H 24

Belle étude de mœurs que nous confie là Stefan Zweig !
De
D’après Stefan Zweig « 24 heures de la vie d’une femme »
Adaptation : Anne Martinet
Durée : 1 h 10
Mise en scène
Juan Crespillo
Avec
Anne Martinet
Notre recommandation
4/5

Infos & réservation

MANUFACTURE DES ABBESSES
7 rue Véron
75018
Paris
01 42 33 42 03
Du 18 octobre au 2 décembre 2023 Les mercredis, jeudis, vendredis et samedis à 19h.

Thème

  • Une aristocrate écossaise, assez désorientée depuis le décès de son mari, décide brusquement d’aller passer la soirée au casino de Monte-Carlo. Dans la salle, elle aperçoit un joueur dépendant au dernier degré des tables de jeux. 
  • Elle est totalement fascinée par son comportement et, pendant 24 heures, s’accroche à son existence. Elle va tout essayer pour le sortir de cet enfer. Si ces 24 heures auront un effet salvateur sur son avenir à elle mais, quid du joueur ?

Points forts

  • L’interprétation remarquable d’Anne Martinet, servie par une voix douce, modulée, chantante qui donne un peu de légèreté aux instants bien sombres qu’elle traverse. Elle occupe complètement la scène, seule, élégante silhouette, en évoluant gracieusement autour d’une chaise ou d’un canapé.
  • La mise en scène assez minimaliste mais bien calculée et n’en demandant pas plus.
  • Le texte merveilleux de Stephan Zweig, auteur que l’on ne présente plus. Ce dernier est un conteur-né, un passeur d’histoires et de sentiments, et ses mots sont mis en valeur par le jeu et la diction de la comédienne.
  • La signification de la gestuelle des mains, épatante. Les joueurs maîtrisent parfaitement leurs expressions faciales mais pensent beaucoup moins à vérifier tout ce que représentent les gestes des mains. Et ceux-ci en disent long sur l’état d’esprit de leurs propriétaires.

Quelques réserves

  • Au tout début, la pénombre et la voix douce, discrète même, de la comédienne donne un sentiment de flottement feutré un peu lénifiant. Mais très vite, la dame s’anime et donne du relief à son personnage.

Encore un mot...

  • Cette pièce est remarquable à la fois par son texte et par son interprétation. Il est intéressant de constater qu’à cette époque une femme puisse penser que par quelques simples paroles, elle soit capable de détourner du démon du jeu un joueur accroché comme un perdu à sa table de jeu. Et lui donner de l’argent pour se payer une chambre d’hôtel ! Il y a là une naïveté doublée d’inconscience devant l’addiction d’un joueur. Une folie ne se commande pas. • Stephan Zweig nous décrit ces situations avec finesse et gentillesse, sans aucun jugement, excellemment.

Une phrase

  • « La gratitude rend heureux parce qu’on la rencontre si rarement. »
  • L’enfer du jeu, ainsi décrit : « Je le fixe, aussi hypnotisée par sa folie que ses regards le sont par le jeu, je ne remarque plus rien d’autre dans la salle, tout me semble sans éclat, tout me semble terne comparé au feu de ce visage, j’observe pendant une heure peut-être cet homme et chacun de ses gestes. »
  • Enfin : « Vingt-quatre heures… Une seule journée… toute une vie. "

L'auteur

  • Stefan Zweig (né à Vienne en1881, moert à Petropolis au Brésil en 1942), fils d’une riche famille juive, étudie la philosophie et l’histoire de la littérature. Il voyage énormément vers les capitales européennes, puis aux Etats-Unis et en Inde.
  • Il s’associe à d’autres intellectuels, pour prôner l’unification de l’Europe et le pacifisme. Dès l’arrivée d’Hitler au pouvoir, Zweig, menacé, part pour l’Angleterre où il se fera naturaliser (1940), puis au Brésil l’année suivante. En 1942, à l’apogée du IIIe Reich et devant l’effondrement de ses rêves humanistes, il se donne la mort en s’empoisonnant.
  • Parmi ses ouvrages signalons La peur (1920), La confusion des sentiments (1927), Vingt-quatre heures de la vie d’une femme (1927), La pitié dangereuse (1938), Le joueur d’échecs (posthume en 1943). Il a également écrit des biographies : Marie-Antoinette (1932) et Marie Stuart (1935), plus quelques essais : Trois maîtres (1921) et Trois poètes de leur vie (1928).

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