Camille Prioul: Odyssée (d'après Homère)
Thème
• Camille Prioul revisite L’Iliade et L’Odyssée à sa manière, assez libre, et qui n’engendre pas toujours la mélancolie… Le spectacle est centré sur le personnage d’Ulysse, tour à tour intrépide, accablé ou excédé par les princes qui convoitent Pénélope bien sûr, mais aussi par son équipage et mêmes les “caprices des Dieux » : la rancune de Poséidon ou les minauderies d’Athéna - comique à ses dépens, et même touchant lorsqu’il retrouve aux enfers les héros grecs du siège de Troie et sa propre mère.
• La saga d’Homère est donc revue et corrigée par un Camille Prioul qui évolue sans relâche sur le plateau – débout, assis, sur le ventre et même sur le dos (dans un hilarant dialogue avec “Kiki“, le bouc préféré du cyclope) - autour d’un cube.
• L’auteur-metteur en scène incarne ainsi les principaux protagonistes (Achille, Ajax, Agamemnon…) et épisodes de l’interminable guerre (cheval de Troie et prise de la ville), soit, au total 27 personnages, 3 foules et un bélier ! Il évoque bien sûr les étapes de l’errance du roi d’Ithaque : Lotophages, Circé et Calypso, Éole, les sirènes, Charybde et Scylla, sans oublier, la rencontre avec Polyphème.
Points forts
• L’auteur et metteur en scène a choisi de forcer le trait de certains personnages, pour donner une dimension comique à un récit qui a priori ne s’y prête pas : c’est ainsi qu’un Zeus grasseyant gère tant bien que mal sa PME de dieux indociles, dont sa fille, Athéna, se comporte en adolescente tête-à-claques et Hermès, sans doute mal chaussé à la Plaka, circule de ses pieds ailés, mais qui dégagent des odeurs douteuses... Les compagnons d’Ulysse ne sont pas en reste : le chuintant Euryloque, beau-frère du héros d’Ithaque, se fait l’interprète d’un équipage bas de plafond, toujours prompt à déclencher une catastrophe dès que leur royal capitaine a le dos tourné…
• Le comique met également l’accent sur certaines situations récurrentes du récit homérique : le roi des Phéaciens souligne - avec force effets et au fil du récit que lui livre son hôte - la fâcheuse tendance d’Ulysse d’aller se frotter à des géants qui veulent le dévorer, lui et ses hommes. Bien vu !
• Camille Prioul conte Homère en mettant un soin particulier à sa gestuelle et à ses déplacements, tout en variant ses expressions, quand la situation l’exige.
Quelques réserves
• L’ampleur du récit à couvrir est un défi majeur pour quiconque s’y attaque : de fait, la représentation dure 1h25, et c’est parfois vraiment long pour un type de spectacle qui, sous bien des aspects, s’apparente à un conte. Est-ce pour mieux nous faire sentir ce qu’a enduré Ulysse, tenu éloigné d’Ithaque pendant vingt ans ?
• Les jeux de lumière sont parfois bienvenus, mais ils jouent trop rarement et pleinement leur rôle. Certaines trouvailles de l’auteur – ainsi le “tube“ Phéacien “Prudence et Bravoure“ – méritaient une mise en valeur instrumentale, et un traitement moins plat. S’agissant de musique, Karl Orff au synthétiseur inflige aux oreilles du public une rude épreuve, et ne contribue en rien à l’effet recherché pour la scène qu’il orne.
Encore un mot...
Dans cette Odyssée, il y a matière à rire, mais aussi à méditer sur la condition comparée des dieux et des mortels, l’attachement à son pays, ses ancêtres et même à sa femme
Une phrase
Ulysse (abattu, mais lucide) : « Ma vie se résume à ça : tempête et nymphomanie…»
L'auteur
Camille Prioul vient de l’improvisation théâtrale, et a fait ses preuves au sein de la Ligue d’Improvisation de Paris, puis a fondé la troupe La Claque. Il travaille aussi bien au théâtre (De Ciseaux, Papier, Caillou à Plats du jour) que pour des courts métrages et des seul en scène.
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