La Vie matérielle

Entre confidences et souvenirs, un passionnant autoportrait à bâtons rompus.
De
Marguerite Duras
Adaptation : Michel Monnereau
Durée : 1h
Mise en scène
William Mesguich
Avec
Catherine Artigala
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Studio Marie Bell au Théâtre du Gymnase
38 boulevard Bonne Nouvelle
45010
Paris
01 42 46 79 79
jeudi à 19h30, samedi et dimanche à 17h, jusqu’au 22 mai

Thème

Dans ce monologue, Marguerite Duras parle d’elle-même, de l’écriture un peu, mais surtout de sa vie personnelle et des sujets qui lui tiennent à cœur : l’Indochine de son enfance, sa mère bien sûr, l’alcool, le sexe, les rôles des femmes, la célébrité et ses revers, ses trois habitations (la rue Saint-Benoit à Paris, la maison de Neauphle-le-château, les Roches Noires à Trouville), un fait divers qui l’a marquée, Yann Andréa son dernier amour…

Points forts

  • L’adaptation est remarquable : Michel Monnereau a butiné dans le livre originel des éléments concrets, tangibles, informatifs, et laissé de côté les grandes envolées intellectuelles, parfois brumeuses. Il passe d’un sujet à un autre, saute d’un thème à l’autre sans jamais s’attarder : le spectacle ne connaît aucune longueur. Comme un puzzle, Michel Monnereau ajoute une pièce, plus une pièce… et à la fin apparaît une image, un visage plutôt, celui de Margueritte Duras, sans fard mais non sans coquetterie.
  • Catherine Artigala ressemble à Duras, mais ne fait rien pour la copier ou l’imiter, ni dans son phrasé ni dans son célèbre uniforme (pull à col roulé, gilet noir, jupe droite, bottes courtes), autant de points saillants toujours tentants pour une comédienne. Elle interprète Duras comme un personnage de théâtre et au final la fait revivre comme une vraie personne. Du bel art, hautement maîtrisé.
  • La mise en scène de William Mesguich est vive, qui suit le tempo imposé par les fréquents changements de sujets, et s’appuie sur une bonne bande son.

Quelques réserves

  • Bien sûr, chaque lecteur attentif et passionné de La Vie matérielle regrettera de ne pas trouver un petit passage précis : l’événement édifiant qui l’a personnellement marqué ou la simple phrase qu’il a beaucoup aimée. Mais c’est la règle du jeu, le jeu du choix, le choix de l’adaptateur.
  • Qu’importe au fond, au-delà du spectacle reste le livre auquel on peut toujours revenir, lui qui, comme l’écrivait Duras, contient « ces aller et retour entre moi et moi, entre vous et moi dans ce temps qui nous est commun

Encore un mot...

Publié en 1987, le livre La Vie matérielle est une série d’entretiens de Marguerite Duras, 73 ans, alors à l’apogée de sa carrière d’autrice et de cinéaste, avec le journaliste-écrivain Jérôme Beaujour. D’abord « dits », ces textes ont été écrits et retravaillés. « Ce livre n’a ni commencement ni fin, il n’a pas de milieu. Du moment qu’il n’y a pas de livre sans raison d’être, ce livre n’en est pas un », précisait Duras dans sa présentation.

Une phrase

« En somme, pour des raisons diverses la honte recouvre toute ma vie. »

L'auteur

• Femme de lettres et cinéaste française, Marguerite Donnadieu, dite Duras, est née en 1914 près de Saïgon au Vietnam, alors Indochine française.

• Figure majeure de la littérature du XXe siècle, Marguerite Duras cultive dans son œuvre romanesque (Un barrage contre le Pacifique, Moderato cantabile, Le Ravissement de Lol V. Stein, Le Vice-Consul…) et théâtrale (Des journées entières dans les arbres, L’Amante anglaise, La Musica…) une esthétique du mystère. Elle s'illustre également dans le cinéma comme scénariste (Hiroshima mon amour) et comme réalisatrice (India song, Le Camion…), un art qu'elle considère comme le « lieu idéal de la parole ».

• En 1984, Marguerite Duras reçoit le prix Goncourt pour L’Amant, qui rencontre un immense succès et est adapté au cinéma par Jean-Jacques Annaud. Elle meurt à Paris en mars 1996, à l'âge de 81 ans.

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