La contrebasse

Séance d’humour noir délivrée par l’auteur du Parfum
De
Patrick Süskind
Durée : 1 heure 25
Mise en scène
Gil Galliot
Avec
Jean-Jacques Vannier
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

Théâtre Le Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs
75006
Paris
01 45 44 57 34
Du 1er septembre au 5 novembre 2023. Du mardi au samedi à 19 heures Dimanche à 16 heures

Thème

Un musicien lambda, contrebassiste de son état, attend chez lui le moment d’aller rejoindre son orchestre et, par le prisme de son instrument, nous donne son avis sur absolument tout, avec une mauvaise foi flagrante.

Points forts

  • Le texte nous propose un festival de réflexions sur l’artiste, sur tout ce qui le concerne personnellement, sur la musique classique, sur la vie et ses jugements à l’emporte-pièce sont assez délirants.
  • Avec cependant beaucoup de justesse, le comédien établit un parallèle entre la hiérarchisation d’un orchestre et celle de la société actuelle, avec ses codes et ses principes : ainsi, le chef d’orchestre ne serre-t-il la main que du premier violon, ce qui en dit long sur l’ignorance dans laquelle il tient les autres. Notre contrebassiste est d’ailleurs très vexé d’être relégué tout au fond de la fosse, derrière les violons, les flûtes traversières, et de se retrouver à côté des percussions. Être un anonyme ne lui plait guère !
  • Il est très amusant de constater qu’au départ cette contrebasse, énorme au demeurant, est l’objet du plus grand respect et d’un infini amour de la part du musicien et qu’au fur et a mesure de la pièce, l’instrument est voué aux gémonies, exécré, vilipendé à l’extrême.
  • Les travers dénoncés par le musicien avec énergie sont assenés avec un tel accent de vérité, une telle honnêteté que cela en devient touchant, humain. On comprend sa tristesse d’être toujours caché quand d’autres sont dans la lumière.
  • Un grand moment à signaler, lorsque le contrebassiste évoque cette manie normalisée de consulter un psychiatre, sachant que, d’après lui, la psychanalyse soulève plus de problèmes qu’elle n’en résout. Et de nous poser la question : « Vous imaginez Wagner chez un psychiatre ? »….
  • Jean-Jacques Vannier - qui s’était fait connaître sur France Inter chez Laurent Ruquier (dans l’émission-culte Rien à cirer) puis avec son seul en scène L’envol du Pingouin -  est épatant. Il parcourt la pièce avec toute sa fougue, sa sincérité, ses rancoeurs et sa mauvaise foi, et remplace dignement son prédécesseur, le lunaire et regretté Jacques Villeret.

Quelques réserves

  • Rien ici ne démérite !

Encore un mot...

  • Ces réflexions tous azimuts sur des sujets personnels - c’est un homme bien seul qui aimerait qu’on le prenne un peu en considération – sont énoncées avec calme puis avec colère, et suscitent une grande tendresse envers l’interprète. 
  • De plus, l’on apprend beaucoup de belles anecdotes concernant la musique et les musiciens, le tout rapporté avec drôlerie et humour. On passe un excellent moment.

Une phrase

  • Patrick Süskind (né en 1949 en Bavière) est un écrivain et un scénariste allemand. Après avoir étudié l’histoire médiévale et contemporaine, il se tourne vers la télévision en qualité de scénariste.
  • Il crée sa première pièce La Contrebasse en 1981, jouée en Allemagne puis en France, avec Jacques Villeret. Süskind  fit paraître son premier roman Le Parfum en 1985, lequel connaît un succès international. En 1987 suivra Le Pigeon, un recueil de quatre nouvelles. Enfin, dix ans plus tard il sortira Sur l’amour et la mort
  • Süskind a signé plusieurs scénarios de séries et de longs métrages. Cet homme réservé a toujours refusé de recevoir des prix, et n’accorde que très peu d’entretiens.

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