La promesse de l’aube
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Thème
• La promesse de l’aube est l’un des chefs d’œuvre de Romain Gary, peut-être celui que la postérité retiendra. Dans ce roman sur le sentiment filial déguisé en autobiographie, Gary porte un regard rétrospectif sur sa vie, que chaque étape relie à sa mère. Une mère à l’amour et la foi démesurés pour l’enfant, l’adolescent, le jeune homme, et enfin le soldat qu’il devint.
• De sa naissance à Vilnius, puis un séjour en Pologne jusqu’à à leur installation à Nice, elle va déployer une énergie incroyable pour que son fils connaisse un destin grandiose.
Points forts
• Stéphane Freiss lit ce texte depuis de nombreuses années. Confortablement installé dans un fauteuil, il prend possession de la scène, puis de la salle pour nous faire rentrer dans l’histoire avec subtilité. Il nous rend complice du couple infernal que forme Gary avec sa mère.
• Le texte, bien entendu, qui a toutes les qualités d’une œuvre littéraire : il nous touche par sa simplicité, nous émerveille par sa qualité, et nous conquiert par sa puissance littéraire. Cette langue subtile se lit avec facilité, comme un conte, une histoire qu’on raconte à des amis.
Quelques réserves
• Un acteur c’est une voix, mais aussi un corps. En abandonnant le sien dans un fauteuil, Stéphane Freiss prive le spectateur de la moitié de ce qu’il est venu chercher : une présence en mouvement, un personnage en action …
• C’est assez frustrant non de l’entendre, mais de le voir lire, feuilles en main, alors que tant d’artistes « seuls en scène » se sont donnés la peine d’apprendre leur texte pour mieux se concentrer, non pas sur la lecture, mais sur le jeu et l’incarnation. Stéphane Freiss est un bon acteur, c’est entendu, mais l’exercice n’est pas abouti.
• Stéphane Freiss dit qu’il a choisi la forme de la lecture, car c’est la plus simple et la plus modeste, pour faire entendre l’évidence de la voix de Gary. Mais l’interprétation qu’en a donnée Bruno Abraham-Kremer aux Mathurins en 2013 était autrement plus ambitieuse.
• Le comédien consacre dix minutes d’un spectacle d’une heure dix pour dire qu’il est désolé de le trahir en amputant son texte et nous donnant son sentiment sur son œuvre et son chien ( !), ce dont nous nous passerions très bien...
Encore un mot...
J’ai lu le livre, c’est le troisième spectacle tiré de l’œuvre auquel j’ai le bonheur d’assister. Je ne me lasse pas d’entendre ce récit que je redécouvre à chaque fois avec un égal bonheur.
Une phrase
« Il n’est pas bon d’être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ça vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c’est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est ensuite obligé de manger froid jusqu’à la fin de ses jours ».
L'auteur
Romain Gary fut successivement aviateur, militaire, résistant, diplomate, romancier, scénariste … en quête du grand destin que sa mère avait si intensément désiré pour lui.
Ce destin fut doublé d’un parcours littéraire remarquable et singulier, puisqu’il connut un succès parallèle sous le nom d’Émile Ajar, sous le nom duquel il publia quatre livres et reçut le prix Goncourt. Il demeure le seul écrivain à être distingué deux fois par un prix que l’on ne pouvait théoriquement recevoir qu’une seule fois. Ce n’est qu’après son suicide en 1980 que la mystification fut révélée.
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