La Chute
Durée : 1H20
Infos & réservation
Thème
- Dernier roman d’Albert Camus, La Chute est le récit d’une confession, sous forme de monologue, d’un homme à un autre homme, rencontré dans un bar un soir à Amsterdam.
- Cet homme, c’est Jean-Baptiste Clamence, ancien avocat à succès à Paris, qui se dépeint comme parfaitement égoïste et profondément individualiste, et qui va voir sa vie bouleversée à jamais lorsqu’un soir, en rentrant chez lui, il entend une jeune femme se jeter d’un pont et, sans même se retourner, continue sa route, sans lui porter aucun secours.
- Cette chute de ce corps dans l’eau va entraîner sa propre chute morale, rongé par la culpabilité jusqu’à l’obsession. Clamence va s’enfermer dans le remords et se questionner sur l’inutilité de son existence.
- Camus dépeint ici la culpabilité de l’homme, qui ne saurait être sauvé par sa conscience : cet homme moderne vivant dans le divertissement, de manière individualiste, a perdu toute notion de justice et de responsabilité. Un texte qui résonne aujourd’hui avec force.
Points forts
Il est toujours impressionnant de voir sur scène un comédien se débattre, seul, avec un texte aussi riche, durant quasiment une heure et demie…
Quelques réserves
- Ce qui, malheureusement, ne suffit pas à faire un bon spectacle, car malgré l’implication sincère de Stanislas de Tousche, l’incarnation ne possède ni la profondeur ni la véritable noirceur cynique du personnage imaginé par Camus.
- La mise en scène manque tout autant de simplicité et de vérité, et va chercher à combler ce manque par une multitude d’effets sonores ou visuels qui n’ont pour seul effet que celui de nous distraire et nous sortir du propos.
- On peine à imaginer cet autre personnage à qui le comédien se confesse, ni les lieux qu’il traverse, malgré l’enchaînement de bruitages en tout genre que le metteur en scène semble croire opportuns comme pour aider le spectateur à y voir plus clair…
- Avait-on réellement besoin du bruit de pas lents sur le pavé pour comprendre que le personnage se balade le long d’un canal d’Amsterdam ? Ou même d’entendre le comédien parler à la manière de Brel pour comprendre qu’on est à Amsterdam ?
- Ce sur-enchainement d’effets nous empêche de plonger dans la force du texte et l’émotion ne surgit pas, nous laissant indifférents.
Encore un mot...
On ressort tout de même avec l’envie de lire ou relire le texte original d’Albert Camus.
Une phrase
« Ces nuits-là, ces matins plutôt car la chute se produit à l’aube, je sors, je vais, d’une démarche emportée, le long des canaux. Dans le ciel livide, les couches de plumes s’amincissent, les colombes remontent un peu. Une lueur rosée annonce, au ras des toits, un nouveau jour de ma création (…) Alors planant par la pensée sur tout ce continent qui m’est soumis sans le savoir, buvant le jour d’absinthe qui se lève, ivre enfin de mauvaises paroles, je suis heureux. Je suis heureux, vous dis-je, je vous interdis de ne pas croire que je suis heureux, je suis heureux à mourir ! «
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