Dans la peau d’un magicien
Merveilleuse magie
De
Thierry Collet
Mise en scène
Eric Didry
Avec
Thierry Collet
Notre recommandation
4/5
Infos & réservation
Théâtre du Rond-Point
bis avenue Franklin D. Roosevelt
75008
Paris
01 44 95 98 21
Jusqu’au 27 mai, du mardi au dimanche à 20h30. Dimanche 15h30.
Retrouver également les chroniques Toujours à l'affiche dans cette même rubrique
Thème
- Ce récit des étapes de ce qu’il faut bien appeler une vocation précoce, ponctuée par des congrès et des spectacles de magie, est entrelacé avec des “tours“ - la caisse aux épées, le cintre mystérieux, la baguette magique, les manipulations de cartes - et de pièces, le tour du « Barman du Diable », plus d’autres moments où les tours de magie sont simplement racontés.
- Entre technicité, labeur et primitivisme, car il y a dans la magie, et singulièrement celle-ci, comme un écho des croyances ancestrales, quelque chose de l’évocation d’un premier âge du monde, Thierry Collet convie le spectateur à s’ébahir mais aussi à réfléchir.
- Le public est en effet gentiment convié à participer, qu’il s’agisse de visiter la caisse aux épées, parce que « c’est là qu’on est au plus proche du mystère, c’est là qu’on fabrique le mystère », ou de monter sur scène pour servir de cobaye assistant.e. On n’échappe évidemment pas à une citation d’Harry Potter à propos de la plume du phénix et de celui « dont on ne prononce pas le nom », et même cela aussi arrive à nous surprendre !
Points forts
- Thierry Collet mêle admirablement son extrême dextérité à un talent théâtral qui assure la fluidité des échanges avec le public. L’énergie et la gaité circulent bien. Même si on n’aime pas les spectacles interactifs ou participatifs, on ne sera pas heurté par celui-ci dont la simplicité, la familiarité donnent presque envie au plus timide de monter sur scène pour partager ce moment et son mystère avec le magicien et le public.
- C’est que Thierry Collet excelle à transmettre la jubilation d’être au cœur du mystère, de maîtriser les choses, de fabriquer quelque chose d’impossible qui rapproche le magicien du chercheur et /ou de l’enquêteur. L’effervescence et le ravissement que le « tour le barman du diable » diffuse dans le public, rappellent que ce qui est beau dans la magie c’est l’espèce de sidération qu’elle créé : entre désir de percer le mystère et bonheur d’être captif de l’incompréhensible, c’est-à-dire du miracle.
- En outre, ce magicien-là prend au pied de la lettre ce que cela fait d’être dans la peau d’un magicien. En convoquant dans cette évocation l’entièreté de son corps il montre qu’il ne s’agit pas seulement d’avoir des doigts agiles et prestes mais que la magie est bien l’affaire du corps tout entier et de son équilibre.
Quelques réserves
Aucune.
Encore un mot...
- Cette interrogation sur la nature de l’expérience magique, cet autre regard sur le monde, est aussi créateur d’un autre monde, puisqu’il métamorphose les choses et les êtres en révélant leur mystère et leur magie, et en suggérant tant de possibles présents et à venir.
- C’est également une invitation adressée aux spectateurs à aiguiser leur sens de l’observation et à faire travailler leur imagination bien sûr, mais aussi à s’interroger sur les manipulations dont ils sont l’objet, y compris lorsqu’elles ne passent pas par les mots, mais par les gestes et les postures.
Une phrase
« Je voudrais évoquer des moments importants où la pratique de la prestidigitation a rejoint mon histoire intime, faire des allers- retours entre ce qui me définit comme magicien et ce qui me constitue comme être humain, aller regarder mes démons plutôt que de faire le malin. »
L'auteur
- Formé très tôt à la prestidigitation , Thierry Collet entre au Conservatoire National d’Art Dramatique, où il avoue avoir eu un peu honte de n’être “que“ prestidigitateur. Depuis sa sortie, en 1994 il a concçu et monté plusieurs spectacles mêlant théatre et magie (L’Enchanteur,en 1994, Maître Zacharius d’après Jules Verne en 2001, L’Ombre d’après Andersen en 2004 ), mentalisme dans lesquels il utilise son passage par une formation universitaire en philosophe et psychologie (Influences et VRAI/FAUX [rayez la mention inutile]) en 2009 , Qui-Vive en 2012), et réflexion sur les nouvelles technologies et notre sujétion au numérique (Je clique donc je suis en 2014).
- Depuis 2017, il copilote, avec l’équipe du Parc de La Villette à Paris, le Magic Wip, un lieu « agitateur de magie », qui croise production et diffusion de spectacles et résidences d’artistes, formations pour les publics et master class pour la communauté magique.
- Avec Que du bonheur (avec vos capteurs), créé en 2019, il interroge l’optimisation de l’être humain par les machines, poursuivant ainsi un cycle autour de la magie numérique et des « pouvoirs magiques » des nouvelles technologies. En juillet 2021, en collaboration avec Brice Berthoud (Cie Les Anges au Plafond) et Chloé Cassagnes, il crée L’Huitre qui fume (et autres prodiges), un cabaret magie/marionnettes à La Comète – Châlons-en-Champagne – et au Magic Wip de Paris.
Ajouter un commentaire