CHRISTOPHE ALEVEQUE revient bien sûr
Si vous aimez le "flinguage" intelligent et souverainement irrespectueux, allez voir Alévêque, si vous le pouvez. Vous allez vous régaler.
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Thème
Il n'a pas son pareil pour dézinguer les politiques, tous ceux qui nous mentent ou louvoient, tous ceux qui nous font prendre des vessies pour des lanternes, bref ceux qui nous gouvernent, mais pas que. Rien n'échappe à la cruauté vociférante mais perspicace du pote à Ruquier.
Evidemment, ne faisant pas dans la dentelle, ce trublion qui trompe son monde car il porte beau, lâche des saillies qui ne sont pas toujours du meilleur goût surtout quand il joint le geste à la parole. Mais le vaste public dans la grande salle Renaud Barrault, complice, réagit au quart de tour, ravi ; il faut dire que l'actualité est folle : le grand débat part plombé ( "c'est jusqu'au 15 avril mais de quelle année ?"), Brigitte en prend pour son grade (la première dame est si fragile...), Benalla, le "travelo joufflu" peut aller se rhabiller, Mgr Barbarin, "Monseigneur saucisson", est une cible toute trouvée avec "tous ceux de la paroisse". D'entrée de jeu l'humoriste nous avait bien prévenus comme dit l'artiste : "Mesdames et Messieurs, tout ce que je vous raconte est vrai !"
D'ailleurs, derrière son pupitre de chef d'orchestre sur lequel il tape à tour de bras, usant et abusant (peut être) du fameux comique de répétition, Christophe Alévêque nous promet simplement "de faire un tour exhaustif et objectif (!) de l'actualité". On n' est pas déçu de la balade.
Points forts
- Sa prise à partie de quelques spectateurs, spontanée, drôle, corrosive sans méchanceté : " Je m'adresse aux femmes qui ont eu un enfant en 2018, levez la main... Personne ? Je le savais bien !" (rires)
- Une séquence plus amusante que d'autres : celle de la taxe d'habitation 4 fois, 5 fois, 6 fois... amendée, repoussée, annulée , reprise, ponctuée d'autant de coups sur le pupitre jusqu'a son écroulement total et... celui des spectateurs. Au total, ce one-man-show nous réjouit avec un florilège de gaffes, de dénis grossiers, d'explications bidons qu'on nous sert là, à longueur de journées, au rythme des chaines infos et dont il faut se dépêcher "de rire pour mieux résister", selon Jean Michel Ribes.
- Excellente occupation de la scène, une gestuelle entraînante , des mimiques au diapason d'un texte bien asséné
Quelques réserves
Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse ; le dernier quart d'heure (sur huit quand même) lasse quelque peu bien que l'artiste ne faiblisse pas. C'est peut être trop gros (je ne dis pas trop gras) pour qu'on puisse tout avaler en une seule prise... C'est à croire que lorsque les sujets ne sont plus scabreux ou les situations moins anormales, Alévêque ne fait plus rire. C'est la limite du système Alévêque mais il y a encore de la ressource pour ce "super rebelle", avide du feuilleton de la politique politicienne
Encore un mot...
Une sacré prestation, un formidable tempérament de bateleur augmenté d'une rare empathie de et vers son public
Une phrase
Ou plutôt trois:
- - Une citation du général Mac Arthur "Toutes les grandes défaites se résument en deux mots : "Trop tard !"
- - "Trop de conneries n'ont jamais tué un con"
- - "Mieux vaut un merdier organisé qu'organiser le merdier"
L'auteur
La carrière d'humoriste engagé et décalé de Christophe Alévêque débute au milieu des années 90, avec sa collaboration dans la Bande à Ruquier, dans l'émission "Rien à cirer" sur France Inter. Sa collaboration avec l'animateur perdure en tant que chroniqueur dans les émissions de France 2 "On a tout essayé", d'Europe 1 avec "On va s'gêner" et de Canal +
Au cinéma, il tourne dans de nombreux films entre 2002 et 2009 : notamment "Pièce montée" de Denys Granier-Deferre et "Ceci est mon corps "de Jérôme Soubeyrand, "L'Ami du jardin" de Jean Louis Bouchaud, "Nos amis les flics" de Bob Swain, "Mes parents chéris" d'Esposito. Il écrit des scénarii de films commandés par des producteurs : "Copains copines", "Jouons ensemble"...
Mais c'est sur scène (et pas des plus petites) qu'il est le plus brillant, en particulier dans le genre one-man-show, qu'il affectionne : "Debout" sera joué à la Comédie Caumartin et au Casino de Paris puis en province de 2006 à 2008. Depuis 2010 il se produit sur les scènes du Rond-Point: "Les Monstrueuses Actualités", "Christophe Alévêque est Super Rebelle...et candidat libre !", en 2015, tellement libre qu'il mettra le feu à la scène ! Il présente sa célèbre "Revue de presse" qu'il enrichit constamment pour conclure provisoirement par ce cri du cœur un rien désabusé "Christophe Alévêque revient quand même".
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