Des fleurs pour Algernon
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Thème
Charlie Gordon est simple d’esprit. Sujet d’expérience d’un programme de recherche, il est en compétition avec une souris de laboratoire, Algernon, au cours d’une série de tests de mesure du quotient intellectuel, et c’est la souris qui gagne !
Mais Algernon n’est pas un cobaye ordinaire, car l’équipe scientifique a modifié son cerveau et réussi à multiplier par trois son intelligence. Volontaire - si tant est qu’il comprenne ce qui se passe - pour subir la même opération, Charlie, comme Algernon, va voir ses capacités intellectuelles exploser.
Seulement voilà : son cerveau d’Homo sapiens est bien plus performant que celui de la petite souris blanche : il va toucher au génie. Va-t-il rester au sommet ou retomber inexorablement, comme le fait en mathématiques cette courbe de Gauss qui le hante ?
Points forts
Charlie Gordon, c’est Grégory Gadebois. S’il y a du génial quelque part, c’est bien dans la façon dont l’acteur fait glisser progressivement son personnage du crétinisme gentil à une sorte de surhumanité qui lui ouvre tout le savoir du monde. La métamorphose est stupéfiante : autant Charlie est lourdaud, laid, à peu près déconnecté du réel, autant Charles, comme l’appelle désormais une communauté scientifique fascinée, est altier, séduisant, lucide sur les gens et les choses…
Grégory Gadebois change littéralement de personnalité sous nos yeux, et l’on comprend qu’il ait obtenu pour ce rôle le Molière du seul en scène en 2014 (avec, déjà, l’excellente Anne Kessler à la mise en scène).
Quelques réserves
Il n’en voit pas. Même l’accompagnement sonore, trop souvent inutile ou mauvais au théâtre, est ici parfaitement adapté. Comme l’est aussi le décor, évocateur du contexte « technico-scientifique » de l’histoire – le fauteuil de laboratoire pivotant et mobile sur rail, avec lequel Charlie se déplace le plus souvent, est une vraie trouvaille de scène !
Encore un mot...
Le fait de cueillir la pomme d’or de la Connaissance rend-elle Charlie Gordon heureux ? C’est tout le problème. Non, parce qu’il prend conscience de l’existence du mal en nous, et du malheur qui nous frappe un jour ou l’autre et qui ne va pas l’épargner, lui, l’homme autrefois simple et plein d’innocence. Mais, parce qu’il contemple avec plus de clairvoyance qu’aucun autre humain l’immense beauté du Savoir, Charlie sait que là réside notre raison d’être… Avec l’Amour, bien sûr, cette force étrange qui le désarçonne bien plus que celles qui régissent les mécanismes de l’univers.
Une phrase
« Cette saleté de souris me bat à chaque fois. »
L'auteur
L’Américain Daniel Keyes (1927-2014) publia Des fleurs pour Algernon d’abord sous la forme d’une nouvelle en 1959, avant de retravailler l’histoire pour en faire un roman, paru en 1966. Ce fut le succès d’une vie, par ailleurs consacrée aux études universitaires et à la psychologie (notamment la nature des personnalités multiples, ce qui est, en somme, le cas de Charlie).
Vendu à des millions d’exemplaires, traduit partout, le roman devint un film en 1968 (Charly, de Ralph Nelson, qui valut un Oscar du meilleur rôle à l’acteur principal, Cliff Robertson) avant d’être adapté nombre de fois (pas toujours avec bonheur) au théâtre, à la télévision et à la radio.
Classique absolu de la littérature de science-fiction, Des fleurs pour Algernon est l’un des rares titres ayant obtenu à la fois les deux « Goncourt » du genre : le prix Hugo (en 1960 pour la nouvelle) puis le Nebula (en 1966 pour le roman).
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