L’odeur de la guerre
Une puissante poétique du corps
De
Julie Duval
Mise en scène
Juliette Bayi et Élodie Menant
Avec
Julie Duval
Notre recommandation
5/5
Infos & réservation
La Piccola Scala
13 boulevard de Strasbourg
75010
Paris
01 40 03 44 30
Du 12 octobre au 15 décembre 2023. Le jeudi et vendredi à 19h30. Relâche les 13 et 20 octobre, vendredi 24 novembre, vendredi 8 décembre
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Thème
- Être une fille est-il en soi un handicap ? Comment grandir quand on est une fille ? Si la vie est un combat, les multiples personnages qui se croisent et dialoguent en une seule comédienne posent, chacun à leur façon, la question essentielle.
- Jeanne, de huit à dix-huit ans, explore tous les défis posés à sa génération : les rapports avec ses parents, obsédés par les diplômes, ceux avec l’école, univers impitoyable, les professeurs sans écoute et les camarades qui harcèlent, les garçons qui violent, scène matricielle du trauma, contre lequel il faudra se battre encore et encore.
- Pour se défendre, Jeanne se réfugie dans ses pensées. Dans ses rêves, sa mère se noie comme dans les scènes de Titanic. Puis, par instinct et après quelques tâtonnements, la voie s’ouvre vers un équilibre gagné de haute lutte grâce à la boxe et à la magie du verbe théâtral.
Points forts
- La mise en scène, extrêmement dépouillée, laisse place à une comédienne-caméléon qui joue tous les personnages, change de voix, bouge, grimace dans une expression qui est celle d’une poétique du corps, articulé et désarticulé sous l’effet de la violence.
- La performance théâtrale de ce “seule en scène“, d’une puissance incroyable, vaut d’être saluée tant les mots résonnent fort et juste quand ils se déploient dans le mouvement.
- Un humour maîtrisé, plein de finesse et de sensibilité, permet d’aborder des thèmes aussi graves que la violence familiale, la violence scolaire, la violence sexuelle, la violence professionnelle tout en brossant le portrait, tendre malgré tout, d’une mère esseulée, sans empathie et pathologiquement attachée à son chien, seule source d’affection, mais aussi d’un père fermé et violent, et d’un monde adolescent guère plus policé, ainsi que l’avanie de Pôle emploi, à quoi se résume le monde du travail.
- Dans cette galerie de portraits aux accents autobiographiques, le professeur de boxe au ton faussement brutal, mais qui permet un nouvel accès au corps martyrisé et la professeure de théâtre qui parle comme une psychanalyste mais libère l’esprit, s’avèrent particulièrement savoureux et pertinents.
Quelques réserves
- Le cliché de la boîte de nuit comme lieu de prédation pour les mâles et de perdition envers les filles aurait pu être évité, dans la mesure où il ne fait qu’illustrer les démons qui hantent une figure maternelle qui ne rêve que d’enfermer sa fille, comme elle-même se trouve emprisonnée au foyer.
Encore un mot...
- Au-delà de la prestation virtuose de Julie Duval, le monde qui s’anime sous les yeux du spectateur, pour être cruel et angoissant, porte paradoxalement un message optimiste à destination de la jeunesse parce qu’il peut être transformé par la volonté, la ténacité, le travail dont il n’est jamais inutile de rappeler qu’il s’avère, dans nos sociétés sécularisées, la forme de rédemption majeure.
Une phrase
« Sans diplôme, t’es personne
Faites des filles, va !
C’est horrible d’être une fille
Je ne sens pas mon corps
La boxe ce n’est pas de la bagarre, c’est l’équilibre. »
L'auteur
- Formée au Cours Florent de 2011 à 2015, Julie Duval pratique, à haut niveau, la boxe thaïlandaise. Sport et théâtre façonnent son univers théâtral. Après avoir créé et joué en 2019 Aux poings avec Alix Andréani au 100ecs à Paris (puis au théâtre de la Tempête en juin 2021), Julie Duval poursuit en 2020 avec son seule en scène L'odeur de la guerre, mis en scène par Juliette Bayi, rencontrée au cours Florent, et elle remporte le Concours des flèchettes.
- Programmée au Théâtre de La Flèche en octobre 2021, elle joue, en juillet 2022, L’odeur de la Guerre à Avignon à la Scala-Provence. Avec sa metteuse en scène, elle fonde l'association Jemmes qui donne la parole aux femmes. Elle enseigne, en parallèle, le théâtre à la Guild et la boxe au Palais de la femme, et s’engage dans des actions culturelles avec le 104 et le Théâtre Studio à Alfortville.
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