Fiasco
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Thème
• Le titre, Fiasco, résume parfaitement le propos de ce seul en scène : Warren Zavatta revient sur la trajectoire qui l’a fait passer du « Capitole à la Roche Tarpéienne » puis à la rédemption.
• En d’autres termes, après des débuts fracassants et sous les meilleurs auspices - c’est-à-dire l’aile protectrice du célèbre Dany Boon et de sa société de production - le comédien se livre, sans explication apparente, à un sabotage en bonne et due forme de sa prometteuse carrière, occasionnant divers dégâts collatéraux pour lui-même comme pour sa vie de famille.
• Compte tenu de la gravité du propos, comment parvenir à en faire un spectacle comique et suffisamment attractif ?
Points forts
• Zavatta est de ces showmen endurcis, qui ne s’en laissent pas compter, et pour rien au monde ne lâcheraient l’affaire : la salle est-elle peu remplie et le public clairsemé, parfois un peu dur à la détente ? Qu’importe : il garde intacte son énergie, tient à nous la communiquer, et livre sa partition comme il le ferait galvanisé par une salle comble et chavirée de rire à la moindre de ses saillies.
• Son seul en scène est servi par d’évidentes qualités de comédien et de circassien : outre la voix et le physique assez imposants du bonhomme, sa pratique de divers arts (jonglage, acrobaties, saxophone) lui donnent une grande aisance sur scène, là où bien des stand-uppers restent plantés derrière leur micro. Zavatta possède une envergure et un abattage évidents.
• Enfin, Zavatta s’appuie sur du vécu, et pas des plus gais, avec une grande sincérité, qui n’exclut jamais l’autodérision. Là encore, il ne cache rien de sa descente aux enfers - lorsqu’il devient « l’Amy Winehouse de l’humour » et le compagnon de beuverie du regretté Jacques Villeret - et combine humour et cruelle lucidité, quand bien d’autres essaient péniblement (et en vain) de nous faire croire aux histoires qu’ils se prêtent, alors que leur propre existence est bien souvent dépourvue du moindre relief.
Quelques réserves
• Une entrée en matière peut-être un peu laborieuse, avant l’entrée dans le vif du sujet.
Encore un mot...
Une énergie intacte et généreuse, quel que soit le nombre de spectateurs en salle. L’autopsie et le diagnostic de sa dégringolade passée sont livrés avec autant d’humour que d’honnêteté. Son retour sur scène n’en est que plus méritoire.
Une phrase
« Pablo, est-ce qu’au bar il y a de la coke ? »
L'auteur
• Warren Zavatta, né en 1968, est un enfant de la balle, qui prétend avoir « grandi avec le nain Nono », sans lui avoir laissé le moindre « droit d’hauteur »... En tout cas, il est le fils du directeur du cirque Zavatta fils et d’une danseuse au Lido, et donc le petit-fils d’Achille, célèbre clown aux godasses démesurées (zavatta, comme savate en italien ?), roi de La piste aux étoiles et des jeudis après-midi des boomers. Ce dernier était cependant à la ville et pour son entourage tout sauf drôle : outre qu’il abandonna femme et enfants, il fit un procès au père de Warren, ne manifestera guère d’attention envers son petit-fils. Achille, malade et dépressif, finira par se suicider en 1993 et sera enterré « en grandes pompes »... comme il se doit.
• Warren prend ses distances avec le cirque qui a baigné toute sa jeunesse, s’oriente vers le théâtre et la comédie. On le voit dans de nombreux films entre 2001 et 2009. Son précédent spectacle, Ce soir dans votre ville (2011), racontait les dessous du cirque et rencontra un vif succès. Après une interruption de dix ans, il revient sur scène avec (et sur son) Fiasco.
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