Les Doubles vies de Sarah Bernhardt
La Belle époque, entre Boulevard et tragédie
De
Pascale Liévyn et Isabelle Sprung
Mise en scène
Pascale Liévyn
Avec
Isabelle Sprung
Notre recommandation
3/5
Infos & réservation
Théâtre le Guichet Montparnasse
15 rue du Maine
75015
Paris
01 43 27 88 61
Jusqu’au 29 octobre. Les vendredis et samedis à 20h30, les dimanches à 16h30.
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Thème
- Nombreux ont été les événements célébrant cette année le centenaire de la disparition de Sarah Bernhardt, sorte de monstre sacré, star avant l’heure, incarnant le faste de la Belle Epoque, qui dura de la fin du XIXe siècle à 1914.
- Isabelle Sprung interprète ici la diva, sans omettre grand-chose de cette aventure que fut sa vie. Interprète mythique des grands textes - Phèdre, Ruy Blas, Hamlet, l’Aiglon, La Dame aux camélias - Sarah Bernhardt connut une gloire sans éclipse sur les cinq continents.
- Tout en elle est excentrique et fantaisiste : sa « voix d’or », sa silhouette longiligne si peu à la mode alors, ses mensonges extraordinaires, ses emportements et ses exigences. Elle est renvoyée de la Comédie française pour avoir giflé une sociétaire, y revient puis démissionne avec fracas et, tout en menant par période une vie de courtisane de haut vol, accumule les amants. Dreyfusarde convaincue, soutien de Louise Michel et abolitionniste, elle est partout.
- Cela ne lui aliène ni l’admiration du public, ni l’amitié des peintres - Gustave Doré, Georges Clairin, Alphonse Mucha- et des écrivains dont elle fut l’égérie - Victor Hugo, Victorien Sardou, Edmond Rostand etc... Amputée de la jambe droite en 1915, elle ne renonce pas et continue à jouer.
- Femme libre autant que libérée, indépendante et autonome, celle qui fut aussi sculptrice semble n’avoir jamais agi que selon ses désirs.
Points forts
- Une mise en scène simple mais efficace, un costume qui évoque et résume joliment les tenues de Sarah Bernhardt, une pièce qui suit habilement le fil de la vie de la comédienne.
- On retrouve ici les choix dans la vie de la star qui mêlent comique et gravité, extravagance et profondeur : son patriotisme constant, de la guerre de 1870-1871 à la Grande guerre, son rapport avec la judéité familiale et le yiddish, ses grands rôles, son chien (Hamlet), sa devise : « Quand même »…
- On n’échappe pas à ses nombreux amants, dont Charles Haas, le modèle de Swann dans l'oeuvre de Proust. On relève aussi sa défense – un peu montée en épingle cependant ici - de Dreyfus, une rencontre imaginée avec Mucha qu’elle connaissait en effet, son inimitié envers Rodin, son fils Maurice, Belle-île (son refuge), le trac comme condition du talent, son agonie à la fois spectaculaire, ironique et émouvante : « Je deviens Phèdre, je me quitte ».
- L’énergie et la chaleur de la comédienne, qui oscille entre le ton de la confidence et la déclamation emphatique, cela même qui démoda l’actrice à la fin de sa vie.
Quelques réserves
- « La voix d’or », ça n’est pas tout à fait ça. On est d’abord vaguement interloqué par la gouaille d’une Sarah Bernhardt qu’on n’attendait pas minaudant et roulant des prunelles. Mais le spectacle emporte et convainc malgré tout.
Encore un mot...
- Il fallait du courage, de l’audace, voire de la témérité pour s’attaquer au “mythe Sarah Bernhardt“. On comprend le défi que représente pour une comédienne l’évocation d’une telle femme, d’une telle vie, d’un tel appétit de vivre, vaguement monstrueux en effet.
- Le centenaire de la mort de la comédienne a fait ressurgir la figure de cette flamboyante incarnation de la Belle Epoque (avec notamment la belle exposition au Petit Palais au printemps et à l’été) et c’est heureux.
Une phrase
« Point n’est besoin d’être jolie, il suffit d’avoir les larmes
Point n’est besoin d’être jolie, il suffit d’avoir les armes
Point n’est besoin d’être jolie il suffit d’avoir l’air d’une dame
L’amour c’est un coup d’œil, un coup de rein et un coup d’éponge, rien de plus. »
L'auteur
- Les deux comédiennes que sont Pascale Liévyn et Isabelle Sprung (clown, chanteuse et slameuse et qui a aussi adapté et interprété Un cœur simple de Flaubert et un seul en scène, (Zaza sur le retour) ont construit ce texte, piochant selon leur logique dans la vie agitée de l’impératrice du théâtre.
Commentaires
« Point n’est besoin d’être jolie, il faut les larmes… »
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