprendre le personnage de Marcel Proust.
- Seule en scène pendant 1 heure 20, elle ne lasse jamais le spectateur, car la comédienne sait varier son ton et faire parler d’autres personnes : Proust lui-même, mais aussi Gide, Gallimard et son mari Odilon.
- La mise en scène est minimaliste - une chaise que l’actrice déplace parfois - mais l’éclairage l’accompagne discrètement. Sa posture, le dos à la scène, au début et à la fin de la pièce évoque une sorte de dévoilement de sa personne pendant les moments du récit.
Quelques réserves
Aucune réserve envers cette pièce remarquable.
Encore un mot...
- On ne s’ennuie pas une seconde dans ce spectacle, où l’actrice est seule en scène et où elle captive son public, connaisseur ou non de Proust.
- La pièce permet à la fois de connaitre Proust différemment - non pas en grand-écrivain-torturé - mais en homme plein d’émotions et d’attentions et de découvrir une femme sensible et intelligente, qui passa huit ans auprès de lui dans une relation pleine de sensibilité.
- Marcel Proust, de l’autre côté du miroir célèbre dignement le centenaire de la mort de l’un des écrivains les plus importants de la littérature française.
Une phrase
Céleste Albaret : « J’avais vécu dans un monde si merveilleux auprès d’un homme unique, que je n’arrivais pas à me refaire aux banalités de la vie. Même les horaires normaux étaient un problème. Je ressemblais à un oiseau de nuit condamné tout à coup à ne plus vivre qu’au grand jour. [...] Huit années, jour après jour, sans en manquer un seul, cela fait beaucoup plus que les “mille et une nuits“ ! »
L'auteur
- Difficile ici de dire qui est l’auteur : est-ce Georges Belmont, qui a recueilli les souvenirs de Céleste Albaret, ou alors plutôt Ivan Morane, qui a adapté ces souvenirs pour en faire cette pièce merveilleuse ?
- On peut pencher pour la seconde solution. Ce comédien, metteur en scène, scénographe et éclairagiste possède des talents variés, qui lui ont permis de signer 80 mises en scène de théâtre et d’opéra.
- Il a interprété La Chute d’Albert Camus, le Procès Eichmann. En 2023, Il jouera dans La solitude des Champs de coton de B.-M. Koltès au Théâtre de la Ville.
Ajouter un commentaire