Le Memento de Jean Vilar
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Thème
C’est le journal intime de Jean Vilar, écrit au jour le jour, du 29 novembre 1952 au 1er septembre 1955: il y raconte ses joies et ses difficultés, son bonheur et son désespoir, toujours avec humour.
Il exprime sa joie d’être acteur de grandes pièces classiques, telles que "Ruy Blas", "Dom Juan", « L’Avare", de drames tels "Richard II" et « "Lorenzaccio", mais aussi "Meurtre dans la Cathédrale" et "Mère Courage ». C’est une joie pour lui, mais en même temps parfois une immense fatigue.
Il est aussi metteur en scène, et il raconte ses relations compliquées avec certains acteurs, comme Gérard Philippe, Maria Casares ou Jeanne Moreau.
Il est enfin directeur de théâtre, du Théâtre National Populaire, ancien Théâtre de Chaillot, et là, ce sont ses ennuis financiers et ses relations difficiles avec l’administration et le monde politique qui tournent au dialogue de sourds. La pièce reconstitue la vie d’un théâtre vue par l’homme-orchestre sur les épaules de qui tout repose, un peu comme on imagine Molière.
Points forts
1) C’est un récit passionnant et émouvant, qui n’ennuie pas le spectateur pendant 1h10 de monologue. Le texte intéresse, émeut et révèle les dessous du fonctionnement d’un théâtre. il soulève des questions passionnantes sur le rôle de l’interprétation des acteurs, sur les relations avec le pouvoir, entre autres.
2) Emmanuel Dechartre est remarquable: il s’appuie sur ce « mémento » sans donner l’impression de lire. On croit en son personnage.Il varie les tons et les rythmes et évite ainsi toute monotonie.
3) l’adaptation est un prodige: un texte de 242 pages a été réduit à un spectacle d’1heure 10, tout à fait cohérent.
4) La mise en scène est à la fois simple et riche: la scène est assez dépouillée, avec une table et trois chaises; mais d’un côté, on voit l’écran sur lequel défile le texte du Mémento manuscrit; et de l’autre sont pendus les costumes de ses rôles: on a l’impression de toucher les personnages qu’il incarne.
5) La musique est discrète, mais ponctue les divers moments de la pièce.
Quelques réserves
Je ne vois guère de points faibles dans cette excellente pièce. C’est plutôt une surprise de découvrir ainsi le TNP, sous un jour beaucoup plus favorable que dans les souvenirs de nombreux spectateurs, aussi bien dans son ambition sociale que dans son répertoire.
Encore un mot...
C’est une extraordinaire performance d’acteur qui fait découvrir la vie d’un théâtre et montre Jean Vilar sous de multiples facettes. On comprend comment il s’est usé à la tâche par amour du théâtre en général et de son théâtre en particulier.
Une phrase
Ou plutôt deux:
- « Dans ce domaine éclaté qu’est l’art contemporain, il existe d’un côté une littérature dramatique originale et nouvelle et de l’autre un public populaire admirable du fait même de sa curiosité et de son intérêt pour toute grande oeuvre inconnue ou oubliée. »
- « Hier soir, pour la première fois Gérard (Philippe) dans le rôle de Richard II. A chaque fois, je m’émerveille de ses dons, de cette grâce qui sait rester discrète, de cette technique si pure…Jamais ne me fut plus évident que notre façon de servir un rôle est absolument différente."
L'auteur
Jean Vilar, né en 1912 à Sète, fait une licence de lettres et découvre le théâtre. Il se forme avec Charles Dullin et dès 1942, il met en scène « La Danse de mort » de Strindberg. En 1947, il monte "Richard III" à Avignon, et c’est le début du Festival d’Avignon qu’il dirigera jusqu’en 1970. il est nommé directeur du Palais de Chaillot et reprend pour son théâtre le nom de "Théâtre National Populaire". Il y joue les grandes pièces du répertoire mais aussi des pièces plus engagées, comme «"L’irrésistible Ascension d’Arturo Ui ». Il quitte la direction du TNP en 1963, épuisé, garde plus longtemps la direction du festival d’Avignon. Il meurt en 1971.
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